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03/08/2010

Lignes de faille – Nancy Huston [2006]

Lignes de faille.gif2004, 1982, 1962, 1944.
Californie, Israël, Canada, Allemagne.
Sol, Randall, Sadie, Kristina.
Quatre époques, quatre lieux, quatre enfants, quatre destins pour un roman à rebours. Chaque enfant, en un monologue intérieur, se raconte l'année de ses 6 ans. Et du petit garçon à son arrière-grand-mère, chaque génération subit les séismes intimes de l'enfance, en partie déclenchés par la génération précédente, et mêlés à ceux de l'Histoire.

La grande réussite de ce roman est d'avoir su donner à chaque enfant une voix et une personnalité propre et crédible, et en partie façonné par la génération précédente. De ces quatre portraits, deux se détachent plus particulièrement : Découvrir la suite...

28/07/2010

La Chambre aux échos – Richard Powers [2006]

La chambre aux échos.gifSuite à un grave accident de la route, Mark Schluter, 27 ans, tombe dans le coma. Quand il se réveille, il se trouve dans un étrange état : s'il retrouve peu à peu la mémoire et l'usage de la parole, pour lui désormais ses proches, et sa sœur Karin en particulier, pourtant accouru à son chevet pour prendre soin de lui, ne sont que des imposteurs. Il pense qu'il s'agit d'une étrangère voulant se faire passer pour sa sœur et l'accuse dans les détours de son cerveau abimé de n'être qu'une "copie carbone" de la vraie Karin. Il est d'accord pour admettre qu'elle lui ressemble, constate avec perplexité qu'elle sait sur lui des choses que seule une sœur peut savoir, mais ne veut pas démordre de l'idée qu'elle est un sosie, l'actrice d'une machination dont les objectifs lui échappent. « Mon frère sait qu'il a une sœur, explique-t-elle. Il dit que je lui ressemble. Mais il affirme que ce n'est pas moi. »

Déroutée, Karin continue pourtant de tenir son rôle de grande sœur responsable : elle prend soin de son frère qui la rejette et fait appel au plus célèbre neurologue de New York, Gerald Weber, auteur de best-sellers de vulgarisation où il évoque sous une forme romancée les étranges cas cliniques qu'il a traités dans sa carrière.

Et c'est avec l'entrée en scène du neurologue que le texte prend toute son ampleur : on suit alors avec délectation ses passionnantes investigations médicales pour découvrir la pathologie dont souffre Mark et s'il est possible de le soigner ; l'expertise de Weber sur le cas de Mark débouchant sur des réflexions presque métaphysiques (En quoi le "moi" consiste-t-il ? Existe-t-il un libre-arbitre ?). Mais La Chambre aux échos va bien au-delà du « roman scientifique » : Powers y distille aussi, petit à petit, les éléments d'une intrigue policière (comment Mark a-t-il quitté la route, qui est l'auteur du billet anonyme qu'il a trouvé auprès de lui à sa sortie du coma ?), des préoccupations écologiques, ou encore des questionnements individuels quand la quête thérapeutique de Weber se transforme en crise introspective et en critique de l'activité scientifique.

Si la densité de ce roman, son sérieux, sa rigueur, son application, peuvent intimider certains lecteurs, de même que la lenteur du récit, qui prend son temps, c'est aussi ce qui fait la qualité de ce livre, à la fois roman intimiste, précis écologique, polar, thriller psychologique et petit traité de vulgarisation des sciences cognitives. La puissance de ce roman réside en grande part dans cette maîtrise dont Richard Powers fait usage pour nous parler à la fois du vol des grues, d'assemblage neuronal et d'amour (filial, marital ou fraternel). A tout cela, il faut encore ajouter l'humour de Powers, son regard à la fois tendre et piquant sur ses personnages, son art du dialogue et du rythme, et son écriture tantôt rigoureuse, tantôt poétique... Sans oublier, à la toute fin de ce livre magistral, la résolution de l'énigme, qui a à voir avec le libre-arbitre et la (mauvaise) conscience.

Dans La Chambre aux échos, Richard Powers explore donc ce qui est peut-être l'une des dernières grandes inconnues scientifiques aujourd'hui : le cerveau humain. Et il le fait dans un roman virtuose qui mêle avec habileté érudition scientifique et destins individuels et qui, en dépit de sa complexité, tient le lecteur en haleine d'un bout à l'autre !

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e%2040.gifRichard Powers, La chambre aux échos (The Echo Maker), traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Jean-Yves Pellegrin, éd. Le Cherche Midi, coll. Lot 49, 2008 (2006), 470 pages, 23 €.

25/06/2010

Crépuscule irlandais – Edna O'Brien [2006]

Crépuscule irlandais.gifDans ce roman l'auteur explore les sentiments des femmes ; elle s'intéresse en particulier à l'amour maternel en disséquant les rapports tumultueux entre Eleanora et sa mère Dilly, entre amour incommensurable et déchirures multiples. « […] souviens-toi, l'amour c'est que des sornettes, le seul amour véritable c'est entre mère et enfant. » Ces mots, ce sont ceux de Dilly, ceux qu'elle a écrits à sa fille chérie, devenue petit à petit si distante, presque inaccessible.

A l'ouverture du roman, Dilly est à l'hôpital : âgée et malade, elle est en attente d'un diagnostic et d'une ultime visite de sa fille adorée qui tarde à venir à son chevet. Mais si le roman débute ainsi sur la fin de vie de Dilly, bien vite il nous entraîne dans ses souvenirs et nous narre sa vie, et celle de sa fille. Découvrir la suite...

11/06/2010

Pourfendeur de nuages – Russell Banks [1998]

Pourfendeur de nuages.gifOwen Brown est maintenant un vieil homme... Au fil de ses souvenirs, parfois sereins mais bien souvent tumultueux et violents, il retrace peu à peu, sous la forme d'une monumentale lettre entre confession et témoignage, ce que furent la vie, le caractère et l'engagement de son père, John Brown, figure emblématique du mouvement abolitionniste américain. Loin de la vision purement historique et héroïque de l'homme célèbre et engagé, le récit filial livre, petit à petit, une autre vérité et dépeint un autre John Brown : un père de famille nombreuse à la personnalité écrasante, autoritaire, ambitieux, puritain confit en religion ; un idéaliste qui dérive vers le fanatisme, vers l'action armée et le terrorisme pour devenir le capitaine d'une sanglante guérilla dans laquelle il enrôle ses fils et ses proches, et dont il devient le martyr quand il est exécuté en 1859 après une longue croisade contre l'esclavage. Découvrir la suite...

08/06/2010

Désert américain – Percival Everett [2004]

Désert américain.gifThéodore Larue, héros de ce roman farfelu, professeur d'université dépressif, s'en va se suicider. En chemin, il est interrompu par un camion qui percute sa voiture : il valdingue alors à travers le pare-brise et est décapité net ! Les services funéraires recousent la tête au corps vite fait, mal fait, et dans l'église, tandis que femme et enfants pleurent et que les collègues universitaires s'embourbent dans des éloges hypocrites, voilà que Ted se redresse et s'assied dans son cercueil ! Résurrection ! Et panique dans le public... Découvrir la suite...