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14/09/2012

Le cahier noir – Michel Tremblay [2003]

littérature québécoise,nanisme,années 1960,montréal,serveuse,théâtre« La honte est une bête qui possède plusieurs têtes, je le sais depuis mon enfance, par la force des choses, à cause de ce que je suis. »

En 1966, au cœur du quartier latin de Montréal, Céline Poulin sert de nuit des hamburger platters à la faune exotique (étudiants paumés, travestis, guidounes et folles) de la Main, boulevard mal famé. De jour, elle gère sa calamiteuse famille : une mère alcoolique, un père végétatif, et deux sœurs cadettes adolescentes. Lassée de cette vie morne, Céline rêve qu'il lui arrive enfin "quelque chose". Et en acceptent d'aider une étudiante à préparer son audition pour jouer dans Les Troyennes d'Euripide, elle met en marche une bombe à retardement qui va bouleverser sa vie...

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11/09/2012

Dernière nuit à Twisted River – John Irving [2009]

Dernière nuit à Twisted River, John Irving« Le jeune Canadien – quinze ans, tout au plus – avait eu un instant d’hésitation fatal. »

New Hampshire, 1954. Dominic, dit le Cuistot, cuisine pour les draveurs qui conduisent les trains de bois sur les rivières périlleuses et vit parmi eux avec son fils de douze ans, Dany, qu’il élève seul. Jusqu’au jour où, voyant son père allongé sous une forme énorme et velue, le fils le croit dévoré par un ours : il tue le monstre supposé à coups de poêle. Hélas, l’ours en question s’avère être Jane l’indienne, la maîtresse obèse du père. Suite à cette malencontreuse méprise, père et fils fuient la vengeance obstinée du Cow-Boy "l’officiel" de la dame, crétin aviné et violent qui est aussi shérif adjoint du comté. Ils changent d’identité et bourlinguent de villes en pays, protégés de loin par Ketchum, meilleur ami du père, homme des bois archétypal, bourru, ivrogne, querelleur, à l’épithète incisif et aux idées anarchistes, porté sur la bouteille, les femmes et les flingues. Par la suite, l’enfant deviendra un écrivain célèbre, auteur de romans semi-autobiographiques dans lesquels il insère les péripéties de sa vie de cavale…

John Irving est un formidable raconteur d'histoires et un inventeur de personnages hors pair ! Ainsi le cuisinier boiteux et son fils trop imaginatif vont croiser, durant leur cavale, une foultitude de personnages excentriques : Katie, qui fait des enfants pour éviter le Vietnam à ses amants ; Tombe-du-Ciel, ange à temps partiel et parachutiste-nudiste ; Pam Pack-de-six, hommasse forte en gueule…

John Irving est aussi un virtuose de la construction romanesque et il bâtit ici une intrigue réglée au millimètre, foisonnante et impossible à résumer. Et si, pendant les premières pages, on se demande où il veut en venir avec cette histoire de bûcherons rustres qui met du temps à démarrer, on se retrouve vite totalement ferré ! Car Irving s’amuse, il joue avec le lecteur pour mieux le surprendre. Il fait des clins d’œil à ses livres précédents, il enchevêtre le grave et le loufoque, il désamorce les scènes les plus tragiques par l’incongruité des situations et la gouaille des personnages, et il couvre trois générations de l'histoire des Etats-Unis, du Vietnam à Bush Jr…

On retrouve dans ce roman les thèmes récurrents chez Irving : l’absence d’un parent, la perte de l’être aimé, ou plutôt la crainte de la perte de l’être aimé, la sexualité (toujours très troublée chez John Irving), et la condition de l’écrivain. Car ce roman est aussi une superbe réflexion sur le métier de romancier et sur le rapport insaisissable entre fiction et réalité.

Dernière nuit à Twisted River est un roman bourré de tragédies, mais fondamentalement optimiste ; une œuvre loufoque qui à la fois permet de divertir et de donner matière à penser, sur le monde tel qu’il va, ou tel qu’il ne va pas.

Du grand Irving, comme je l’aime.

« J'écris des fictions de désastre et je le revendique. J'en ai assez que des gens conventionnels, sans problèmes, jugent mes romans "bizarres". Ces gens qui vivent des petites vies rangées, à l'abri du chaos du monde, ne peuvent imaginer que le chaos puisse troubler l'existence de gens moins favorisés. » John Irving

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e%2045.gif John Irving, Dernière nuit à Twisted River (Last Night In Twisted River), traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Josée Kamoun, éd. Seuil, 2011 (2009), 561 pages, 23.10 €.

Du même auteur : L'Epopée du buveur d'eau, Le monde selon Garp & Une veuve de papier.

04/09/2012

Le Musée des introuvables – Fabien Ménar [2005]

Pour bien débuter ce septembre québécois, voici mon commentaire sur "Le musée des introuvables" de Fabien Ménar. J'ai initialement publié ce billet en décembe 2010, mais ce livre m'a tellement plu que je ne pouvais pas ne pas profiter de l'occasion pour vous en parler !  ;-)

Le Musée des intouvables.gifEn cette rentrée littéraire, toutes les librairies de la ville reçoivent dix romans publiés chez dix éditeurs différents mais portant tous le même titre,  Notre pain Quotidien, et tous signés des seules initiales F. S.... Stupéfaction ! D'autant que les dix ouvrages s'avèrent tous très bons et semblent constituer les différentes parties d'une seule et même vaste œuvre ! Libraires, éditeurs, journalistes, universitaires, simples lecteurs, tout le monde se passionne alors pour "l'affaire F. S."... mais le mystère se corse encore quand deux des dix éditeurs sont victimes d'attentats explosifs !

Le lieutenant Lemaître est alors chargé de l'enquête. Irrésistible, ce flic-là ! Lettré, amateur de thé au jasmin et de subjonctifs plus-que-parfaits, il impose aux policiers de sa brigade des séances de lecture et des dissertations littéraires : « Si je puis tolérer qu'une enquête piétine, je ne juge point convenable que l'inculture nuise au travail de mes hommes. Ainsi je les soumets à un rude programme de lectures qui feraient l'envie de bien des facultés de lettres, veuillez me croire. Les grands livres aident à penser, aussi arment-ils pour les grandes enquêtes. Qu'ils les aident à mieux vivre, c'est là un vœu que je me réserve. Du reste, quel respect peuvent-ils espérer du citoyen si celui-ci trouve devant lui un agent incapable de discerner Corneille du volatile et qui confond Walter Scott avec une marque de révolver ? Quand notre monde jouira d'une police instruite et acquise aux belles-lettres, ne s'en portera-t-il pas mieux ? » (p. 197)

Et tous les protagonistes de l'intrigue sont à l'avenant ! Tous totalement excentriques, à commencer par les dix éditeurs (Danièla Fallaci la plantureuse, Alphonse Delon l'illuminé, Albert Toussaint le prosaïque, etc.). Au détour des pages, nous croisons aussi Clotilde, brillante étudiante en lettres au tempérament volcanique qui cherche à mettre un visage sur les énigmatiques initiales ; Cédidio, son amoureux transi ; l'inénarrable Flemmar Lheureux, pathétique professeur raté converti en libraire non moins minable qui fait étalage de son angoisse existentielle ; son employeur, Edouard Masson, mercantile et véreux propriétaire de la librairie du même nom... Des clochards célestes, un Saint-Toqué peintre ou gourou-guérisseur selon son degré d'alcoolémie, des bibliophiles prêts à tout pour assouvir leurs vices littéraires, une mamie comateuse, un gamin télékinésiste... Des personnages aussi divers que hauts en couleur qui entrecroisent de multiples points de vue sur une intrigue à rebondissements, endiablée et totalement déjantée !

Un polar donc, mais un polar réjouissant, porté par un style vif et maîtrisé, une écriture pétillante, et qui fait preuve d'une verve extraordinaire. C'est drôle, c'est inventif, c'est surprenant, c'est captivant... C'est un petit plaisir littéraire plein de finesse, piquant et inattendu !

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logo%20challenge%20Quebec.gife%2040.gifFabien Ménar, Le Musée des introuvables, éd. Québec Amérique, 2005, 426 pages, 24,95 $.

PS : un grand merci à YueYin pour cette jolie découverte !

01/09/2012

Septembre québécois !

Mon-Quebec-en-septembre.gif

Sur une idée de Karine :), je pars ce mois-ci à la découverte du Québec ! A bientôt donc pour des chroniques québécoises...

 

Le musée des introuvables - Fabien Ménar

Le cahier noir - Michel Tremblay