14/09/2012
Le cahier noir – Michel Tremblay [2003]
« La honte est une bête qui possède plusieurs têtes, je le sais depuis mon enfance, par la force des choses, à cause de ce que je suis. »
En 1966, au cœur du quartier latin de Montréal, Céline Poulin sert de nuit des hamburger platters à la faune exotique (étudiants paumés, travestis, guidounes et folles) de la Main, boulevard mal famé. De jour, elle gère sa calamiteuse famille : une mère alcoolique, un père végétatif, et deux sœurs cadettes adolescentes. Lassée de cette vie morne, Céline rêve qu'il lui arrive enfin "quelque chose". Et en acceptent d'aider une étudiante à préparer son audition pour jouer dans Les Troyennes d'Euripide, elle met en marche une bombe à retardement qui va bouleverser sa vie...
20:23 Publié dans => Challenge Mon Québec en septembre | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : michel tremblay, littérature québécoise, nanisme, années 1960, montréal, serveuse, théâtre
04/09/2012
Le Musée des introuvables – Fabien Ménar [2005]
Pour bien débuter ce septembre québécois, voici mon commentaire sur "Le musée des introuvables" de Fabien Ménar. J'ai initialement publié ce billet en décembe 2010, mais ce livre m'a tellement plu que je ne pouvais pas ne pas profiter de l'occasion pour vous en parler ! ;-)
En cette rentrée littéraire, toutes les librairies de la ville reçoivent dix romans publiés chez dix éditeurs différents mais portant tous le même titre, Notre pain Quotidien, et tous signés des seules initiales F. S.... Stupéfaction ! D'autant que les dix ouvrages s'avèrent tous très bons et semblent constituer les différentes parties d'une seule et même vaste œuvre ! Libraires, éditeurs, journalistes, universitaires, simples lecteurs, tout le monde se passionne alors pour "l'affaire F. S."... mais le mystère se corse encore quand deux des dix éditeurs sont victimes d'attentats explosifs !
Le lieutenant Lemaître est alors chargé de l'enquête. Irrésistible, ce flic-là ! Lettré, amateur de thé au jasmin et de subjonctifs plus-que-parfaits, il impose aux policiers de sa brigade des séances de lecture et des dissertations littéraires : « Si je puis tolérer qu'une enquête piétine, je ne juge point convenable que l'inculture nuise au travail de mes hommes. Ainsi je les soumets à un rude programme de lectures qui feraient l'envie de bien des facultés de lettres, veuillez me croire. Les grands livres aident à penser, aussi arment-ils pour les grandes enquêtes. Qu'ils les aident à mieux vivre, c'est là un vœu que je me réserve. Du reste, quel respect peuvent-ils espérer du citoyen si celui-ci trouve devant lui un agent incapable de discerner Corneille du volatile et qui confond Walter Scott avec une marque de révolver ? Quand notre monde jouira d'une police instruite et acquise aux belles-lettres, ne s'en portera-t-il pas mieux ? » (p. 197)
Et tous les protagonistes de l'intrigue sont à l'avenant ! Tous totalement excentriques, à commencer par les dix éditeurs (Danièla Fallaci la plantureuse, Alphonse Delon l'illuminé, Albert Toussaint le prosaïque, etc.). Au détour des pages, nous croisons aussi Clotilde, brillante étudiante en lettres au tempérament volcanique qui cherche à mettre un visage sur les énigmatiques initiales ; Cédidio, son amoureux transi ; l'inénarrable Flemmar Lheureux, pathétique professeur raté converti en libraire non moins minable qui fait étalage de son angoisse existentielle ; son employeur, Edouard Masson, mercantile et véreux propriétaire de la librairie du même nom... Des clochards célestes, un Saint-Toqué peintre ou gourou-guérisseur selon son degré d'alcoolémie, des bibliophiles prêts à tout pour assouvir leurs vices littéraires, une mamie comateuse, un gamin télékinésiste... Des personnages aussi divers que hauts en couleur qui entrecroisent de multiples points de vue sur une intrigue à rebondissements, endiablée et totalement déjantée !
Un polar donc, mais un polar réjouissant, porté par un style vif et maîtrisé, une écriture pétillante, et qui fait preuve d'une verve extraordinaire. C'est drôle, c'est inventif, c'est surprenant, c'est captivant... C'est un petit plaisir littéraire plein de finesse, piquant et inattendu !
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Fabien Ménar, Le Musée des introuvables, éd. Québec Amérique, 2005, 426 pages, 24,95 $.
PS : un grand merci à YueYin pour cette jolie découverte !
14:14 Publié dans => Challenge Mon Québec en septembre | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : fabien ménar, littérature québécoise, montréal, livres, librairie, enquête, meurtre, manuscrits