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07/10/2012

Monde perdu – Patrícia Melo [2006]

Monde perdu, Patrícia Melo« Je suis en cavale. »

Máiquel, tueur à gages rageur, est donc en cavale, depuis dix ans. Quant il revient à São Paulo, c'est pour enterrer sa vieille tante, sa seule famille. Ou presque. Il réalise alors qu'il lui reste sa fille, Samantha, que son ex a emmenée vivre chez les évangélistes et qu'il n'a pas vu grandir. Grâce au pécule hérité de tante Rosa, il engage un privé pour la retrouver. Commence alors une road story à travers un  Brésil à la dérive, famélique, et gangrené par les trafics et les sectes. En chemin, Máiquel multiplie les rencontres, les amours sans lendemain, et les cadavres, froidement, se réfugiant derrière l'adage qu'il a tatoué sur son bras : "Rien à foutre". Découvrir la suite...

07/12/2010

La Tournée d'automne – Jacques Poulin [1993]

La Tournée d'automne.gifIl est « le Chauffeur », dont on ne connaîtra jamais le nom. Il est un conducteur de bibliobus qui se prépare pour sa tournée d'été à travers le Québec. Elle, s'appelle Marie, est française, et accompagne une troupe de saltimbanques à travers la « Belle Province ». Lors d'un de leur spectacle, à Québec, le Chauffeur remarque cette femme aux cheveux gris, à la voix un peu cassée, et au beau visage osseux, comme celui de Katherine Hepburn. Ils échangent quelques mots. Après plusieurs rencontres fortuites, la troupe de Marie décide de suivre, dans un vieux bus scolaire aménagé, le bibliobus du Chauffeur dans sa tournée afin de visiter la Côte-Nord de la Province.

On suit donc le Chauffeur dans sa tournée, de villages en villages. On partage son plaisir de la lecture, sa joie de faire découvrir les œuvres qu'il transporte, son bonheur aussi de retrouver ses réseaux de lecteurs, des hommes et femmes qui sont presque devenus pour lui des amis : Madeleine, l'ancienne bibliothécaire chef de réseau de Sainte-Irénée, le garde forestier de Baie-Trinité, ou encore le pilote d'hydravion de Havre-Saint-Pierre...

On comprend aussi que le Chauffeur est un peu las, et inquiet à l'idée de vieillir. Il ne veut pas avoir à supporter la déchéance physique inhérente au vieillissement. Il a donc décidé que cette tournée serait la dernière. « A mon âge, je n'ai rien appris de ce qui est essentiel : le sens de la vie, le bien et le mal... On dirait que mon expérience se ramène à zéro. J'exagère mais à peine, je le jure. Pire encore, j'éprouve toujours les mêmes craintes, les mêmes désirs, les mêmes besoins que lorsque j'étais petit. Quand les déficiences physiques viendront s'ajouter à tout cela – et elles sont inévitables –, ce sera le désastre, la déchéance. C'est ça que je ne veux pas vivre. » (p.178)

Ce roman est donc, en premier lieu, un récit sur les livres, l'amour des livres, et le plaisir de la lecture. Mais c'est aussi un questionnement sur le rôle des livres et leur efficacité : peuvent-ils rendre la vie plus légère, plus supportable, quand elle va mal ? La littérature est-elle nécessaire au bonheur humain ? Permet-elle la connaissance du monde ? Peut-elle apporter réponses et réconfort ? « – C'est vrai que les livres nous protègent, dit-il, mais leur protection ne dure pas éternellement. C'est un peu comme les rêves. Un jour ou l'autre, la vie nous rattrape. » (p. 142)

La Tournée d'automne est aussi un roman sur la nature et les relations de l'homme avec elle. En quelques phrases évocatrices, quelques mots justes et précis, l'auteur nous emmène sur les rives du Saint-Laurent, à la découverte de la Côte-Nord du Québec et des beautés d'un paysage que l'homme a laissé quasiment intact, ou du moins, qu'il occupe sans destruction. Le rapport à la nature est donc un rapport d'authenticité : l'environnement, dans sa beauté brute et simple, s'impose en douceur aux personnages (et au lecteur), les empreigne, et a sur tous un effet apaisant.

Enfin, ce roman est l'histoire d'une rencontre amoureuse. Une rencontre qui tient de l'évidence entre deux êtres qui semble se reconnaître l'un l'autre et s'avèrent en accord parfait. Leur relation est toute en pudeur et retenue, pleine de douceur et de tendresse, de compréhension mutuelle faite aussi de silences. Pourtant, quelque chose semble retenir les deux personnages, et cette tension parcourt l'ensemble du roman. Ce conflit qui anime les deux personnages principaux constitue le double thème principal de l'œuvre : la vieillesse et la mort / l'amour et la vie...

Il se dégage de ce récit, qui aborde à la fois des sujets graves (le vieillissement, le suicide) et plus légers (le plaisir de la lecture, l'évidente beauté de la nature, le bonheur de la rencontre), une immense clarté et une grande sérénité. Porté par un style simple et limpide, très fluide, minimaliste mais d'une grande précision, c'est un très beau roman, intimiste, subtil, poétique et chaleureux, un peu mélancolique, mais aussi plein de tendresse et de délicatesse. On se sent bien dans ce roman, comme chez soi, entouré de livres, bercé par le ronronnement des chats, en contemplation devant les paysages québécois...

Un vrai, beau, livre-doudou, lumineux et réconfortant.

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e%2040.gif Jacques Poulin, La Tournée d'automne, éd. Actes Sud, coll. Babel, 1997 (1993), 208 pages, 6,50 €.

Du même auteur : Chat sauvage

Thème : un auteur québécois
Chez les copines : Anjelica a lu Quelques adieux de Marie Laberge, **Fleur** (notre nouvelle recrue !) a lu Il faut prendre le taureau par les contes de Fred Pellerin et La Tournée d'automne de Jacques Poulin, et YueYin a lu Le Musée des introuvables de Fabien Ménar.

26/09/2009

A l'Ouest rien de nouveau – Erich Maria Remarque (1929)

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A l'Ouest rien de nouveau.gifA travers le témoignage d'un soldat allemand de la Première Guerre mondiale, A l'Ouest rien de nouveau constitue un magnifique, poignant et tragique manifeste pacifiste.

Ecrit à la première personne, au présent, on y suit un simple soldat, presque un enfant, qui s'est engagé volontaire à 17 ans en même temps que toute sa classe, sous les exhortations de son professeur. Il ne raconte pas de vastes mouvements de troupes ou des offensives et contre-offensives ; on ne sait trop ce qui se passe sur l'ensemble du front, encore moins ce que décident les états-majors. Simplement, avec une sobriété qui en souligne l'horreur, il raconte la vie quotidienne au front et dans les tranchées : la pluie, la boue, la vermine, les bombardements, les gaz, les veilles, les attaques au petit jour, les nuits en flammes... Avec, parfois, de minuscules plaisirs qu'il faut savoir saisir pour ne pas sombrer dans le désespoir ou la folie, et parce qu'on n'est pas sûr de voir le lendemain ni l'heure qui vient.

Et partout, toujours, à chaque instant, l'omniprésence de la mort. La même bien sûr de chaque côté des lignes.

À l'ouest rien de nouveau est un roman réaliste et bouleversant, une sobre dénonciation du non-sens de la guerre par un récit qui restitue avec intensité l'atroce brutalité de la Grande Guerre.

« Le silence se prolonge. Je parle, il faut que je parle. C'est pourquoi je m'adresse à lui, en lui disant : "Camarade, je ne voulais pas te tuer. Si, encore une fois, tu sautais dans ce trou, je ne le ferais plus, à condition que toi aussi tu sois raisonnable. Mais d'abord tu n'as été pour moi qu'une idée, une combinaison née dans mon cerveau et qui a suscité une résolution ; c'est cette combinaison que j'ai poignardée. A présent je m'aperçois pour la première fois que tu es un homme comme moi. J'ai pensé à tes grenades, à ta baïonnette et à tes armes ; maintenant c'est ta femme que je vois, ainsi que ton visage et ce qu'il y a en nous de commun. Pardonne-moi, camarade. Nous voyons les choses toujours trop tard. Pourquoi ne nous dit-on pas sans cesse que vous êtes, vous aussi, de pauvres chiens comme nous, que vos mères se tourmentent comme les nôtres et que nous avons tous la même peur de la mort, la même façon de mourir et les mêmes souffrances ? Pardonne-moi, camarade ; comment as-tu pu être mon ennemi ? Si nous jetions ces armes et cet uniforme tu pourrais être mon frère, tout comme Kat et Albert. Prends vingt ans de ma vie, camarade, et lève-toi... Prends-en davantage, car je ne sais pas ce que, désormais, j'en ferai encore." »

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Erich Maria Remarque, A l'Ouest rien de nouveau (Im Westen nichts Neues), traduit de l'allemand par Alzir Hella et Olivier Bournac, éd. Le livre de poche, 1973 (1929), 219 pages, 5 €.

Thème : un classique
Chez les copines : ALaure, Anjelica, Ankya, Choupynette , Erzébeth, Etoiledesneiges, Ofélia, YueYin.

27/04/2009

Les croissants du dimanche – Annie Saumont (2008)

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Les croissants du dimanche.gifCes "croissants du dimanche" sont 19 (parfois très) brefs récits où les savoureuses viennoiseries, malgré le titre du recueil, n'ont aucune place. Ces récits traitent tous d'infimes moments d'une vie, de petits riens du tout, par lesquels on devine, entre les lignes, des fêlures : cœurs solitaires, enfants battus, assassins... aucun d'eux ne se présente à visage découvert, et on découvre leur vraie nature entre les lignes, dans ce qui est tu.

Les nouvelles d'Annie Saumont parlent de misère, de désillusion et d'ennui... et nous ennuient. Car trois pages ne suffisent pas toujours à raconter une histoire, mais suffisent parfois à installer l'ennui. Le style saccadé, la narration éclatée, la syntaxe malmenée et les personnages sans relief provoquent l'agacement et le bâillement.

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Annie Saumont, Les croissants du dimanche, éd. Julliard, 2008, 184 pages, 16 €.

Thématique : gourmandises
Chez les copines : Anjelica essaie d'amadouer La maîtresse des épices, Choupynette aime Les prunes et savoure Le dîner de Babette, Erzébeth se vautre gaiement dans le chocolat et YueYin affronte La colère des aubergines.

02/02/2009

Eloge de la caresse – François Solesmes (1989)

 

Eloge de la caresse.gifCe petit livre se présente comme étant un traité sur l'art de la caresse, un hymne au désir et au plaisir révélés par la main de l'homme explorant le corps féminin... Mmm, prometteur pour notre rendez-vous du club Lire & Délires ayant pour thématique "galipettes, muscles utiles et autres turpitudes". Hélas ! Un récit décousu, une écriture ampoulée, empesée et alambiquée, un style bouffi d'envolées pseudo-poético-lyriques rendent la chose illisible et même risible. Démonstration par l'exemple (spéciale dédicace à YueYin, qui adore cet extrait): « En présence de cette main d'homme, une peau - de femme, le plus souvent. Laquelle, bien plus que nous, exerce son sens du toucher. Que ce soit par nécessité ou par goût, elle sait d'expérience la mansuétude de la farine, le fourmillement de la semoule, la rugosité tempérée de l'avocat que l'on prend, puis, fendu, son onctuosité figée. » Haaa ! La mansuétude de la farine !!!

Le tout m'a laissé totalement froide et indifférente : le comble pour un récit érotique !

Conclusion : le poético-lyrique tue l'érotisme mais accentue le comique...

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François Solesmes, Eloge de la caresse, éd. Phébus, coll. libretto, 2006 (1989), 114 pages, 6,90 €.

Thématique : galipettes, muscles utiles et autres turpitudes
Chez les copines : ALaure, Anjelica, Choupynette, EtoileDesNeiges, Erzébeth et YueYin.