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25/06/2010

Crépuscule irlandais – Edna O'Brien [2006]

Crépuscule irlandais.gifDans ce roman l'auteur explore les sentiments des femmes ; elle s'intéresse en particulier à l'amour maternel en disséquant les rapports tumultueux entre Eleanora et sa mère Dilly, entre amour incommensurable et déchirures multiples. « […] souviens-toi, l'amour c'est que des sornettes, le seul amour véritable c'est entre mère et enfant. » Ces mots, ce sont ceux de Dilly, ceux qu'elle a écrits à sa fille chérie, devenue petit à petit si distante, presque inaccessible.

A l'ouverture du roman, Dilly est à l'hôpital : âgée et malade, elle est en attente d'un diagnostic et d'une ultime visite de sa fille adorée qui tarde à venir à son chevet. Mais si le roman débute ainsi sur la fin de vie de Dilly, bien vite il nous entraîne dans ses souvenirs et nous narre sa vie, et celle de sa fille. Découvrir la suite...

22/04/2010

Gatsby le Magnifique – Francis Scott Fitzgerald [1925]

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Gatsby le Magnifique.gifDans les années 1920 Nick Carraway, jeune trentenaire courtier en bourse à Manhattan, s'installe à Long Island, seul habitant d'origine modeste dans un quartier de nouveaux riches. Il y retrouve sa cousine Daisy et son mari Tom Buchaman. Il y rencontre aussi son énigmatique voisin, Gatsby, un excentrique, un homme fabuleusement riche qui possède une somptueuse propriété où il organise les fêtes les plus extravagantes où cocktails et jazz enivrent une troupe d'invités iconoclastes. Mais si Gatsby le Magnifique joue ainsi l'éblouissement par de folles dépenses, c'est pour ramener à lui Daisy, mariée à un millionnaire qui, à la différence de Gatsby, n'a pas gagné sa fortune, mais en a hérité.

« A mesure que la Terre se détache à regret du Soleil, l'éclat des lumières s'amplifie. L'orchestre joue des arrangements de légère musique jaune cocktail et le concert des voix monte vers l'aigu. Les rires se font plus francs de minute en minute, jaillissent au moindre jeu de mot avec plus d'abandon. Les groupes changent plus vite, se gonflent au passage de nouveaux arrivants, se désagrègent et se reforment, en une même respiration - et déjà se détachent les téméraires, les femmes sûres d'elles-mêmes, qui louvoient çà et là, entre les îlots les plus stables et les mieux ancrés, y deviennent pour un temps très bref le centre d'une excitation joyeuse, puis, fières de leur triomphe, reprennent leur errance, portées par le courant des voix, des couleurs, des visages, dans une lumière qui change sans cesse. » (p. 60)

« Trente ans - promesse de dix années de solitude, d'une liste d'amis célibataires qui n'ira qu'en s'amincissant, d'une réserve d'énergie qui n'ira qu'en s'appauvrissant, de cheveux qui n'iront qu'en s'éclaircissant. Mais Jordan était à côté de moi. Contrairement à Daisy, elle était assez sage pour ne pas s'encombrer, d'âge en âge, de rêves oubliés. Quand la voiture s'est engagée sur le pont, son visage s'est posé contre mon épaule avec lassitude, et le contrecoup des trente ans s'est apaisé sous la calme pression de sa main. » (p. 167)

Gatsby est un mélo rocambolesque doté d'une intrigue quelque peu artificielle qui pourrait être un mauvais scénario sans l'élégance de la prose de Fitzgerald et l'acuité de sa plume, les multiples significations contenues dans une seule de ses phrases, la dimension et l'intensité des impressions qui se dégagent d'un seul de ses paragraphes, sa faculté à capter et retranscrire en quelques mots la saveur d'une époque, l'atmosphère d'une soirée, le parfum d'une femme, la vacuité d'un sentiment...

Gatsby est aussi un roman d'amour, mais un roman d'amour où l'on ne ressent jamais l'amour, seulement l'argent qui le permet ou qui l'empêche, l'amour de l'argent. Il démontre le pouvoir destructeur de l'argent et le caractère superficiel de ceux qui le possèdent. Car dans ce roman l'argent aveugle le jugement des personnages, les mène à des actes effroyables, les rendant froids, hautains et surtout indifférents aux conséquences de leurs actes.

Gastby est ainsi une satire mordante, une fable amère sur l'opulence et la superficialité de la jeunesse nantie des années 1920, une jeunesse dorée qui vie dans un univers futile et factice, qui cherche à noyer son désespoir né de la Grande Guerre dans le jazz et l'alcool de contrebande, le luxe et les excès, l'illusion des apparences.

Gastby est parfois un livre snob, mais dont le snobisme ironique n'est qu'une échappatoire au désenchantement.

Gatsby est une chronique qui, dans une prose légère et brillante, hésite entre élégance et nonchalance...

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Francis Scott Fitzgerald, Gatsby le Magnifique (The Gret Gatsby), traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Jacques Tournier, éd. Grasset, coll. Les Cahiers Rouges, 2007 (1925), 218 pages, 9,20 €.

15/04/2010

Netherland – Joseph O'Neill [2008]

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Netherland.gif« Il y eut une autre silence. Je me sentais, avant tout, fatigué. La fatigue : s'il y avait un symptôme constant de la maladie qui avait touché nos vies à ce moment-là, c'était bien cet épuisement. Au travail, nous étions infatigables ; à la maison, la plus petite manifestation de vie était au-dessus de nos forces. Le matin, nous nous réveillions pour pénétrer une lassitude maligne qui semblait simplement s'être ravivée pendant la nuit. Le soir, une fois Jake mis au lit, nous mangions en silence du cresson et des nouilles transparentes que ni l'un ni l'autre n'avions la force de sortir des emballages carton ; nous allions somnoler chacun notre tour dans la baignoire ; et nous ne parvenions pas à rester éveillés le temps d'une émission de télévision. Rachel était fatiguée et j'étais fatigué. Une situation banale, certes – mais nos problèmes étaient banals, c'étaient les problèmes dont on parle dans les magazines féminins. Toutes les vies, je me souviens avoir pensé, finissent par se retrouver dans la rubrique « Conseils » des magazines féminins. »

Hans, le narrateur, est un analyste financier d'une trentaine d'années. Il est né et a grandi aux Pays-Bas, puis est parti travailler à Londres, s'y est marié avec Rachel, avant de s'installer en famille à New York. C'est au cours des mois qui suivent les attentats du 11 septembre 2001 que se déroule l'essentiel de l'action du roman : Hans vit désormais en solitaire dans la métropole traumatisée, sa femme étant retournée en Angleterre en emmenant leur petit garçon.

Désœuvré, paumé, Hans occupe son temps libre en jouant au cricket, et fait la connaissance de Chuck, un énigmatique "homme d’affaires", son double inversé. Hans est un émigré blanc originaire de la vieille Europe, Chuck est un émigré noir originaire de Trinidad. Hans est en retrait, hésitant et se laisse porter par les événements, Chuk est hâbleur et flambeur et crée l'événement. C'est sur leur passion commune du cricket que se fonde leur coup de foudre amical, qui durera quelques saisons, le temps pour Hans de reprendre le cours de sa vie, le temps pour Chuck de disparaître de façon mystérieuse...

Netherland est un roman ambitieux qui cherche à parler du monde d'aujourd'hui à travers le prisme d'une vie ordinaire saisie dans un moment de chaos. Il met ainsi en parallèle l'intime et l'époque : la crise existentielle que connaît Hans au désarroi new-yorkais post-11 septembre. Et si les déboires conjugaux d'Hans paraissent assez dérisoires rapportée à l'échelle de la secousse planétaire que furent les attentats du 11 septembre 2001, elle y est pourtant intrinsèquement liée. A travers le parcours et les pensées de Hans, spectateur dépassé d'un monde bouleversé et de sa propre vie, et à travers son émouvant tableau de New York, Joseph O'Neill sonde l'Amérique post-11 septembre, sur un constat désenchanté de désarroi et d'incompréhension du monde.

Mais si la mélancolie latente à ce roman n'est pas désagréable, on ressent aussi et surtout à cette lecture un profond ennui. Rien de franchement raté pourtant : c'est bien écrit (une écriture spontanée, des phrases longues et élégantes), bien pensé, bien construit (dans un flot de souvenirs savamment désordonnés), mais... Ça ne marche pas... Pas pour moi en tous cas.

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Joseph O'Neill, Netherland, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Anne Wicke, Ed. de l'Olivier, 2009 (2008), 296 pages, 22 €.

05/06/2009

L'amour est à la lettre A – Paola Calvetti (2009)

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L'amour est à la lettre A.gifEmma, cinquantenaire divorcée et milanaise romantique, fatiguée de sa vie trépidante d'interprète, hérite d'une papeterie de quartier qu'elle transforme en une librairie exclusivement dédiée aux romans d'amour. Un jour, un billet glissé dans un volume, un numéro de téléphone et un prénom : Federico. Federico, son amour de jeunesse... Elle l'appelle, il répond, ils se voient, et malgré les trente ans de séparation, tout paraît simple entre eux. Évident. Si ce n'est que Federico vit à présent à New York, où il est architecte, marié et père d'une adolescente. S'ensuit une relation épistolaire d'un côté à l'autre de l'Atlantique... Et nous voici embarqués dans un roman... d'amoûûûr !

Hélas ! Cette relation à distance par lettres interposées sonne indubitablement faux. En effet certaines lettres de Federico s'apparentent plus à des cours magistraux d'architecture qu'à des missives d'amoureux. Et dans celles d'Emma, le recours systématique aux références littéraires est parfois bien maladroit. De plus, après leur première escapade à Belle-Ile-en-Mer, les lettres deviennent répétitives, l'histoire stagne, s'essouffle, jusqu'au revirement final, tout de même attendrissant.

Toutefois, entre les missives échangées, se glissent des parties narratives : les monologues intérieurs d'Emma qui raconte son métier, ses amis, son fils et surtout, sa librairie ! Les scènes de vie dans la librairie (ses employés, ses fidèles lecteurs, ses voisins, et tous les micro-événements qui occupent une journée) sont sans contexte le sujet le plus attachant de ce roman. Car la librairie d'Emma n'est pas une librairie comme les autres, sa librairie, c'est bien plus qu'une librairie ! C'est un cocon, un lieu intimiste, chaleureux, douillet, où on peut prendre son temps sans être harcelé par un vendeur car la personne qui entre n'est pas considérée comme un "client" mais comme un "lecteur". Un lieu privilégié où l'on peut se pelotonner dans un vieux fauteuil pour déguster quelques pages et un thé... Et puis, quel bonheur de fureter dans ses rayons aux noms évocateurs : « Brèves amours » pour le rayon consacré aux nouvelles, « Così fan tutti » pour les livres érotiques, « Amours du jour » pour les nouveautés, ou encore « Maintenant et pour l'éternité », « Cœurs brisés », « Missions impossibles »... Oui, une belle invention que cette libraire-là ! On souhaiterait qu'elle existe vraiment !

Re-hélas ! Alors qu'Emma dit mépriser la course au profit et fustige le marketing et ses dérives, elle transforme petit à petit son lieu de paix en vulgaire "concept store" où elle vend des DVD et des magnets, des fleurs et des parfums... Elle cède ainsi bien facilement aux sirènes du "merchandising" qu'elle décrie pourtant avec verve dans tout le roman ! Et puis, la "succes story" conte de fée de sa librairie-auberge-hôtel, franchement, on peine à y croire, c'est "too much" !

Enfin, pour finir sur une petite touche plus positive, il est agréable de se balader entre ces pages de Milan à New York en passant par Belle-Ile-en-Mer...

Un roman inégal donc, mais sympathique.

PS : il me FAUT, il me faut ABSOLUMENT une tasse «Chuuut... Je lis» !

PS 2 : j'ai ouvert se livre en me disant : chouette, un roman épistolaire ! J'aime bien ça moi, les romans épistolaires ! Mais en y réfléchissant bien, en guise de roman épistolaire, je crois n'avoir jamais lu que Les liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos... Et j'ai beau creuser mes petits méninges, aucun autre titre ne me vient à l'esprit... Vous en connaissez d'autres, vous, de romans épistolaires ?

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Paola Calvetti, L'amour est à la lettre A (Noi due come un romanzo), traduit de l'italien par Françoise Brun, éd. Presses de la Cité, 2009, 379 pages, 20 €.

Les avis de Karine :), YueYin, Cuné et Pom'.

Merci à Chez les filles et aux éditions Presses de la Cité de m'avoir envoyé ce livre.