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15/04/2010

Netherland – Joseph O'Neill [2008]

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Netherland.gif« Il y eut une autre silence. Je me sentais, avant tout, fatigué. La fatigue : s'il y avait un symptôme constant de la maladie qui avait touché nos vies à ce moment-là, c'était bien cet épuisement. Au travail, nous étions infatigables ; à la maison, la plus petite manifestation de vie était au-dessus de nos forces. Le matin, nous nous réveillions pour pénétrer une lassitude maligne qui semblait simplement s'être ravivée pendant la nuit. Le soir, une fois Jake mis au lit, nous mangions en silence du cresson et des nouilles transparentes que ni l'un ni l'autre n'avions la force de sortir des emballages carton ; nous allions somnoler chacun notre tour dans la baignoire ; et nous ne parvenions pas à rester éveillés le temps d'une émission de télévision. Rachel était fatiguée et j'étais fatigué. Une situation banale, certes – mais nos problèmes étaient banals, c'étaient les problèmes dont on parle dans les magazines féminins. Toutes les vies, je me souviens avoir pensé, finissent par se retrouver dans la rubrique « Conseils » des magazines féminins. »

Hans, le narrateur, est un analyste financier d'une trentaine d'années. Il est né et a grandi aux Pays-Bas, puis est parti travailler à Londres, s'y est marié avec Rachel, avant de s'installer en famille à New York. C'est au cours des mois qui suivent les attentats du 11 septembre 2001 que se déroule l'essentiel de l'action du roman : Hans vit désormais en solitaire dans la métropole traumatisée, sa femme étant retournée en Angleterre en emmenant leur petit garçon.

Désœuvré, paumé, Hans occupe son temps libre en jouant au cricket, et fait la connaissance de Chuck, un énigmatique "homme d’affaires", son double inversé. Hans est un émigré blanc originaire de la vieille Europe, Chuck est un émigré noir originaire de Trinidad. Hans est en retrait, hésitant et se laisse porter par les événements, Chuk est hâbleur et flambeur et crée l'événement. C'est sur leur passion commune du cricket que se fonde leur coup de foudre amical, qui durera quelques saisons, le temps pour Hans de reprendre le cours de sa vie, le temps pour Chuck de disparaître de façon mystérieuse...

Netherland est un roman ambitieux qui cherche à parler du monde d'aujourd'hui à travers le prisme d'une vie ordinaire saisie dans un moment de chaos. Il met ainsi en parallèle l'intime et l'époque : la crise existentielle que connaît Hans au désarroi new-yorkais post-11 septembre. Et si les déboires conjugaux d'Hans paraissent assez dérisoires rapportée à l'échelle de la secousse planétaire que furent les attentats du 11 septembre 2001, elle y est pourtant intrinsèquement liée. A travers le parcours et les pensées de Hans, spectateur dépassé d'un monde bouleversé et de sa propre vie, et à travers son émouvant tableau de New York, Joseph O'Neill sonde l'Amérique post-11 septembre, sur un constat désenchanté de désarroi et d'incompréhension du monde.

Mais si la mélancolie latente à ce roman n'est pas désagréable, on ressent aussi et surtout à cette lecture un profond ennui. Rien de franchement raté pourtant : c'est bien écrit (une écriture spontanée, des phrases longues et élégantes), bien pensé, bien construit (dans un flot de souvenirs savamment désordonnés), mais... Ça ne marche pas... Pas pour moi en tous cas.

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Joseph O'Neill, Netherland, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Anne Wicke, Ed. de l'Olivier, 2009 (2008), 296 pages, 22 €.

Commentaires

C'est vrai qu'on ne l'a pas beaucoup vu sur lez blogs, celui là. Trop américain? Je l'ai lu sans déplaisir mais sans stress!

Écrit par : keisha | 15/04/2010

Pourtant, une lecture conseillée par Barack, ça pourrait le faire... mais bon, si c'est ennuyeux je préfère m'abstenir !

Écrit par : cocola | 15/04/2010

Je passe pour le livre mais je ne faisais la réflexion '11 septembre' ou pas, que c'est vraiment bizarre ces périodes de vie entre deux eaux, entre deux rives, au milieu de questionnements sans réponses immédiates...

Écrit par : anjelica | 15/04/2010

Ah... tu n'es pas la première à t'y être ennuyée. Ce ne fut pas mon cas et pourtant je m'ennuie facilement. Sans doute ce roman a-t-il trouvé en moi une résonnance que je ne cherche pas à m'expliquer mais je la constate.

Écrit par : Brize | 16/04/2010

@ keisha : oui, malgré son label "Obama" (chaque article presse que j'ai pu lire sur ce livre en parle ! Comme si c'était là la qualité première de ce roman ! Hallucinant !), il s'avère peu présent sur la blogosphère, a contrario de la presse littéraire qui en a très largement parlé !

@ cocola : bon, ce n'est que mon avis hein, mais je pense que tu peux t'abstenir sans scrupule !

@ anjelica : c'est justement cela qui m'avait plus dans le pitch de ce roman, voir comment l'auteur évoquait cette période trouble pour ses personnages, tant sur le plan personnel que sur un plan plus général... Mais au final, c'est sans grand intérêt...

@ Brize : il est parfois difficile de déterminer pourquoi un livre nous "parle"... ça n'a pas été le cas de celui-ci pour moi, mais je suis toutefois heureuse de constater qu'il a su toucher d'autres lecteurs...

Écrit par : BlueGrey | 20/04/2010

ah dommage, le thème me plaisait bien...

Écrit par : yueyin | 12/05/2010

@ yueyin : oui, dommage, il avait pourtant tout pour plaire ce roman, mais... non, ça ne fonctionne pas.

Écrit par : BlueGrey | 12/05/2010

Les commentaires sont fermés.