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23/08/2007

Eva Luna – Isabel Allende (1987)

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7b721f0dd4aff63b7a46084415ff1ec4.gifEntre comédie et tragédie, l'univers d'Eva Luna est un théâtre cocasse et cruel, peuplé de personnages inquiétants et loufoques : sa mère qui arrache son père de l'agonie en lui faisant l'amour, sa marraine qui engendre un monstre à deux têtes, l'une blanche et l'autre noire, grand-mère Elvira qui dort dans son cercueil, Huberto Naranjo, gosse des rues qui deviendra guérilleros, la Madame, puissante maquerelle de la capitale, Mimi, travesti promu star de la télévision nationale, Riad Halabi, commerçant moyen-oriental au coeur tendre et aux caresses savantes... Et Eva elle-même, née bonniche rebelle, rêveuse et émerveillée, dont le talent de raconteuse d'histoires lui permettra de sortir de la misère et de la servitude.

Dans ce roman pseudo-autobiographique très coloré et burlesque, on ne sait pas toujours si Eva raconte sa vie ou si elle l'invente, mais qu'importe ! Les histoires d'Eva s'avèrent plus puissantes que la réalité car plus drôles et plus belles. Elle réarrange la réalité dans un joyeux mélange de souvenirs, de mysticisme et d'imagination, navigant entre les faits et la fantaisie. Elle a le don d'inventer des histoires jubilatoires, rocambolesques, improbables, renversantes, pathétiques, drôles et dramatiques, comme la vie même. Des histoires qui parlent de liberté dans un contexte historique et politique difficile, celui de l'Amérique latine sous dictature. Car Eva apporte désinvolture et gaieté là où les autres plient et se lamentent, elle met sa fierté à se moquer de l'oppression.

Le récit est allègre et baroque (un peu décousu aussi), le rythme est infernal, le style est sensible et plein de charme, avec parfois une pointe d'ironie bienvenue et une touche de magie. Bref, un roman remarquable entrelaçant une cascade d'histoires vivantes, passionnées et terriblement humaines, un roman qui a la qualité des contes des Milles et Une Nuits.

  

BlueGrey

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Isabel Allende, Eva Luna, traduit de l’espagnol par Claude et Carmen Durand, éd. Fayard, coll. Le Livre de Poche, 1990 (1987), 415 pages, 6,50 €.

06/08/2007

La théorie des nuages – Stéphane Audeguy (2005)

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e242c656ab6c158b59147d8162444a97.gif«Il est question de nuages et Virginie Latour commence à comprendre. Elle comprend qu'au début du dix-neuvième siècle quelques hommes anonymes et muets, disséminés dans toute l'Europe, ont levé les yeux vers le ciel. Ils ont regardé les nuages avec attention, avec respect même ; et, avec une sorte de piété tranquille, ils les ont aimés.»

Découvrir la suite...

01/08/2007

Marche ou crève - Stephen King (1979)

4cffb119bb2846b80552657b9f16643d.gif"La Longue Marche" : cent concurrents au départ, un seul à l'arrivée. Pour les autres, qui abandonnent, qui ne peuvent tenir la cadence, un balle dans la tête : marche ou crève. Découvrir la suite...

23/07/2007

Un aller simple – Didier Van Cauwelaert (1994)

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d1c18b379df9e0b7612a0ce49ab39140.gifIl a commencé dans la vie comme enfant trouvé par erreur, volé avec une voiture. La voiture était une Ami 6 de race Citroën, alors on l'a appelé Ami 6, en souvenir. Avec le temps, pour aller plus vite, c'est devenu Aziz. Il a grandit dans une cité de Marseille, élevé par les tziganes qui l'ont volé avec la voiture. Depuis qu'il se débrouille avec les autoradios, et qu'il lui a fallu des faux papiers en cas d'arrestation, il a aussi un nom de famille : Kemal. Il se trouvait donc à Marseille en qualité de Marocain provisoire, avec permis de séjour payable à chaque renouvellement. Tant qu'à faire un faux, on aurait pu carrément lui donner la nationalité française, mais c'est vrai aussi qu'il n'avait pas voulu mettre le prix. A 19 ans, le jour de ses fiançailles avec Lila, il est embarqué lors d'une descente de police. Résultat, Jean-Pierre Schneider, un "attaché humanitaire", est chargé de le reconduire dans le pays d'où il ne vient pas, mais qui figure sur ces faux papiers : le Maroc. «Avant-hier matin, je prenais tranquillement l'apéritif de mes fiançailles, et aujourd'hui j'étais le clandestin-témoin, l'expulsé modèle qui volait vers le pays de ses faux papiers.»

L'attaché humanitaire est de bonne volonté, idéaliste et dépressif. Aziz va le trouver attachant, alors, pour ne pas le décevoir, il va enjoliver la réalité de sa vie en empruntant à une légende l'histoire de sa prétendue ville natale. Aziz raconte qu'il appartient à la tribu des hommes gris d'Irghiz, réfugiés depuis la préhistoire dans une cité interdite du Haut Atlas. Aziz et Jean-Pierre vont donc entreprendre un voyage dans le Haut Atlas, en compagnie d'une jeune guide bordelaise, à la recherche d'un paradis imaginaire.

Qu'il évoque les cités gitanes de Marseille-Nord ou les hauts-fourneaux lorrains, Didier Van Cauwelaert semble imprégné des milieux qu'il décrit. D'un problème d'actualité, il tire une fable rehaussée d'humour, une satire teintée d'émotion, une histoire humaine, l'histoire d'une amitié improbable entre un petit délinquant seul au monde et un jeune fonctionnaire idéaliste. Malgré tout, malgré les qualités que je lui reconnais, et je ne sais pas trop pourquoi, je n'ai pas accroché à ce récit, poutant couronné du prix Goncourt 1994. C'est ainsi parfois...

  

BlueGrey

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Didier Van Cauwelaert, Un aller simple, éd. Albin Michel, 1994, 194 pages, 13,60 €.

21/07/2007

Soie – Alessandro Baricco (1996)

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bb850bf6e6c10f0d6bdbe79dfd4cdeee.gif Soie, c'est un promesse de douceur et d'évanescence, un petit mot qui contient tout un univers... L'intégralité du roman ressemble à ce petit mot ténu et évanescent. Soie c'est, à première vue, une histoire de rien du tout, un tout petit roman, une centaine de pages, 65 courts chapitres. L'histoire ? Simple. Dans les années 1860, pour sauver les élevages de vers à soie de Lavilledieu (bourgade du sud de la France) contaminés par une épidémie, Hervé Joncour entreprend quatre expéditions au Japon pour acheter des œufs sains. La loi nippone en interdisant le commerce, il fait affaire avec le trafiquant Hara Kei et croise ainsi la mystérieuse et fascinante compagne du bandit.

Le récit des quatre voyages entrepris par Joncour est chaque fois identique. Une page pour l'aller, une pour le retour. Toujours les mêmes, à un mot près. Façon d'indiquer que l'essentiel n'est pas dans le voyage, long et monotone, mais dans ces quelques jours permettant à Joncour d'apercevoir la belle ensorceleuse. Jamais Joncour et sa belle n'échangeront une parole, juste quelques regards, d'infimes effleurements de doigts... Amour impossible qui se poursuit sans jamais avoir réellement commencé. A quatre reprises Joncour se rendra au Japon, à quatre reprises il reviendra vers son épouse, Hélène, et jusqu'au bout Joncour et Hélène recouvriront cette infidélité virtuelle, entêtante, d'un voile de silence. Et finalement, c'est Hélène qui lui offrira la plus belle preuve d'amour.

Ce qui fascine et séduit dans ce roman, ce n'est pas tant l'intrigue que l'aisance, la légèreté du style, aérien, qui tend à l'épure, plein de mystères, de non-dits, de silences et de retenu. Les personnages sont faits de désirs et de passions contenus, variation infiniment légère et subtile sur le thème de la trahison. Un très beau roman, tout en douceur et en évocations faites à mi-voix...

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Alessandro Baricco, Soie (Seta), traduit de l'italien par Françoise Brun, éd. Albin Michel, 1997 (1996), 120 pages, 12 €.

Du même auteur : Océan mer et Sans sang