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08/02/2011

Le Grand Livre du Futur – Emmanuel Vincenot & Emmanuel Prelle [2010]

Le Grand Livre du Futur, Emmanuel Vincenot, Emmanuel PrelleA quoi ressemblera l'avenir ? Pour le savoir, les auteurs de cet ouvrage ont tout simplement... voyagé dans le temps ! De leur périple (et outre quelques morsures de robots et la traditionnelle turista) ils ont ramenés de nombreuses images et de précieuses informations sur les us et coutumes de nos descendants (50 milliards de terriens, dont 30 milliards de robots) qu'ils ont rassemblé dans ce petit guide burlesque. On apprend donc ainsi, en plusieurs petits chapitres illustrés, à quoi pourra bien ressembler la société du futur...

Quelques extraits, pour l'instruction des masses :

« Philosophie antique (La) : Elle est bien trop compliqué. Les stoïciens sont épicuriens mais pas cyniques ; les cyniques sont stoïques mais pas épicuriens ; et les épicuriens ne sont ni cynique ni stoïques. Comment s'y retrouver ? » (p. 92)

« L'Islande
Devise nationale : "Thor a toujours raison." » (p. 101)

« La Nouvelle-Zélande
Animal national : Le kiwi
Sport national : Le cricket
Fruit national : Le kiwi
Fléau national : Le criquet » (p. 102)

« Entre 0 et 3 ans : Votre enfant n'aura aucun souvenir de cette période. Il est donc inutile de lui offrir des cadeaux » (p. 116)

Le Grand Livre du Futur est abondamment illustré : les photomontages et détournements d'images d'archives ou de films de science-fiction donnent une atmosphère incongrue à cet ouvrage au rétro-futurisme bizarroïde et cocasse.

Sur le même principe que leur précédent ouvrage (Anticyclopédie Universelle), les auteurs accumulent les définitions loufoques et portent un regard acéré sur notre société est ses travers. Mais les textes sont assez inégaux et, pour quelques pépites hilarantes, vacheries rigolotes et blagues potaches sympathiques, trop de facilités, de formules attendues, lourdaudes ou même limites misogynes et quelques clichés assez malheureux. Les chapitres "Un Pygmée à l'Elysée" et "L'Afrique dans l'espace" m'ont ainsi franchement fait tiquer. Dommage.

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e%2025.gif Emmanuel Vincenot & Emmanuel Prelle, Le Grand Livre du Futur, Ed. Mille et une nuits, 2010, 128 pages, 15 €.

Ce livre m'a été envoyé par ses auteurs, merci à eux.

Des mêmes auteurs : Anticyclopédie Universelle

05/12/2009

La route – Cormac McCarthy [2006]

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La route.gifCormac McCarthy revisite avec La route le roman d'anticipation post-apocalyptique. Il y propose une réflexion sur le devenir de l'homme, il y interroge aussi les thèmes de la filiation et de la transmission.

L'apocalypse a donc eu lieu. Le monde est dévasté, dépeuplé, couvert de cendres, et on ne sait rien des causes de ce cataclysme. Un père et son fils errent sur une route, marchent vers le Sud (sans doute les choses ne vont pas mieux là-bas, mais il y fait moins froid), inlassablement, en poussant devant eux un caddie rempli d'objets hétéroclites devant assurer leur survie : couvertures, conserves, eau, lampe... Ils ont froid, ils ont faim, ils ont peur. Ils sont sur leurs gardes, car le danger guette : l'humanité est retournée à l'état sauvage, à la barbarie, le monde est livré aux hordes de pilleurs, esclavagistes et anthropophages.

La route est avant tout un récit initiatique, un récit de transmission, de père à fils. Mais dans un monde sans Dieu, ni justice ou morale auxquels se raccrocher, et à l'heure où l'humanisme le plus primaire n'est plus qu'un souvenir, que faut-il inculquer à son enfant, au-delà du simple instinct de survie ? Un semblant de morale sans religion (le tabou, c'est manger l'autre), une vague foi en soi, en la vie, en l'esprit humain... Ainsi, quand l'enfant interroge son père, c'est uniquement pour vérifier s'ils sont bien, père et fils, "du côté des gentils", et non de celui des monstres.

On peut ainsi relever dans ce récit les obsessions et hantises de McCarthy déjà révélées dans son précédent roman, Non, ce pays n'est pas pour le vieil homme : la violence des hommes, le rude combat que se livrent en ce monde le Bien et le Mal, et la victoire de plus en plus manifeste de ce dernier.

Mais La Route s'offre aussi à lire comme un roman d'amour, cet amour qui unit l'adulte et l'enfant, cette folle tendresse du père qui s'escrime à préserver une braise d'innocence dans le cœur de son enfant, ce qui, peut-être, préserve l'homme de glisser vers la barbarie. Ce sentiment, McCarthy lui confère une intensité telle que les ténèbres alentours ne parviendront pas à l'étouffer et l'éteindre.

La route est un récit d'une lugubre beauté. Son style dépouillé, son austère lenteur, son rythme particulier et la scansion singulière de la phrase de McCarthy lui confèrent une grâce spécifique, funeste et envoûtante. Sous ses dehors désincarnés, La route est une histoire humaine et brûlante, de celles qui vous serrent à la gorge, de celles qui vous ébranlent, de celles qui vous dévastent.

« La route traversait un marécage desséché où des tuyaux de glace sortaient tout droits de la boue gelée, pareils à des formations dans une grotte. Les restes d'un ancien feu au bord de la route. Au-delà une longue levée de ciment. Un marais d'eau morte. Des arbres morts émergeant de l'eau grise auxquels s'accrochait une mousse de tourbière grise et fossile. Les soyeuses retombées de cendre contre la bordure. Il s'appuyait au ciment rugueux du parapet. Peut-être que dans la destruction du monde il serait enfin possible de voir comment il était fait. Les océans, les montagnes. L'accablant contre-spectacle des choses en train de cesser d'être. L'absolue désolation, hydropique et froidement temporelle. Le silence. »

« C'était encore plus dur qu'il ne l'aurait imaginé. Au bout d'une heure ils avaient peut-être parcouru un peu plus d'un kilomètre. Il fit halte et se retourna vers le petit. Il s'était arrêté et attendait.
Tu crois qu'on va mourir, c'est ça ?
J'sais pas.
On ne va pas mourir.
D'accord.
Mais tu ne me crois pas.
J'sais pas.
Pourquoi tu crois qu'on va mourir ?
J'sais pas.
Arrête de dire j'sais pas.
D'accord.
Pourquoi tu crois qu'on va mourir ?
On n'a rien à manger.
On va trouver quelque chose.
D'accord.
Combien de temps tu crois qu'on peut tenir sans manger ?
J'sais pas.
Mais combien de temps à ton avis ?
Peut-être quelques jours.
Et qu'est-ce qui arrive après ? On tombe mort d'un seul coup ?
Oui.
Et bien non. Ça prend longtemps. On a de l'eau. C'est le plus important. On ne tient pas très longtemps sans eau.
D'accord.
Mais tu ne me crois pas ?
J'sais pas.
Il ne la quittait pas des yeux. Debout dans la neige les mains dans les poches du veston rayé trop grand pour lui.
Tu crois que je te mens ?
Non.
Mais tu crois que je pourrais te mentir quand tu me demandes si on va mourir.
Oui.
D'accord. Je pourrais. Mais on ne va pas mourir.
D'accord. »

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Cormac McCarthy, La route (The Road), traduit de l'anglais (Etats-Unis) par François Hirsch, éd. de l'Olivier, 2008 (2006), 244 pages, 21 €.

Du même auteur : Non, ce pays n'est pas pour le vieil homme

18/09/2009

Uglies (Uglies, tome 1) – Scott Westerfeld (2005)

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Uglies.gifDes mots simples, des phrases courtes : l'écriture de Westerfeld ne s'embarrasse pas de fioritures. Il vise l'efficacité directe au service de la narration. Mais l'aventure n'exclut pas la réflexion, et ce roman jeunesse d'anticipation aborde de manière ludique des sujets de société et réussit, très agréablement, une belle critique d'une société qui place la beauté avant le libre-arbitre.

Dans cette société, les enfants sont élevés dans l'attente impatiente du jour de leurs 16 ans, jour où ils subissent l'opération chirurgicale qui leur permet de quitter le monde des "Uglies" pour intégrer la caste des "Pretties". L'opération leur permet ainsi de devenir des êtres nouveaux correspondant aux canons en vigueur de la "beauté parfaite" (laquelle est donc toujours presque identique). Cette opération qui les rend beaux est le rite de passage ultime, symbole d'une nouvelle intégration à la société de perfection. Ainsi après l'opération ils quittent leurs dortoirs pour entamer, de l'autre côté de la rivière, une vie de fête et d'insouciance qui les fait trépigner d'envie.

Tally attend ses 16 ans avec la même impatience que les autres, jusqu'à ce qu’elle rencontre Shay, jeune fille de son âge, qui lui révèle l'existence d'un mystérieux groupe de rebelles qui refusent l'opération et vivent en marge de la société. Et Shay choisit de rejoindre les rebelles avant d'avoir été opérée. Les autorités contraignent alors Tally à partir en quête de Shay et des rebelles, sous peine de se voir refuser elle-même l'opération. Mais ce qu'elle découvre alors ébranle ses convictions et lui ouvre de nouvelles perspectives...

Uglies parle bien sûr en premier lieu de l'adolescence et de ses bouleversements, tant physiques qu'émotionnels, mais, bien que balisé pour des lecteurs adolescents (entre aventure et mystères, rébellion et doutes, amitié et relations amoureuses), le récit est aussi habillement dosé entre action et réflexion. Il parle du diktat de la beauté, d'image de soi, de l'impact du regard des autres, de conformité, d'individualité, de quête identitaire, de choix, de responsabilité et de liberté. Il traite aussi de questions sociétales actuelles, telles l'écologie, la surconsommation, la techno-surveillance, les dangers de l'ultraprotectionnisme et ses risques de dérives vers le totalitarisme. Sur le mode de la dystopie crédible, où l'univers fantastique est suffisamment approfondi pour dépasser son rôle de toile de fond, le récit offre une écriture militante et critique qui toutefois évite l'écueil moralisateur.

Voici donc un roman jeunesse de science-fiction aussi riche en thèmes qu'en aventures, intelligent et captivant.

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Scott Westerfeld, Uglies, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Guillaume Fournier, éd. Pocket Jeunesse, 2007 (2005), 432 pages, 13,50 €.

17/11/2008

Fahrenheit 451 – Ray Bradbury (1953)

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Fahrenheit 451.gifFahrenheit 451 est un classique de la science fiction, le genre de roman dont tout le monde a entendu parler mais que peu ont lu. D'autant que son adaptation cinématographique réalisé par Truffaut en 1966 est elle aussi devenue un classique. Moi-même je ne l'ai pas lu, mais vu au lycée et certaines de ses scènes sont à jamais gravées dans ma mémoire : celle de l'incendie de la maison de la vieille femme qui choisit de s'immoler avec ses livres et celle des "hommes-livres" psalmodiant à l'infini leur "contenu" afin qu'il ne soit pas perdu. Notre thématique "retour aux sources" du dernier RDV du Club Lire & délires était donc pour moi l'occasion idéale pour enfin me plonger dans ce livre fondateur.

451 degrés Fahrenheit, c'est la température à laquelle le papier s'enflamme et se consume. Dans une société totalitaire future indéterminée, c'est aussi le sigle des pompiers dont la fonction est, non plus d'éteindre, mais d'allumer le feu. Il s'agit en effet de bruler les livres, source de questionnement et de réflexion, ferment d'individualisme, au nom du bien commun et du caractère subversif de toute démarche créatrice. Montag, pompier d'élite, allume gaiement ces autodafés jusqu'au jour où une jeune fille au regard vif lui pose la question insidieuse : « Vous arrive-t-il de lire les livres que vous brûlez ? ». Montag se met alors à douter, à subtiliser quelques livres, à remettre en question les principes acquis, à rêver d'un monde différent, qui ne bannirait pas la littérature et l'imaginaire au profit d'un bonheur immédiatement consommable, et sa révolte croît contre une société totalement dépersonnalisée.

Ainsi Fahrenheit 451, selon une démarche classique du récit de science-fiction, projette dans le futur, en la radicalisant de façon à lui donner valeur de mise en garde, une situation contemporaine particulière et inquiétante. En effet le livre a été publié aux Etats-Unis en 1953, l'année où culmine la psychose anticommuniste portée par le maccarthysme, période de réduction de la liberté d'expression, période limitant les droits civiques sous le motif de défendre la sécurité nationale. Par son ouvrage, Ray Bradbury pousse un cri d'alarme sur ce qui pourrait advenir. Il écrit Fahrenheit 451 précisément pour que l'univers terrifiant qu'il y imagine ne devienne jamais réalité.

Est-ce à dire que Fahrenheit 451, parce que sa vision de l'avenir n'a pas été confirmée par l'Histoire, est aujourd'hui dépassé, totalement obsolète ? Bien évidemment non, car son propos reste éminemment pertinent de nos jours : il y est question de guerre larvée entre grandes puissances, de course à l'armement, de danger du nucléaire, de la coupure de l'homme d'avec la nature, de mégalopoles anonymes et déshumanisées, de déliquescence du lien social, de société de consommation et de divertissement, d'uniformisation de la pensée et de conformisme. Il y est aussi et surtout question de l'impérialisme des médias, du grand décervelage auquel procède la publicité, les jeux, les feuilletons et autres niaiseries télévisuelles abrutissantes. Bradbury souligne « il y a plus d'une façon de brûler un livre », l'une d'elle, la plus insidieuse, est de rendre les gens incapables de lire par inculture, désintérêt pour la littérature, paresse mentale ou simple désinformation.

Alors, amis, résistons : lisons !

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Ray Bradbury, Fahrenheit 451, traduit de l'américain par Henri Robillot, éd. Gallimard, coll. folio SF, 2000 (1953), 213 pages, 5€.

Les avis d'Allie et brm&mam.

Thématique : retour aux sources
Chez les copines : ALaure, Anjelica, Choupynette, EtoileDesNeiges, Erzébeth (notre nouvelle recrue !), YueYin et Gaël (Ouaip ! Gaël aussi, c'est une copine !).

01/08/2007

Marche ou crève - Stephen King (1979)

4cffb119bb2846b80552657b9f16643d.gif"La Longue Marche" : cent concurrents au départ, un seul à l'arrivée. Pour les autres, qui abandonnent, qui ne peuvent tenir la cadence, un balle dans la tête : marche ou crève. Découvrir la suite...