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08/02/2010

Long week-end – Joyce Maynard [2009]

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« Il n'est plus resté que nous deux, ma mère et moi, après le départ de mon père. Et il avait beau dire que je devais aussi considérer comme membre de ma famille le bébé qu'il venait d'avoir avec sa nouvelle femme Marjorie, plus Richard, le fils de Marjorie, qui avait six mois de moins que moi et qui pourtant me dominait dans tous les sports, ma famille, c'était ma mère, Adele, et moi, point barre. Plutôt y admettre le hamster Joe que ce bébé, Chloé.» (p. 9)

En cette année 1987, Henry, le narrateur de Long week-end, a treize ans, la voix qui déraille, une imagination qui le travaille, des accidents nocturnes. Il vit seul avec sa mère et dîne tous les samedis avec son père qui les a quittés pour épouser sa secrétaire, Marjorie, qu'il ne supporte pas. Jusque-là rien d'extraordinaire ; on pourrait croire à un énième livre sur l'adolescence et ses questionnements. Sauf qu'Adele, la très jolie maman d'Henry, est loin d'être ordinaire, un peu à la marge, excentrique. Elle ne sort pratiquement plus de la maison, ne les nourrit que de surgelés et de soupes Campbell qu'elle achète pour des mois, se souvient de la période où elle rêvait d'être danseuse... Pendant ce temps, Henry s'ennuie ferme et espère « qu'il se passe quelque chose ». Découvrir la suite...

18/09/2009

Uglies (Uglies, tome 1) – Scott Westerfeld (2005)

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Uglies.gifDes mots simples, des phrases courtes : l'écriture de Westerfeld ne s'embarrasse pas de fioritures. Il vise l'efficacité directe au service de la narration. Mais l'aventure n'exclut pas la réflexion, et ce roman jeunesse d'anticipation aborde de manière ludique des sujets de société et réussit, très agréablement, une belle critique d'une société qui place la beauté avant le libre-arbitre.

Dans cette société, les enfants sont élevés dans l'attente impatiente du jour de leurs 16 ans, jour où ils subissent l'opération chirurgicale qui leur permet de quitter le monde des "Uglies" pour intégrer la caste des "Pretties". L'opération leur permet ainsi de devenir des êtres nouveaux correspondant aux canons en vigueur de la "beauté parfaite" (laquelle est donc toujours presque identique). Cette opération qui les rend beaux est le rite de passage ultime, symbole d'une nouvelle intégration à la société de perfection. Ainsi après l'opération ils quittent leurs dortoirs pour entamer, de l'autre côté de la rivière, une vie de fête et d'insouciance qui les fait trépigner d'envie.

Tally attend ses 16 ans avec la même impatience que les autres, jusqu'à ce qu’elle rencontre Shay, jeune fille de son âge, qui lui révèle l'existence d'un mystérieux groupe de rebelles qui refusent l'opération et vivent en marge de la société. Et Shay choisit de rejoindre les rebelles avant d'avoir été opérée. Les autorités contraignent alors Tally à partir en quête de Shay et des rebelles, sous peine de se voir refuser elle-même l'opération. Mais ce qu'elle découvre alors ébranle ses convictions et lui ouvre de nouvelles perspectives...

Uglies parle bien sûr en premier lieu de l'adolescence et de ses bouleversements, tant physiques qu'émotionnels, mais, bien que balisé pour des lecteurs adolescents (entre aventure et mystères, rébellion et doutes, amitié et relations amoureuses), le récit est aussi habillement dosé entre action et réflexion. Il parle du diktat de la beauté, d'image de soi, de l'impact du regard des autres, de conformité, d'individualité, de quête identitaire, de choix, de responsabilité et de liberté. Il traite aussi de questions sociétales actuelles, telles l'écologie, la surconsommation, la techno-surveillance, les dangers de l'ultraprotectionnisme et ses risques de dérives vers le totalitarisme. Sur le mode de la dystopie crédible, où l'univers fantastique est suffisamment approfondi pour dépasser son rôle de toile de fond, le récit offre une écriture militante et critique qui toutefois évite l'écueil moralisateur.

Voici donc un roman jeunesse de science-fiction aussi riche en thèmes qu'en aventures, intelligent et captivant.

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Scott Westerfeld, Uglies, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Guillaume Fournier, éd. Pocket Jeunesse, 2007 (2005), 432 pages, 13,50 €.

23/03/2009

La solitude des nombres premiers – Paolo Giordano (2008)

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La solitude des nombres premiers.gifCe sont deux enfants tristes et solitaires qui peinent à grandir, deux êtres à part, deux vilains petits canards, deux ados au bord du précipice, jamais très loin du pire. Alice boite depuis un accident de ski dont elle rend son père responsable. Mattia est un génie des mathématiques, mais a un comportement d'autiste depuis que sa sœur jumelle handicapée a disparu par sa faute. Tous deux sont les ennemis de leur propre corps qu'ils maltraitent, elle en s'affamant, lui en se scarifiant. Tous deux creusent un gouffre autour d'eux pour que rien ni personne ne puisse les atteindre : ils vivent dans une solitude à la fois voulue et subie, jusqu'à leur rencontre... mais sauront-ils se reconnaître ?

« Les autres furent les premiers à remarquer ce qu'Alice et Mattia ne comprirent qu'au bout de nombreuses années. Ils pénétrèrent dans la pièce main dans la main. Ils ne souriaient pas, leurs regards suivaient des trajectoires différentes, mais on aurait dit que leur corps coulaient l'un dans l'autre à travers leurs bras et leurs doigts joints. […] Il y avait entre eux un espace commun dont les confins n'étaient pas bien tracés, où rien ne semblait manquer et où l'air paraissait inerte, tranquille. »

Paolo Giordano n'est pas un styliste : sa langue est froide et blanche. Pourtant, il réussit à faire exister des personnages attachants, à faire ressentir leur extrême solitude et leur souffrance constituante, et à faire par moment monter l'émotion. La solitude des nombres premiers est une jolie histoire un peu triste, un roman mélancolique, un curieux mélange de violence et de délicatesse qui se lit vite, vite, sans reprendre son souffle.

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Paolo Giordano, La solitude des nombres premiers (La solitudine dei numeri primi), traduit de l'italien par Nathalie Bauer, éd. du Seuil, 2009 (2008), 328 pages, 21 €.

Les avis de Choupynette, Crapouillaud et Yueyin.

Merci à Chez les filles et aux Editions du Seuil de m'avoir envoyé ce livre.

07/10/2008

Impuretés – Philippe Djian [2005]

Impuretés.gifEvy est un ado, avec ses corollaires : un peu largué, pas mal désœuvré, bien mal dans sa peau, totalement obsédé et entièrement désabusé. Et mutique. Surtout mutique. Alors que tout le monde autour de lui, son père ex-écrivain et ex-drogué, sa mère ex-star de cinéma prête à tout pour un come-back, son grand-père psychanalyste retraité, ses amis, ses camarades, ses professeurs, ses voisins, même ses plus vagues connaissances, tout le monde attend de lui qu'il parle. Qu'il raconte ce qui c'est passé. Comment sa sœur, Lisa, s'est-elle noyée. Mais Evy se tait. « C'était un accident. » En savoir plus...