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19/10/2009

La colère des aubergines - Bulbul Sharma (1997)

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La colère des aubergines.gifCe recueil est composé de nouvelles savoureuses qui titillent nos papilles ! La Colère des aubergines, Folie de champignons, Le poisson-lune... En plus d'un titre évocateur, chaque nouvelle est accompagnée/complétée de recettes traditionnels indiennes : Aubergines "bharta", Curry d'agneau, Pickle de mangue... Et chaque nouvelle-recette est aussi savamment assaisonnée en sentiments exacerbés : passion amoureuse, affres de la jalousie, secrets révélés...

En effet, les histoires racontées ici sont certes pleines de saveurs épicées et d'odeur de cuisine, mais elles parlent également avec tendresse et drôlerie de la vie quotidienne d'une maisonnée indienne et des rapports et conflits entre ses membres (les relations entres les différents générations vivants sous le même toit, entre maris et femmes – et maîtresses –, brus et belles-mères, problèmes avec la domesticité...). Elles évoquent aussi la dualité d'une société tiraillée entre le poids des traditions (et de la religion hindouiste et de ses rites – jeûne rituel, tractations avant mariage, culte des morts –) et son désir de modernité (émancipation des femmes, droit au divorce...).

Ces petits "récits gastronomiques" assez délirants servent ainsi d'écrin à la fois à de délicieuses recettes qui éveillent nos sens, mais aussi à une description amusée et détaillée d'une société en mutation.

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Bulbul Sharma, La colère des aubergines (The Anger of Aubergines), traduit de l'anglais (Inde) par Dominique Vitalyos, éd. Philippe Picquier, coll. Picquier poche, 2002 (1997), 201 pages, 6,50 €.

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Un livre proposé par Armande.
Les avis de Keisha, Chimère, Pascale, Yoshi, Leiloona & Restling.

28/08/2009

Silas Marner – George Eliot (1861)

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Silas Marner.gifInjustement accusé de vol, trahi par son meilleur ami, abandonné par la jeune femme qu'il aime, le tisserand Silas Marner quitte la ville pour s'établir dans la petite communauté campagnarde de Ravenloe. Pendant 15 ans, il va vivre reclus chez lui, à bonne distance des autres villageois qui éprouvent quelque méfiance à son égard, à tisser et à amasser de l'or. Mais un jour son pécule lui est dérobé : la perte de son trésor et l'arrivée dans sa vie d'une petite fille abandonnée vont lui enseigner ce qu'est la vraie richesse et sa propre valeur. Parallèlement, les Cass, la famille la plus aisée de la région, connaissent également quelques aléas : l'ainé, Godfrey, possède un lourd secret qui pourrait compromettre son mariage avec la jolie Nancy Lammeter, et le cadet, Dunstan, en profite pour soutirer à son frère de quoi financer sa vie dissolue.

George Eliot (de son vrai nom Mary Ann Evans) est considéré comme l'un des plus grands romanciers anglais du XIXe siècle, dans la lignée des auteurs réalistes. Et en effet elle décrit superbement société rurale anglaise victorienne : elle dépeint avec talent la communauté villageoise de Raveloe et les us et coutumes de l'époque, ainsi que les différentes classes sociales et leurs relations. J'ai aimé son sens de l'observation, ses descriptions précises, concrètes et réalistes du milieu provincial et rural, ses portraits habilement croqués de paysans, de même que sa critique de mœurs, fine et sensible. Ainsi, tous les passages où apparaissent les habitants du village (à l'auberge, les invités du bal...) sont à la fois plein de vérité et de drôlerie, sans être caricaturaux.

Mais la tendance moralisatrice de l'histoire compromet le charme de cette œuvre. En effet, le récit est doublé de commentaires interstitiels et de considérations abstraites qui empâtent et étouffent la narration. De plus, les préceptes énoncés sont péremptoires et banals : la richesse matérielle n'est rien en comparaison de l'amour ; un ordre supérieur indéfini (la providence ? Dieu ?) veille a ce que les bons soient récompensés et les méchants punis ; les épreuves traversées peuvent être l'occasion d'un rachat ou la condition même d'un bien ultérieur... Ce symbolisme moraliste simpliste un brin naïf plombe le récit qui, sans cela, aurait pu rester plaisant.

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George Eliot, Silas Marner, traduit de l'anglais par Pierre Leyris, éd. folio, 1980 (1861), 314 pages.

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Un livre proposé par Keisha.
Les avis de Chimère, Pascale, Yoshi73, Restling, Leiloona & Isil.

21/08/2009

Le vol des cigognes – Jean-Christophe Grangé (1994)

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Le vol des cigognes.gifLouis Antioche, 32 ans, est contacter par Max Böhm, un ornithologue suisse ami de ses parents adoptifs : il lui propose de suivre la migration de cigognes à travers l'Europe et l'Afrique, afin de chercher à comprendre pourquoi certaines d'entre elles ne sont pas revenues au printemps dernier. Mais arrivé en Suisse pour mettre au point les détails de sa mission, Louis découvre le cadavre de Max Böhm, vraisemblablement foudroyé par une crise cardiaque, au beau milieu d'un nid de cigognes !

Intrigué par certains documents trouvés chez l'ornithologue, et malgré sa mort, Louis décide de poursuivre sa mission et de suivre les volatiles, de la Slovaquie à la République de Centrafrique, en passant par la Bulgarie et les kibboutz d'Israël. Mais durant son voyage, les morts étranges se succèdent, et bientôt sa vie même est menacée par deux individus qui le traquent. Et les énigmes s'accumulent, au sujet de la disparition des cigognes, au sujet des morts qui jalonnent son périple, mais également par rapport au mystérieux passé de Böhm et par rapport aux souvenirs confus de son propre passé...

Des rebondissements improbables + des situations inextricables qui se résolvent seules, comme par enchantement + un style lourd + un suspens nul (on devine très rapidement la majorité des composantes de l'intrigue) + une surabondance de détails gratuitement sanglants et macabres + un héros peu attachant qui, au cours de son enquête, se trouve confronté à son propre passé forcément mystérieux = suffisamment de clichés pour constituer le plus exemplaire des mauvais thrillers.

Quoi ? Vous ne me croyez pas ???? Un extrait donc, pour illustrer mon propos :
« Que mon destin se scelle à Calcutta était logique, parfait, irréversible. Seul l'enfer croupissant de la ville indienne offrait un contexte assez noir pour accueillir les ultimes violences de mon aventure. […]
Oui, sans conteste, Calcutta était un lieu idéal.
Pour tuer ou pour mourir. »

Vite lu, et à oublier très vite !

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Jean-Christophe Grangé, Le vol des cigognes, éd. Le livre de Poche, 2009 (1994), 377 pages, 6,50 €.

Je remercie tout de même BoB et Le livre de poche pour l'envoi de ce livre.

18/08/2009

Cubes – Yann Suty (2009)

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Cubes.gifEnfant, le narrateur et son meilleur ami sont fascinés par leur voisin, le Duke, un aventurier milliardaire. Un jour, ils aperçoivent d'étranges cubes de verre géants, posés au milieu du parc de son immense propriété : que sont ces mystérieux cubes ? Une œuvre d'art, des vivariums, une prison de verre ? Ils décident de s'introduire dans la propriété du Duke pour voir les fameux cubes de plus près et... se font prendre, bien sûr !

Ensuite, par sauts dans le temps, le narrateur grandit, devient un adolescent solitaire, puis un jeune "businessman" uniquement centré sur son travail, enfin un mari et un père aimant, et même, coïncidence (?), un proche collaborateur du Duke. Une vie ordinaire en somme.

Pourtant, ce qui s'apparente ainsi de prime abord à une simple et banale histoire en forme de "parcours de vie" prend une autre dimension, mystérieuse, mystique presque, quand elle est raconté à travers le prisme des obsessions cubiques du narrateur. Car sa curiosité d'enfant envers les cubes se mue au fil du temps en obsession : partout et toujours, au cours de sa vie, le narrateur croise de multiples figures de cubes. Il en vient à se persuader que ces cubes influencent, dictent même, sa vie. Les événements les plus banals prennent une toute autre dimension quand le héros les raccroche à son obsession, mais le lecteur lui reste scepticisme et incrédule à l'énoncé de l'interprétation que donne le narrateur des différents évènements de sa vie.

Ainsi, ce roman laisse des impressions contradictoires : le style, relevé d'expressions châtiées (« un processus de mithridatisation », « une chaleur érubescente »...), paraît incongru dans la première partie du roman consacrée à l'enfance du narrateur, mais s'avère agréable par la suite. Quant au récit, il met du temps à s'installer : la première moitié du roman n'est que l'histoire banale d'un petit garçon aventurier devenu un homme ordinaire, les obsessions cubiques du narrateur restant très anecdotiques. Elles ne commencent à éveiller notre intérêt que dans le dernier tiers du roman : intervention du fantastique, folie du narrateur, on ne sait au juste les "causes" exactes des dérèglements de son existence, et on passe sans s'en apercevoir du récit initiatique au thriller, voire à la tragédie...

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Yann Suty, Cubes, éd. Stock, 2009, 304 pages, 18,50 €.

Merci à Libfly et aux Editions Stock de m'avoir permise de découvrir ce premier roman de Yann Suty.

08/06/2009

Sanctuaire – William Faulkner (1931)

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Sanctuaire.gifSanctuaire est un roman intense, noir et dur, inspiré d'un fait divers sordide. L'habileté du récit consiste à faire admettre, sans les moraliser, le viol d'une jeune fille, le meurtre d'un homme, le lynchage d'un innocent, soit des formes de violence extrême, les faits, difficilement soutenables, étant énoncés sans jamais porter de jugement de valeur. Découvrir la suite...