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17/01/2012

Misery – Stephen King [1987]

Misery, Stephen KinMisery Chastain est morte. Tuée par Paul Sheldon. Qui ne la supportait plus. Fini les best-sellers romantiques dont elle était l'héroïne ! Enfin libéré de son personnage, l'écrivain Paul Sheldon va pouvoir se consacrer à des romans plus "sérieux", de la "vrai" littérature ! Découvrir la suite...

18/08/2009

Cubes – Yann Suty (2009)

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Cubes.gifEnfant, le narrateur et son meilleur ami sont fascinés par leur voisin, le Duke, un aventurier milliardaire. Un jour, ils aperçoivent d'étranges cubes de verre géants, posés au milieu du parc de son immense propriété : que sont ces mystérieux cubes ? Une œuvre d'art, des vivariums, une prison de verre ? Ils décident de s'introduire dans la propriété du Duke pour voir les fameux cubes de plus près et... se font prendre, bien sûr !

Ensuite, par sauts dans le temps, le narrateur grandit, devient un adolescent solitaire, puis un jeune "businessman" uniquement centré sur son travail, enfin un mari et un père aimant, et même, coïncidence (?), un proche collaborateur du Duke. Une vie ordinaire en somme.

Pourtant, ce qui s'apparente ainsi de prime abord à une simple et banale histoire en forme de "parcours de vie" prend une autre dimension, mystérieuse, mystique presque, quand elle est raconté à travers le prisme des obsessions cubiques du narrateur. Car sa curiosité d'enfant envers les cubes se mue au fil du temps en obsession : partout et toujours, au cours de sa vie, le narrateur croise de multiples figures de cubes. Il en vient à se persuader que ces cubes influencent, dictent même, sa vie. Les événements les plus banals prennent une toute autre dimension quand le héros les raccroche à son obsession, mais le lecteur lui reste scepticisme et incrédule à l'énoncé de l'interprétation que donne le narrateur des différents évènements de sa vie.

Ainsi, ce roman laisse des impressions contradictoires : le style, relevé d'expressions châtiées (« un processus de mithridatisation », « une chaleur érubescente »...), paraît incongru dans la première partie du roman consacrée à l'enfance du narrateur, mais s'avère agréable par la suite. Quant au récit, il met du temps à s'installer : la première moitié du roman n'est que l'histoire banale d'un petit garçon aventurier devenu un homme ordinaire, les obsessions cubiques du narrateur restant très anecdotiques. Elles ne commencent à éveiller notre intérêt que dans le dernier tiers du roman : intervention du fantastique, folie du narrateur, on ne sait au juste les "causes" exactes des dérèglements de son existence, et on passe sans s'en apercevoir du récit initiatique au thriller, voire à la tragédie...

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Yann Suty, Cubes, éd. Stock, 2009, 304 pages, 18,50 €.

Merci à Libfly et aux Editions Stock de m'avoir permise de découvrir ce premier roman de Yann Suty.

19/10/2008

Le chasseur Zéro – Pascale Roze (1996)

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Le chasseur Zéro.gifLaura grandit en solitaire dans un huis clos étouffant entre une mère dépressive et alcoolique, une grand-mère autoritaire et un grand-père distant. Son père ? Mort en 1945, alors que Laura n'avait que trois mois. Laura finit par découvrir qu'il était officier de marine et a été tué à Okinawa lorsque le cuirassé sur lequel il servait a été coulé par un kamikaze. Elle est alors hantée par le «chasseur Zéro», le kamikaze dont elle entend en permanence dans ses oreilles le vrombissement de l'avion.

Le chasseur Zéro, prix Goncourt 1996, est un roman court, au style tendu, à l'écriture sèche et rigoureuse : 163 pages serrées à l'atmosphère angoissante. C'est l'histoire d'une obsession qui tourne à l'hallucination auditive. Car Laura, en découvrant le secret de la mort de son père, va développer une relation hallucinatoire, obsessionnelle et passionnelle avec le kamikaze. Or, si j'aurais pu comprendre une quête du père (mais du père, il n'est quasiment pas question) ou une certaine interrogation-fascination pour le kamikaze, je n'ai absolument pas adhéré à la passion amoureuse que Laura éprouve pour lui : malsain, morbide et incompréhensible. Impossible pour moi de m'identifier à Laura, que je ne comprends pas, alors que c'est elle la narratrice. Pascale Roze abuse du "je", présent dans chaque phrase, à chaque ligne. Ce "je" omniprésent sans que je puisse m'y identifier m'a tenu très éloignée du récit, extérieure à l'histoire, que j'ai lu sans plaisir.

 

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Pascale Roze, Le chasseur Zéro, éd. Albin Michel, 1996, 163 pages, 13 €.

11/06/2008

Le livre de Dina – Herbjorg Wassmo (1989)

A ALaure, Anjelica, Choupynette, EtoileDesNeiges, Flo et YueYin, mes copines du Club "Lire et délires" : oui, oui, je sais, cette chronique s'est faite attendre, mais elle n'en sera que meilleure!

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Le livre de Dina : le titre retenti tel celui d'une saga romanesque. Sauf que pas du tout. Cette histoire là, si elle peut marginalement s'apparenter à une saga, n'a absolument rien de romanesque. Pas de sentimentalisme, pas d'émotion tendre, pas de douceur. Que Non. Rien de tel. Alors quoi ? Alors "Dina" !

Le livre de Dina, c'est en fait trois livres, trois tomes qui ne nous parlent que de Dina. Exclusivement. 616 pages qui nous racontent Dina. Mais qui donc est Dina ?

C'est à l'extrême pointe de la Norvège, au Nordland, pays de fin du monde figé dans un linceul de glace, que se déchaîne Dina, la furie. Femme-enfant sauvage, créature imprévisible et insatiable, Dina est entière, passionnée, voluptueuse, affolante, déroutante, révoltée, écorchée, farouche, indomptable, échevelée, arrogante, fière, mystérieuse, fascinante, envoûtante, effrayante... Dina consume tout et tout le monde autour d'elle. Dina est indépendante, sans vergogne, insolente, tumultueuse, hallucinée, instinctive, excessive, possessive, exclusive, violente, enragée, incontrôlable. Dina est libre. Dina est folle, peut-être. Dina est magnifique. Et j'aime Dina. Voilà, c'est dit. Oui, malgré sa noirceur, malgré sa folie, malgré sa violence, malgré sa rage et sa hargne, je l'aime.

L'auteur est pourtant sans complaisance ni compassion pour son héroïne. Elle expose d'une écriture précise et incisive le cas "Dina" : une dose de candeur, une louche d'animalité, une touche de sensualité, un rien de désespoir et un grain de folie...

Le livre de Dina est un portrait en clair-obscur, un requiem, un chant de douleur et de violence, de folle passion et de d'insondable solitude. C'est une longue incantation tragique, un tourbillon de désolation, un hurlement au clair de lune, un coup de poing en pleine figure, une chute sans fin...

C'est Dina.

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Herbjorg Wassmo, Le livre de Dina, tome 1, Les limons vides (Dinas Bok), traduit du norvégien par Luce Hinsch, éd. 10/18, coll. Domaine étranger, 2002 (1989), 172 pages, 6 €.

Herbjorg Wassmo, Le livre de Dina, tome 2, Les vivants aussi (Dinas Bok), traduit du norvégien par Luce Hinsch, éd. 10/18, coll. Domaine étranger, 2002 (1989), 190 pages, 6 €.

Herbjorg Wassmo, Le livre de Dina, tome 3, Mon bien-aimé est à moi (Dinas Bok), traduit du norvégien par Luce Hinsch, éd. 10/18, coll. Domaine étranger, 2002 (1989), 254 pages, 7 €.

Petit supplément : une interview de Herbjorg Wassmo.

Thématique : un prénom dans le titre

18/05/2008

Mal de pierres – Milena Agus (2006)

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ed0737f6760b7406c4438dd7a2951c78.gifVoici un roman un peu bizarre, au titre aussi énigmatique que son héroïne, une jeune Sarde étrange, une « vrai femme, avec ces beaux seins fermes, cette masse de cheveux noirs et ses yeux immenses ». La jeune femme détonne au sein de sa famille et de sa communauté, en Sardaigne et en pleine Seconde Guerre mondiale. Pensez donc : célibataire à 30 ans, elle est déjà vieille fille ! Elle est pourtant entourée de jeunes hommes qui pourraient demander sa main, mais elle tarde à trouver un mari car elle a un caractère de cochon et une sorte de folie dans le regard. De plus elle écrit des poèmes érotiques à ses prétendants tout en ne rêvant que de l'amour fou et absolu !

Et puis on comprend, petit à petit, au détour d'un mot, d'une phrase allusive, que la jeune femme est un peu plus que simplement fantasque et rêveuse. Elle semble en décalage permanent, comme à contretemps, toujours à côté de sa propre vie. En fait, peu à peu, l'héroïne se révèle bel et bien "dérangée", comme on dit. Mais quel panache dans la folie ! Le terme d'ailleurs n'est jamais utilisé : il serait réducteur. Car elle n'est pas aliénée : c'est une passionnée, violente, excessive, fragile et sensible, parfois indifférente au monde, souvent mutique et distraite, toujours d'une liberté totale à l'égard de ce qui se fait ou pas:

« "Bonjour, princesse."
Et ma grand-mère riait, émue et heureuse :
"Princesse de quoi ?" […]
"Une princesse. Vous vous comportez comme une princesse. Vous ne vous souciez pas du monde autour de vous, c'est le monde qui doit se soucier de vous. Votre seule tâche est d'exister. C’est bien ça ?" »

Et cette originalité, cette liberté, loin de faire d'elle une marginale, la rend attachante, bouleversante même. Pleine de sensualité, celle qui voit dans l'amour « la chose la plus importante » finit par le trouver, et c'est cette histoire qu'elle écrit dans un petit cahier noir à tranche rouge qui sera retrouvé par sa petite-fille, la narratrice de cette saga familiale.

En arrière-plan, les personnages secondaires sont peints par petites touches d'une grande finesse : le mari, épousé par raison pendant la Seconde Guerre, sensuel taciturne à jamais mal connu ; le Rescapé, brève rencontre sur le Continent, à l'empreinte indélébile ; le fils, inespéré, futur pianiste virtuose ; enfin la petite-fille, confidente post-mortem de son énigmatique grand-mère...

Avec une liberté de ton et une écriture délicieusement irrévérencieuse, Milena Agus dresse un portrait de femme sensible et libre, sans cesse tiraillée entre la raideur d'une société conventionnelle et la légèreté avec laquelle elle réenchante sa propre vie. Que j'aime les personnages comme elle, entiers et décalés, "en marge" et sans concessions ! Jusqu'à la dernière page, Milena Agus entretient le mystère de cette femme à travers un récit à deux voix (celle de l'héroïne et celle de sa petite-fille), jusqu'à l'ultime page qui transfigure la chronique familiale en magistrale métaphore de l'emprise que l'imaginaire peut avoir sur le réel.

« Dans chaque famille, il y a toujours quelqu'un qui paie son tribut pour que l'équilibre entre ordre et désordre soit respecté et que le monde ne s'arrête pas ».

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Milena Agus, Mal de pierres (Mal di pietre), traduit de l'italien par Dominique Vittoz, éd. Liana Lévi, 2006, 123 pages, 13 €.

Les avis de Papillon, Cuné, Biblioblog, Sylire, Lilly, Chimère, Bernard, Gachucha, Tamara, BMR & MAM, Anne...