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09/11/2009

La sorcière de Salem – Elisabeth Gaskell (1861)

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La sorcière de Salem.gifEn 1691, à la mort de ses parents, Loïs Barclay, jeune anglaise de 18 ans, rejoint la famille de son oncle en Nouvelle-Angleterre, à Salem, où s'est établi une petite communauté puritaine très stricte. Très vite, Loïs est confrontée au rejet et à la solitude : son oncle décède peu de temps après son arrivée, sa tante est d'une totale froideur envers elle, son cousin la poursuit de ses assiduités, sa cousine Faith la jalouse, quant à la petite Prudence, sa perversité va mener au drame... Car dans la petite ville, l'hystérie gagne la population persuadée que des sorcières vivent parmi eux.

En s'appuyant sur des faits historiques, comptes rendus des procès et suites de l'affaire, Elizabeth Gaskell retrace les événements réels concernant la condamnation et l'exécution d'une vingtaine de personnes accusées de sorcellerie en 1692 dans le Massachussetts : la fameuse affaire des sorcières de Salem. Elizabeth Gaskell, dans un style clair et joliment désuet, décrit avec talent l'implacable paranoïa qui saisit la petite ville. Elle parvient à rendre magistralement la montée de la peur, de la suspicion et de la haine, et l'atmosphère de jalousie, de délation et de folie collective qui vont balayer Salem. Elizabeth Gaskell dénonce et condamne ainsi avec finesse les excès du puritanisme.

Un petit bémol toutefois : les personnages restent rudimentaires et manquent de profondeur, à l'image de l'héroïne, Loïs Barclay, archétype de l'ingénue-tête-à-claques : douce jeune fille naïve, innocente, franche, bonne, honnête, vertueuse, croyante, qui reste gentille et digne, même quand on lui fait du tort. Bref, parfaite, et parfaitement agaçante ! Elle parait bien falote, un peu sotte et manque de caractère.

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Elisabeth Gaskell, La sorcière de Salem (Loïs the Witch), traduit de l'anglais par Roger Kann et Bertrand Fillaudeau, éd. José Corti, coll. romantique, 1999 (1861), 210 pages, 15,25 €.

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Un livre proposé par Isil.

Les avis de Levraoueg, Armande, Keisha, Chimère, Pascale, Yoshi, Leiloona & Restling.

05/11/2009

La convocation – Herta Müller (1997)

Si, comme a moi, le nom du dernier prix Nobel de littérature, Herta Müller, romancière allemande d'origine roumaine, vous était totalement inconnu, et si, comme moi, vous avez tenté d'en savoir plus, vous avez dû, comme moi, être assez désappointés. Car sur les dix-neuf livres qu'elle a publiés, seuls trois sont traduits en français ! Difficile donc de se faire sa propre opinion sur son œuvre... Mais puisqu'il faut bien commencer par quelque part, et puisque, dans les rayonnages de ma médiathèque, seul un de ses titres était disponible, voici donc ma chronique de La convocation. Puisse ma modeste contribution permettre d'éclairer un peu d'autres lecteurs potentiels de la dame. Car, si ce genre de Prix a une quelconque utilité, c'est bien de faire découvrir des auteurs méconnus...

 

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La convocation.gifUn jour, elle a glissé un message, un appel au secours enfantin, dans la poche des pantalons qu'elle confectionnait pour une grande maison de couture italienne : Ti aspetto. Ses petits papiers découverts, on les condamna, les qualifiant de prostitution sur le lieu de travail. Depuis, elle est régulièrement convoquée. Et dans le tramway qui la mène une fois de plus au bureau de la Securitate, la narratrice lutte pour ne pas se laisser entraîner par son angoisse et ne pas perdre la tête.

Ainsi, au grès de ses pensées, trois types de narration se succèdent et s'entremêlent : le regard de la narratrice sur le conducteur et les autres passagers du tramway, le retour sur les épisodes marquants de sa propre vie, et l'anticipation de son prochain interrogatoire. Car, bien qu'elle tente de la maintenir à distance, la réalité imminente est trop forte et s'impose par intermittence : la narratrice se voit devant son inquisiteur, le commandant Albu, un homme qui, chaque fois, lui écrase les doigts quand il lui baise la main et y laisse une trace mouillée, humiliante, et qui lui pose sans cesse les mêmes questions auxquelles elle ne sait plus quoi répondre.

Dans ce récit, l'attention est d'abord portée aux détails, à ce qui fait que la liberté des personnages se rétrécit inexorablement, que leur existence est comprimée par des humiliations quotidiennes, que leur humanité est niée avec une cruelle permanence. Herta Müller décrit avec finesse la réalité intime et journalière de la dictature, la peur rampante coutumière qu'elle impose sur chaque individu, sur chaque événement, moment et geste de la vie de tous les jours, et qui, insidieusement, influe sur tout et tout le monde, rendant chacun paranoïaque. Une dénonciation forte et habile de l'oppression vécue au quotidien.

Cette position résolument politique est servie par une langue comprimée, souvent difficile, et qui emprunte à la fois à la poésie et au langage populaire. En effet, la langue d'Herta Müller est ardue, caractérisée par des phrases courtes, mais aussi très imagée et riche en métaphores. Ces déambulations allégoriques perdent parfois un peu le lecteur dans leurs méandres, mais donnent aussi une certaine musicalité au récit. Cette forme singulière de l'écriture de Herta Müller surprend, déroute et finalement, quoique difficilement, conquiert.

« Dans mon désir de savoir comment marche la vie, en revenant de chez le cordonnier, je passai en revue toutes les possibilités d'en avoir assez du monde. La première et la meilleur : comme la plupart des gens, ne jamais être convoqué et ne jamais perdre la tête. La deuxième : ne jamais être convoqué mais perdre la tête, comme la femme du cordonnier et Madame Micu au rez-de-chaussée, près de l'entrée. La troisième : être convoqué et perdre la tête comme ces deux femmes que l'on avait rendues folles dans cet établissement. Être convoqué et ne jamais perdre la tête, comme Paul et moi, est la quatrième. Elle n'est pas particulièrement bonne, mais s'agissant de nous, c'est la meilleure. Sur le trottoir, il y avait une prune écrasée, des guêpes s'en gavaient, des petites qui venaient à peine de naître et des vieilles. Si une famille entière trouve place sur une prune, qu'est-ce que cela doit donner... Le soleil quittait la ville, attiré vers les champs. A première vue, il était fardé de couleurs criardes pour le soir, mais à bien y regarder, il était fusillé, rouge comme une masse de coquelicots, aurait dit l'officier de Lilli. Oui, c'est la cinquième possibilité : être jeune, belle plus que de raison, ne pas avoir perdu la tête mais être morte. Et pour cela, point besoin de s'appeler Lilli. »

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Herta Müller, La convocation (Heute wär ich mir lieber nicht begegnet), traduit de l'allemand par Claire de Oliveira, éd. Métaillé, coll. Bibliothèque allemande, 2001 (1997), 207 pages, 18,50 €.

03/11/2009

Challenge "100 ans de littérature américaine"

Généralement, j'évite les challenges comme la peste car je suis tout à fait incapable de m'y tenir... Sauf que là, je n'ai pas pu résister ! Une thématique que j'aime, des règles très peu contraigantes... Me voilà donc inscrite au challenge 100 ans de littérature américaine initié par Bouh.

Le principe ? Lire des oeuvres d'auteurs américains du 20e siècle. Et comme Bouh n'est pas trop stricte sur le règlement, on peut même déborder sur le 21e siècle ! Et on n'a pas d'obligation en nombre de lectures, on peut lire à notre convenance 1, 2, 5, 10, 20, 100 livres si l'on veut ! Et ce jusqu'au 31/12/2010, date de fin du challenge. Cela devrait être réalisable ! Si, si ! Je peux le faire ! Et vous zaussi ! Yes, we can !

Je me suis donc engagée pour 5 livres dans un premier temps, dont je n'ai pas encore choisi les titres, mais dans le lot il devrait y avoir du William Faulkner et du Philip Roth, et certainement aussi "Gatsby Le Magnifique" de F. Scott Fitzgerald, qui est inscrit sur ma LAL depuis, pfff ! Voilà donc une belle occasion d'enfin le lire !

Edit du 12/11/2009 : voici ma première contribution au challenge : Exit le fantôme de Philip Roth [2007]
Edit du 25/11/2009 : Effacement de Percival Everett [2001]
Edit du 05/12/2009 : La route de Cormac McCarthy [2006]
Edit du 11/01/2010 : Le couperet de Donald Westlake [1997]
Edit du 17/01/2010 : Car de Harry Crews [1972]

5/5, challenge accompli ! Mais comme j'aime ça, je repars pour 5 livres de plus !

Edit du 12/04/2010 : De sang-froid de Truman Capot [1965]
Edit du 15/04/2010 : Netherland de Joseph O'Neill [2008]
Edit du 22/04/2010 : Gatsby le Magnifique de Francis Scott Fitzgerald [1925]
Edit du 07/05/2010 : Un homme de Philip Roth [2006]
Edit du 10/05/2010 : Sukkwan Island de David Vann [2008]

10/10 : challenge re-accompli ! Mais comme j'aime toujours ça, je repars denouveau pour 5 de plus !

Edit de 30/05/2010 : Le boxeur manchot de Tennesse Williams [1945-1954]
Edit du 08/06/2010 : Désert américain de Percival Everett [2004]
Edit du 11/06/2010 : Pourfendeur de nuages de Russell Banks [1998]
Edit du 28/07/2010 : La Chambre aux échos de Richard Powers [2006]
Edit du 26/01/2011 : Frères de sang de Richard Price [1976]

Et voilà, cette fois c'est bel est bien fini, challenge accompli !

02/11/2009

Contretemps – Charles Marie (2009)

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Contretemps.gifMelvin Epineuse, dandy aussi flegmatique que lunaire, est engagé par une étrange société secrète pour retrouver Bruno Bar, un excentrique de ses amis. Partant du principe que l'on ne retrouve facilement que ce que l'on ne cherche pas, Melvin part, au hasard, pour Florence, où il rencontre la belle Lorraine qui l'entraîne dans une soirée mondaine dans la Catacombe, soirée brusquement interrompue par une fusillade...

« Assis par terre dans sa chambre devant le thé au goût de vieille terre moite qu'il affectionnait, il méditait sur la meilleure façon de retrouver le disparu. Ce qu'il lui fallait, c'était une méthode. Une méthode de recherche. Comme il n'avait jamais cherché à retrouver personne auparavant, il prit pour point de départ l'agonie familière que lui infligeait la disparition quotidienne de ses clés, évaporées. Il retournait alors chaque objet de son appartement, soupçonnant des pires conspirations des recoins où il n'était pourtant jamais allé, en découvrant ainsi beaucoup de nouveaux, les retrouvant finalement, le plus souvent dans sa poche, parfois sur la porte, du coté extérieur. Il décidait alors, épuisé, de remettre ses projets à plus tard et de demeurer à l'intérieur pour le moment. [...]
Les rares occasions où il parvenait à retrouver rapidement ses clefs étaient celles où, épuisé par avance à l'idée de la recherche minutieuse qu'il devait entreprendre, il abandonnait dès le départ et déambulait chez lui, un livre à la main, oublieux de la haine que lui vouaient à l'évidence toutes les clés du monde.
Il décida donc de procéder de cette façon et, pour trouver l'homme, de na pas le chercher. »

C'est un curieux roman que voilà : un style poético-absurde parfois très ampoulé, un humour décalé, des situations abracadabrantesques et fantasmagoriques, un récit qui divague... Si dans un premier temps le récit et le style s'avèrent assez déroutants, on se laisse rapidement emporté par la musicalité et le rythme des phrases et des déambulations fantastico-lyriques du héros. Ainsi, passés les hésitations des premières pages, l'intérêt grandit petit à petit pour cette histoire bizarre et baroque. Hélas ! A abuser des aphorismes et autres pirouettes verbales, ce récit surréaliste se perd dans des élégances inutiles et tourne ainsi à l'exercice de style un peu vain. Il en devient obscur par moment et parfois même lassant.

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Charles Marie, Contretemps, éd. Aux forges de Vulcain, 2009, 163 pages, 15 €.

Merci à BoB et aux éditions Aux forges de Vulcain de m'avoir envoyé ce livre.