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12/02/2013

Indian Creek – Pete From [1993]

Indian Creek, Pete Fromm« Le garde commença à parler de bois à brûler. Je hochais la tête sans arrêt, comme si j'avais abattu des forêts entières avant de le rencontrer.
- Il te faudra sans doute sept cordes de bois, m'expliqua-t-il. Fais attention à ça. Tu dois t'en constituer toute une réserve avant que la neige n'immobilise ton camion.
Je ne voulais pas poser cette question, mais comme cela semblait important, je me lançai :
- Heu... C'est quoi, une corde de bois ? » (p. 28-29)

Ainsi débute le long hiver que Pete Fromm, âgé de 20 ans, s'apprête à vivre au cœur des montagnes Rocheuses de l'Idaho. Découvrir la suite...

11/09/2012

Dernière nuit à Twisted River – John Irving [2009]

Dernière nuit à Twisted River, John Irving« Le jeune Canadien – quinze ans, tout au plus – avait eu un instant d’hésitation fatal. »

New Hampshire, 1954. Dominic, dit le Cuistot, cuisine pour les draveurs qui conduisent les trains de bois sur les rivières périlleuses et vit parmi eux avec son fils de douze ans, Dany, qu’il élève seul. Jusqu’au jour où, voyant son père allongé sous une forme énorme et velue, le fils le croit dévoré par un ours : il tue le monstre supposé à coups de poêle. Hélas, l’ours en question s’avère être Jane l’indienne, la maîtresse obèse du père. Suite à cette malencontreuse méprise, père et fils fuient la vengeance obstinée du Cow-Boy "l’officiel" de la dame, crétin aviné et violent qui est aussi shérif adjoint du comté. Ils changent d’identité et bourlinguent de villes en pays, protégés de loin par Ketchum, meilleur ami du père, homme des bois archétypal, bourru, ivrogne, querelleur, à l’épithète incisif et aux idées anarchistes, porté sur la bouteille, les femmes et les flingues. Par la suite, l’enfant deviendra un écrivain célèbre, auteur de romans semi-autobiographiques dans lesquels il insère les péripéties de sa vie de cavale…

John Irving est un formidable raconteur d'histoires et un inventeur de personnages hors pair ! Ainsi le cuisinier boiteux et son fils trop imaginatif vont croiser, durant leur cavale, une foultitude de personnages excentriques : Katie, qui fait des enfants pour éviter le Vietnam à ses amants ; Tombe-du-Ciel, ange à temps partiel et parachutiste-nudiste ; Pam Pack-de-six, hommasse forte en gueule…

John Irving est aussi un virtuose de la construction romanesque et il bâtit ici une intrigue réglée au millimètre, foisonnante et impossible à résumer. Et si, pendant les premières pages, on se demande où il veut en venir avec cette histoire de bûcherons rustres qui met du temps à démarrer, on se retrouve vite totalement ferré ! Car Irving s’amuse, il joue avec le lecteur pour mieux le surprendre. Il fait des clins d’œil à ses livres précédents, il enchevêtre le grave et le loufoque, il désamorce les scènes les plus tragiques par l’incongruité des situations et la gouaille des personnages, et il couvre trois générations de l'histoire des Etats-Unis, du Vietnam à Bush Jr…

On retrouve dans ce roman les thèmes récurrents chez Irving : l’absence d’un parent, la perte de l’être aimé, ou plutôt la crainte de la perte de l’être aimé, la sexualité (toujours très troublée chez John Irving), et la condition de l’écrivain. Car ce roman est aussi une superbe réflexion sur le métier de romancier et sur le rapport insaisissable entre fiction et réalité.

Dernière nuit à Twisted River est un roman bourré de tragédies, mais fondamentalement optimiste ; une œuvre loufoque qui à la fois permet de divertir et de donner matière à penser, sur le monde tel qu’il va, ou tel qu’il ne va pas.

Du grand Irving, comme je l’aime.

« J'écris des fictions de désastre et je le revendique. J'en ai assez que des gens conventionnels, sans problèmes, jugent mes romans "bizarres". Ces gens qui vivent des petites vies rangées, à l'abri du chaos du monde, ne peuvent imaginer que le chaos puisse troubler l'existence de gens moins favorisés. » John Irving

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e%2045.gif John Irving, Dernière nuit à Twisted River (Last Night In Twisted River), traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Josée Kamoun, éd. Seuil, 2011 (2009), 561 pages, 23.10 €.

Du même auteur : L'Epopée du buveur d'eau, Le monde selon Garp & Une veuve de papier.

17/01/2012

Misery – Stephen King [1987]

Misery, Stephen KinMisery Chastain est morte. Tuée par Paul Sheldon. Qui ne la supportait plus. Fini les best-sellers romantiques dont elle était l'héroïne ! Enfin libéré de son personnage, l'écrivain Paul Sheldon va pouvoir se consacrer à des romans plus "sérieux", de la "vrai" littérature ! Découvrir la suite...

27/10/2011

Désolations – David Vann [2011]

Désolations, David VannCaribou Island est un îlot désert au milieu d'un lac glaciaire, en Alaska. C'est un endroit perdu à la beauté sans pitié. Après avoir élevé leurs enfants sur les bords du lac, Gary et Irène ont décidé de s'installer sur cette île, dans une cabane de rondins qu'ils construiront de leurs mains. Gary en rêve depuis toujours. Irène, en dépit d'inexplicables maux de tête qui ne lui laissent aucun répit, le suit dans son projet fou pour ne pas le perdre. Entraînée malgré elle dans l'obsession de son mari, elle le voit peu à peu s'enliser dans son  projet démesuré. Leur fille Rhoda, tout à ses propres rêves de famille, devient le témoin du face-à-face de ses parents, tandis que s'annonce un hiver précoce et violent qui rendra l'îlot encore plus inaccessible...

Désolations est un roman choral où les personnages (tous assez détestables) prennent la parole chacun leur tour, chapitre après chapitre. Ils vont par couples, ou plutôt par paires, lesquelles se disloquent lentement... Car après la relation père-fils dans Sukkwan Island, dans Désolations David Vann sonde l'impitoyable univers familial et interroge le couple. Il suit plus particulièrement les dérives d'un couple à bout de souffle, Gary et Irène. Déçu par sa vie, Gary vient chercher sur son îlot désert une sorte de rédemption, une manière de se mesurer au monde pour enfin se trouver, entraînant à sa suite sa femme et, par ricochet, sa fille Rhoda. Et tant pis si sa famille se désagrège, et tant pis (ou tant mieux ?) si sa femme n'arrive plus à le suivre. Mais tandis que Gary s'enlise dans son projet chimérique, Irène tient bon, elle voit le désastre arriver, mais elle s'accroche malgré tout, et continue à le soutenir. A la dérive du couple Gary-Irène fait écho celle qui touchera bientôt le couple de Rhoda et de son ami Jim. Et les tourments des couples et leur folie entrent peu à peu en résonance avec la grandeur des décors et la fureur des éléments qui se déchaînent.

Portraits de vies déçues et de rêves brisés, Désolations dépeint les relations tumultueuses et destructrices qui parfois se nouent entre les êtres. Des êtres qui se débattent entre vérité et mensonges, reniements intimes, choix et contraintes, espoir et désillusions... Désolations explore les âmes, sonde les cœurs et les esprits jusqu'à mettre en évidence les sentiments les moins avouables, ceux que les personnages se cachent à eux-mêmes.

Désolations est le récit haletant d'une tragédie glaçante, implacable. C'est un roman fort, à l'angoisse insidieuse, qui se diffuse lentement, crescendo, jusqu'au choc d'une chute certes attendue mais de plus en plus redoutée au fil des pages.

Désolations un roman saisissant sur l'amour, et la solitude.

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e%2040.gif David Vann, Désolations (Caribou Island), traduit de l'américain par Laura Derajinski, éd. Gallmeister, coll. Nature Writing, 2011, 296 pages, 23 €.

Du même auteur : Sukkwan Island

Ce livre m'a été envoyé dans le cadre de l'opération de Priceminister "Les matchs de la Rentrée littéraire".

les matchs de la rentrée littéraire

07/06/2011

La reine de l'Idaho – Thomas Savage [1977]

La reine de l'Idaho, Thomas SavageUne simple lettre va bouleverser la vie de Thomas Burton, modeste écrivain cinquantenaire : une inconnue prétend être sa sœur... S'en suit une fouille acharnée dans les souvenirs et les non-dits familiaux. Thomas s'efforce de retracer l'existence de ceux qu'il croyait connaître : sa mère à la beauté altière, morte depuis longtemps déjà ; son père, un excentrique qui s'est contenté de lui donner son nom ; et surtout Emma, sa grand-mère maternelle, la fameuse reine du mouton... Petit à petit, des pans de silence s'effacent, destins extraordinaires et vies brisées se mêlent, et les drames familiaux enfin élucidés rendent la paix à la mémoire des morts.

Découvrir la suite...