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29/03/2010

La petite voix du cœur – Billie Letts [1995]

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La petite voix du coeur.gifNovalee Nation, 17 ans, enceinte de 7 mois, roule vers le soleil de la Californie avec son petit ami Willy Jack, en quête d'une vie meilleure. Mais Willy Jack est un minable sans scrupules qui l'abandonne en chemin sur le parking d'un supermarché Wal-Mart, à Sequoyah, petite ville perdue de l'Oklahoma. Sans un sou et sans personne pour l'aider, Novalee s'installe dans le supermarché et va y vivre cachée les deux derniers mois de sa grossesse, jusqu'à accoucher dans celui-ci ! Cette naissance rocambolesque crée l'événement dans la petite ville de province où elle a échoué, et quelques-uns des habitants, des marginaux hauts en couleur mais généreux, vont "adopter" Novalee et son bébé et petit à petit constituer leur "famille de cœur".

Dégoulinant d'angélisme et de bons sentiments, ce roman très "fleur-bleue" n'est vraiment pas convaincant. L'héroïne est d'une niaiserie confondante ; les personnages secondaires sont tous des gens simples mais bons et d'un optimisme béat malgré les catastrophes de leurs vies ; l'histoire en elle-même est convenue, tire-larmes par moment, mais positive au final ; et les passages plus graves (l'agression de la famille de Lexie par exemple) sont expédiés en quelques pages et surmontés par les personnages avec une facilité ahurissante. L'auteur ne nous épargne donc aucun poncif, de la scène "viol en prison" à l'épisode "pédophilie", du personnage de l'ex-alcoolique qui a trouvé Dieu à celui du méchant-puni-à-la-fin-et-qui-se-repend, en passant par le gentil bibliothécaire qui déniaise notre héroïne grâce au pouvoir des livres... Héroïne qui, bien sûr, malgré tous les malheurs s'abattant continuellement sur elle, ne se départie jamais de sa belle détermination, et dont la persévérance sera récompensée : elle finira par trouver une situation stable, des amis sûrs et même... l'amûûûr !

Bref, un roman gnangnan, à l'image de son titre, dans lequel les bons sentiments et la solidarité triomphent de tous les malheurs du monde... Caricatural !

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Billie Letts, La petite voix du cœur (Where the Heart Is), traduit de l'américain par Thierry Arson, éd. Pocket, 2000 (1995), 390 pages.

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Un livre proposé par Doriane.

Les avis de Hathaway, Stephie, Fashion, Yueyin, Isil, Levraoueg, Armande, Keisha, Chimère, Pascale, Goelen, Yoshi & Leiloona.

24/03/2010

Le Montespan – Jean Teulé et Philippe Bertrand [2010]

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BD Le Montespan.gif« Ratatinée, guenipe, vieille ripopée ! Bouge tes fesses et va me chercher ma femme, ou je t'explose le fondement ! »

C'est l'histoire du cocu le plus fameux de l'Ancien Régime, Louis Henri de Montespan, qui épousa le 18 janvier 1663 la somptueuse Françoise de Rochechouart qui devint quatre ans plus tard LA Montespan, favorite de Louis XIV. C'est l'histoire d'un amoureux transi, d'un cocu magnifique qui refuse de voir sa femme partager la couche d'un autre, serait-ce celle du Roi Soleil. Avec panache il va, sa vie durant, œuvrer pour le retour de sa femme, quitte à harceler le souverain et braver l'autorité royale. Ainsi, il repeint son carrosse en noir, l'orne de monumentales cornes, organise les funérailles de son amour perdu... et crée le scandale à la Cour !

En 2008, Jean Teulé faisait un best-seller de cette histoire rocambolesque ; aujourd'hui, il en signe avec Philippe Bertrand l'adaptation en bande dessinée. Mais si on trouve dans cette BD l'essentiel du récit et quelques belles répliques, on n'y retrouve pas pour autant la verve du roman et la démesure des personnages qui ont perdu de leur fulgurance et de leur caractère. Le Montespan, personnage insolent, truculent et plein de panache, devient ici plus doux (plus mou) et mélancolique, affadi ; et La Montespan, ribaude à la cuisse légère et à la repartie piquante et spirituelle, parait simplement vénale et quelque peu niaise. Quant au dessin, composé de traits simples et de couleurs en lavis, il contribue à édulcorer tant les personnages que les décors au lieu de les incarner.

Bref, une adaptation un peu fade d'une histoire pourtant savoureuse et rocambolesque.

(A noter qu'un projet d'adaptation cinématographique par Antoine de Caunes est en cours, avec Daniel Auteuil dans le rôle du cocu magnifique ! A suivre...)

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Le Montespan
Scénario et dessin de Philippe Bertrand
D'après le roman de Jean Teulé
Ed. Delcourt, coll. Mirages, dépôt légal 02/2010, 110 planches, 14,95 €.

livres, critiques citations et bibliothèques en ligne sur Babelio.com

18/03/2010

Le voyage à Perros – Jacques Thomassaint [2004]

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Le voyage à Perros.gif« Au moment où la pointe du couteau s'engage dans le gros pain rond, de petits coups brefs frappent à la porte d'entrée. Ambroise se lève lentement, tourne le verrou...
Une toute jeune fille blonde se tient dans la lumière du seuil, un sac de voyage à la main. Elle tremble.
- Grand-père, c'est moi... Anne...
- Je vois bien que c'est toi, petite ! Entre ! »

Ambroise est un vieil homme un peu désabusé, délaissé par sa famille, et qui s'apprête à passer Noël seul, encore une fois. Anne est une ado de treize ans envahie de doutes et d'incertitudes, qui s'interroge sur son père. En quête de réponses et de réconfort, elle fugue et se réfugie chez son grand-père Ambroise qui lui ouvre sa porte, sans poser de question...

En quelques lignes, on saisit la solitude du grand-père, son attachement à son coin de Bretagne, et sa nostalgie. En quelques mots, on comprend le désarroi de la petite fille et ses doutes. En quelques pages, le grand-père et la petite fille se rencontrent, s'apprivoisent, s'offrent attention, réconfort et tendresse, et quelques jours de parenthèse enchantée avant de reprendre le cours ordinaire de leurs vies dissociées.

Une histoire simple et charmante, et aussi un peu cliché il est vrai (la Bretagne tourmentée par la tempête, le grand père bourru au cœur tendre, la petite fille débrouillarde, le routier au grand cœur, etc), mais cela fait tout de même un bien joli petit conte de Noël...

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Jacque Thomassaint, Le voyage à Perros, éd. Le Petit Pavé, coll. Obzor, 2004, 83 pages, 9 €.

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Un livre proposé par Bladelor.

Les avis de Doriane, Hathaway, Stephie, Fashion, Yueyin, Isil, Levraoueg, Armande, Keisha, Chimère, Pascale, Yoshi & Leiloona.

16/03/2010

Le mec de la tombe d’à côté – Katarina Mazetti [1998]

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Le mec de la tombe d'à côté.gifRégulièrement, elle vient se recueillir sur la tombe de son mari qui a eu le mauvais goût de mourir trop jeune. Tout aussi régulièrement, il vient bavarder avec sa maman décédée. Lui, c'est Benny, un grand gaillard bourru qui sent le fumier. Faut dire que depuis le décès de sa mère, il vit seul à la ferme familiale avec ses vingt-quatre vaches et quelques moutons. Et il s'en sort comme il peut, de façon assez "rustique", et grâce à une bonne dose d'humour et d'autodérision. Elle, c'est Désirée, bibliothécaire de métier et citadine pragmatique qui vit dans un appartement blanc tendance aseptisé, et qui s'agace autant de l'apparence du mec de la tombe d'à côté que de sa stèle tape-à-l'œil. Lui s'énerve tout autant contre la "Crevette" qui occupe le banc au cimetière avec lui, avec son bonnet de feutre, son carnet de poésie et sa stèle spartiate. Ils se croisent, se lorgnent, se jaugent, et se déplaisent chaque fois un peu plus. Il suffira pourtant d'un malentendu, d'un sourire qui éclate simultanément sur leurs lèvres pour qu'ils soient tous deux éblouis...

Dans ce roman à deux voix, la crevette et le bouseux racontent, par chapitres intercalés, chacun sa version de leur histoire d'amour improbable et nous entraînent dans les méandres de leurs émois amoureux. Car Le Mec de la tombe d'à côté est une vraie histoire d'amour pas fleur-bleue : l'union des corps, puis des cœurs, au-delà des codes sociaux... pour un final désenchanté.

Car, bien que caustique, drôle et tendre, cette histoire n'est pas aussi légère qu'elle y paraît : Katarine Mazetti nous emmène, sans avoir l'air d'y toucher, vers des questions naïves mais redoutables : l'amour peut-il surpasser l'appartenance sociale ? A quoi renoncer pour sauver l'essentiel ? Doit-on forcément abandonner nos illusions romantiques en contrepartie d'un confort de vie normalisé ?

Alors, certes, ce roman manque parfois de nuance, car à trop vouloir marquer l'écart socioculturel entre cet homme et cette femme, rat des champs et souris de bibliothèque que tout oppose, l'auteur frôle parfois la caricature. Heureusement, une bonne dose d'humour et de tendresse compense les quelques maladresses du récit !

« "Amour" est le besoin de variation génétique de notre espèce, sinon il suffirait qu'il y ait des femelles qui se multiplient par parthénogenèse. » (p. 23)

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Katarine Mazetti, Le mec de la tombe d'à côté (Grabben i graven bredvid), traduit du suédois par Lena Grumbach et Catherine Marcus, éd. Actes Sud, coll. Babel, 2009 (1998), 253 pages, 7,50 €.

05/03/2010

Laure du bout du monde – Pierre Magnan [2006]

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Laure du bout du monde.gifLaure est né à « l'extrême bord du monde », comprenez à Eourres, petit village de Provence, perdu entre les montagnes sculptées par le vent. Un pays sans grâce, un coin sauvage, reculé, isolé et silencieux, un endroit où la nature ne laisse guère de place à l'humanité. Laure pèse 750 grammes lorsqu'elle naît d'une mère incapable de l'aimer. Elle n'aurait pas du survivre mais elle fut sauvée par l'amour et la prévenance de sa grand-mère et de ses tantes. Laure est une gamine tenace, qui a du caractère et qui tient à la vie. À onze mois, la voilà qui lance un tonitruant « salut la compagnie », reprenant ainsi les mots avec lesquels le facteur salue chaque matin les gens de la ferme. À 3 ans, elle apprend à lire sur le calendrier des postes, et à 6 ans, à conduire le troupeau. Et dans la ferme où chaque jour la tâche, difficile, se répète, personne, jamais, ne prononce le mot aimer.

« Qu'est-ce que ça veut dire aimer ?
- Je l'ai lu dans un livre, dit Laure.
- A la maison, depuis que je suis né, personne, tu entends bien ? personne ! n'a jamais prononcé ce mot. Le mot aimer et le mot tendresse n'ont jamais fait souche ici. Le bonheur, ajouta le grand-père, c'est une distraction de riches ! »

Mais Laure sait lire le monde, apprécier les poiriers en fleur et les parterres de muguet, et elle garde, toujours, une indomptable joie de vivre. Et elle ne se résigne pas. Elle sera ainsi sauvée d'un destin tout tracé par sa curiosité du monde, son amour des livres et du savoir, mais restera liée à jamais au pays rude qui l'a vu naître et qu'elle ne renie pas.

Pierre Magnan livre avec ce roman le joli portrait d’une petite fille tenace et attachante, une histoire simple où l'on se glisse sans peine. Au fil de la lecture sourd un sentiment de tristesse et de tendresse mêlée pour cette petite fille courage bien malmenée par la vie. Toutefois, la succession de difficultés et de malheurs que rencontre Laure paraît excessive : le procédé, trop démonstratif, alourdit quelque peu le récit.

Ce roman est aussi une plongée dans un naguère qui longtemps parut immuable mais qui pourtant actuellement se délite, inexorablement. Et l'on ressent toute la nostalgie de l'auteur pour cette vie rurale qui disparaît peu à peu et à laquelle il rend hommage.

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Pierre Magnan, Laure du bout du monde, éd. Gallimard, coll. Folio, 2007 (2006), 293 pages, 7,10 €.

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Un livre proposé par Hathaway.

Les avis de Stéphie, Fashion, Yueyin, Isil, Levraoueg, Armande, Keisha, Chimère, Pascale, Yoshi, Leiloona & Restling.