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16/12/2012

[théâtre] « Le développement de la civilisation à venir » de Daniel Veronese, d'après « Une maison de poupée » d'Henrik Ibsen

Le metteur en scène argentin Daniel Veronese propose ici sa version d'Une Maison de poupée d'Henrik Ibsen, dans un remarquable mélange d'audace et d'absolue fidélité : fidélité à l'argument principal de la pièce d'origine (datant de 1879), audace quant à son adaptation. Pour en souligner l'acuité toute contemporaine, il choisit de recentrer l'action en en réduisant le nombre de protagonistes et en la transposant de nos jours, quelque part en Amérique latin. Ainsi, l'adaptation de Veronese nous parle d'aujourd'hui : de la crise, du couple et de la place de la femme. Découvrir la suite...

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Photographie de Sergio Chiossone.

16/03/2010

Le mec de la tombe d’à côté – Katarina Mazetti [1998]

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Le mec de la tombe d'à côté.gifRégulièrement, elle vient se recueillir sur la tombe de son mari qui a eu le mauvais goût de mourir trop jeune. Tout aussi régulièrement, il vient bavarder avec sa maman décédée. Lui, c'est Benny, un grand gaillard bourru qui sent le fumier. Faut dire que depuis le décès de sa mère, il vit seul à la ferme familiale avec ses vingt-quatre vaches et quelques moutons. Et il s'en sort comme il peut, de façon assez "rustique", et grâce à une bonne dose d'humour et d'autodérision. Elle, c'est Désirée, bibliothécaire de métier et citadine pragmatique qui vit dans un appartement blanc tendance aseptisé, et qui s'agace autant de l'apparence du mec de la tombe d'à côté que de sa stèle tape-à-l'œil. Lui s'énerve tout autant contre la "Crevette" qui occupe le banc au cimetière avec lui, avec son bonnet de feutre, son carnet de poésie et sa stèle spartiate. Ils se croisent, se lorgnent, se jaugent, et se déplaisent chaque fois un peu plus. Il suffira pourtant d'un malentendu, d'un sourire qui éclate simultanément sur leurs lèvres pour qu'ils soient tous deux éblouis...

Dans ce roman à deux voix, la crevette et le bouseux racontent, par chapitres intercalés, chacun sa version de leur histoire d'amour improbable et nous entraînent dans les méandres de leurs émois amoureux. Car Le Mec de la tombe d'à côté est une vraie histoire d'amour pas fleur-bleue : l'union des corps, puis des cœurs, au-delà des codes sociaux... pour un final désenchanté.

Car, bien que caustique, drôle et tendre, cette histoire n'est pas aussi légère qu'elle y paraît : Katarine Mazetti nous emmène, sans avoir l'air d'y toucher, vers des questions naïves mais redoutables : l'amour peut-il surpasser l'appartenance sociale ? A quoi renoncer pour sauver l'essentiel ? Doit-on forcément abandonner nos illusions romantiques en contrepartie d'un confort de vie normalisé ?

Alors, certes, ce roman manque parfois de nuance, car à trop vouloir marquer l'écart socioculturel entre cet homme et cette femme, rat des champs et souris de bibliothèque que tout oppose, l'auteur frôle parfois la caricature. Heureusement, une bonne dose d'humour et de tendresse compense les quelques maladresses du récit !

« "Amour" est le besoin de variation génétique de notre espèce, sinon il suffirait qu'il y ait des femelles qui se multiplient par parthénogenèse. » (p. 23)

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Katarine Mazetti, Le mec de la tombe d'à côté (Grabben i graven bredvid), traduit du suédois par Lena Grumbach et Catherine Marcus, éd. Actes Sud, coll. Babel, 2009 (1998), 253 pages, 7,50 €.