16/03/2010
Le mec de la tombe d’à côté – Katarina Mazetti [1998]
Genre : Chabadabada... et patatras !
Régulièrement, elle vient se recueillir sur la tombe de son mari qui a eu le mauvais goût de mourir trop jeune. Tout aussi régulièrement, il vient bavarder avec sa maman décédée. Lui, c'est Benny, un grand gaillard bourru qui sent le fumier. Faut dire que depuis le décès de sa mère, il vit seul à la ferme familiale avec ses vingt-quatre vaches et quelques moutons. Et il s'en sort comme il peut, de façon assez "rustique", et grâce à une bonne dose d'humour et d'autodérision. Elle, c'est Désirée, bibliothécaire de métier et citadine pragmatique qui vit dans un appartement blanc tendance aseptisé, et qui s'agace autant de l'apparence du mec de la tombe d'à côté que de sa stèle tape-à-l'œil. Lui s'énerve tout autant contre la "Crevette" qui occupe le banc au cimetière avec lui, avec son bonnet de feutre, son carnet de poésie et sa stèle spartiate. Ils se croisent, se lorgnent, se jaugent, et se déplaisent chaque fois un peu plus. Il suffira pourtant d'un malentendu, d'un sourire qui éclate simultanément sur leurs lèvres pour qu'ils soient tous deux éblouis...
Dans ce roman à deux voix, la crevette et le bouseux racontent, par chapitres intercalés, chacun sa version de leur histoire d'amour improbable et nous entraînent dans les méandres de leurs émois amoureux. Car Le Mec de la tombe d'à côté est une vraie histoire d'amour pas fleur-bleue : l'union des corps, puis des cœurs, au-delà des codes sociaux... pour un final désenchanté.
Car, bien que caustique, drôle et tendre, cette histoire n'est pas aussi légère qu'elle y paraît : Katarine Mazetti nous emmène, sans avoir l'air d'y toucher, vers des questions naïves mais redoutables : l'amour peut-il surpasser l'appartenance sociale ? A quoi renoncer pour sauver l'essentiel ? Doit-on forcément abandonner nos illusions romantiques en contrepartie d'un confort de vie normalisé ?
Alors, certes, ce roman manque parfois de nuance, car à trop vouloir marquer l'écart socioculturel entre cet homme et cette femme, rat des champs et souris de bibliothèque que tout oppose, l'auteur frôle parfois la caricature. Heureusement, une bonne dose d'humour et de tendresse compense les quelques maladresses du récit !
« "Amour" est le besoin de variation génétique de notre espèce, sinon il suffirait qu'il y ait des femelles qui se multiplient par parthénogenèse. » (p. 23)
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Katarine Mazetti, Le mec de la tombe d'à côté (Grabben i graven bredvid), traduit du suédois par Lena Grumbach et Catherine Marcus, éd. Actes Sud, coll. Babel, 2009 (1998), 253 pages, 7,50 €.
21/01/2010
Celui qu'on ne voit pas – Mari Jungstedt [2003]
Après s'être disputée avec son compagnon lors d'une fête donnée dans leur maison de campagne, Helena Hillerström sort promener son chien le long de la plage. Mais bientôt, cernée par un épais brouillard, elle sent qu'on la suit... Quelques heures plus tard son cadavre, sauvagement mutilé, est retrouvé avec à ses côtés celui de son chien décapité.
Frida Lindh, une jeune mère de famille, quitte le bar où elle a passé la soirée avec ses amies. Malgré la nuit et sa légère ébriété, elle prend son vélo pour rentrer chez elle. Les rues sont désertes pourtant, elle n'est pas seule, une ombre la suit : celui qu'on ne voit pas...
Le commissaire Anders Knutas et son équipe mènent l'enquête, forcément complexe, sous la pression des médias, notamment celle du journaliste Johan Berg, qui s'avère bien informé...
Des chapitres courts, un rythme soutenu, un ton vif, des personnages attachants (le commissaire Anders Knutas un peu au-dessus de la mêlée) et un environnement dépaysant (l'île de Gotland, en Suède) avec une ambiance nordique des plus plaisante : un bon premier polar d'une série à suivre, une agréable lecture-détente.
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Mari Jungstedt, Celui qu'on ne voit pas (Den Du Inte Ser), traduit du suédois par Maximilien Stadler, éd. Plon, coll. Policier, 2007 (2003), 358 pages, 21 €.
07:30 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : littérature suédoise, polar, suède, gotland, serial killer