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25/01/2012

Le martyre des Magdalènes - Ken Bruen [2003]

Le martyre des Magdalènes, Ken BruenDepuis Delirium tremens Jack Taylor, ex-flic viré pour abus en tous genres reconverti en privé, n'a pas dessoûlé. Il écluse les pintes de Guinness au comptoir de son pub préféré tout en s'interrogeant sur le sens de sa vie : qui suis-je ? Où vais-je ? ... Il faut dire que pour lui, la vie, c'est dur. Plus de famille, peu d'amis, et des affaires plutôt foireuses. Car Taylor a le chic pour exhumer des crimes crapoteux. Le voilà sommé par un caïd local de retrouver "l'ange des Magdalènes", la femme qui aurait aidé sa mère à fuir le couvent des Magdalènes. Ce couvent de la très catholique Irlande accueillait dans les années 1960 des filles-mères reniées par leurs familles et leur faisait laver leurs péchés en nettoyant les sols et en travaillant comme blanchisseuses. Sévices compris.

Narquois et raffiné, Ken Bruen prend un malin plaisir à tordre toute intrigue classique. La narration est décousue, entrecoupée des délires éthyliques et euphoriques de Jack, et l'enquête tourne court, se résolvant quasiment sans l'intervention de Jack. Mais l'enquête en soi n'est pas le principal. Le principal, c'est Jack. Et le lecteur est happé dans les affres de Galway (ville irlandaise où se croisent dealers et touristes) et les tourments de Jack : insomnie, solitude, dépression, alcool, drogues, excès, tentative de rédemption, échec. Si ce n'est pas du désespoir, ça y ressemble... « Le mot irlandais qui correspond à la tristesse est "bronach". Mais il signifie tellement plus. Il est voisin de la désolation, et mon cœur en était transpercé. »

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e%2030.gif Ken Bruen, Le martyre des Magdalènes (Magdalen martyrs), éd. Gallimard, coll. folio policier, 2008 (2003), 365 pages, 7,30 €.

Du même auteur : Delirium tremens.

16/09/2011

L'homme qui rêvait d'enterrer son passé – Neil Cross [2009]

L'homme qui rêvait d'enterrer son passé, Neil CrossTrop d'alcool, trop de drogue, et la fête tourne mal : Bob et Nathan se retrouve avec un cadavre sur les bras. Paniqués, terrifiés, ils décident d'enterrer la fille dans les bois. Puis c'est le silence. Quinze années durant lesquelles chacun tente d'oublier et de reconstruire sa vie. Mais un jour, Bob frappe à la porte de Nathan...

L'homme qui rêvait d'enterrer son passé est le récit d'une descente aux enfers, l'histoire d'un homme (Nathan) hanté par la culpabilité et aux prises avec les conséquences de la tragédie d'un soir qui va dévorer toute son existence.

En effet Nathan va passer sa vie à tenter de garder son secret et à essayer de ne pas se faire prendre. Entretenant un semblant de normalité sociale et professionnelle, Nathan se place pourtant en permanence au bord du gouffre, ne pouvant s'empêcher de revenir sur ce qu'il a fait. Il va additionner les mauvais choix, prendre des risques insensés et commettre quelques actions totalement déroutantes, voire malsaines. Car Nathan, complètement obsédé (et même fasciné) par ce qu'il a fait, éperonné par la peur et la culpabilité, s'enferre dans une situation intenable et se piège lui-même. Et finalement la tension, le suspens, vient justement de là : combien de temps va-t-il réussir à tenir ?

L'homme qui rêvait d'enterrer son passé est une franche réussite, porté par une écriture certes classique mais efficace et une construction déroutante. C'est un roman original et malin, un thriller singulier qui ne recèle pas de grandes scènes d'actions mais une tension psychologique permanente. Et si l'histoire commence en mode mineur, elle ne cesse de piéger son lecteur, à l'instar de ses personnages !

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e%2035.gif Neil Cross, L'homme qui rêvait d'enterrer son passé (Burial), éd. 10/18, 2011 (2009), 357 pages, 8,20 €.

02/02/2011

Delirium Tremens – Ken Bruen [2001]

Delirium tremens, Ken BruenAncien flic viré pour avoir sciemment écrasé son poing sur le visage d'un politicien, Jack Taylor traîne son mal de vivre dans les pubs des quartiers populaires de Galway. Entre deux gorgées de cafés noyés au brandy et une rasade de Guinness, il laisse vaguement entendre aux poivrots de son entourage qu'il pourrait être un bon détective privé. Ann Henderson, qui ne croit pas au suicide de sa fille de seize ans, vient le trouver au comptoir qui lui sert de bureau et lui demande d’enquêter. « On l'a noyée » sont les mots qu'elle a entendus au téléphone... de quoi ne plus dormir. Surtout si d'autres gamines ont subi le même sort. Surtout si la police classe tous les dossiers un par un...

Jack Taylor est désabusé et alcoolique. En chute libre. Du style à cogner avant de penser et à s'imaginer qu'il peut se confronter à des adversaires plus costauds que lui. En plus, il ne choisit pas très bien ses amis, a une morale contestable et un sens de la justice expéditive. Bref, un énième personnage de pseudo-flic pas net et imbibé, qui trimbale sa déprime me direz-vous... Certes. Oui. Mais pas que. Car l'ex-flic, outre d'alcool, se nourrit aussi de littérature, surtout de polars, mais cite aussi Henry James ou Charles Dickens...

« J'étais devenu un bibliophile dans le vrai sens du terme. Je n'aimais pas seulement lire, j'aimais les livres eux-mêmes. J'avais appris à en apprécier l'odeur, la reliure, l'impression, le contact des ouvrages entre mes mains. » (p. 149)

Le roman est donc parsemé de citations littéraires et de bribes de poèmes  (et aussi de références musicales, parfois obscures pour moi) qui, toutes, célèbrent la noirceur de l'existence. Et j'avoue avoir eu un faible pour ce narrateur loser dont le seul recours dans la vie est la littérature.

Quant à l'enquête, elle progresse sans Jack qui, embrumé par les vapeurs d'alcool et les black-out, se laisse entraîner par les évènements et ne maîtrise rien. Jack ne joue qu'un rôle assez passif, tout se résolvant quasiment sans lui.

Et finalement, ce n'est pas tant l'intrigue policière qui retient le lecteur que le personnage de Jack, le contexte (cette Irlande des bas fonds, crasseuse, miséreuse, violente et déprimante, à l'opposé des clichés touristiques) et surtout le style brut de Ken Bruen : les chapitres sont courts, les phrases sont sèches et hachées, le langage cru et direct, les dialogues vifs et percutants, le propos désespéré, mais relevé (d'un peu) d'humour, noir bien sûr. Et, sous la noirceur ambiante, un (mince) éclat d'humanité. Juste de quoi (peut-être) ne pas se foutre en l'air ?

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e%2035.gifKen Bruen, Delirium Tremens (The guards), traduit de l'anglais (Irlande) par Jean Esch, éd. Gallimard, coll. folio policier, 2006 (2001), 383 pages, 8,40 €.

Du même auteur : Le martyre des Magdalènes.

12/04/2010

De sang-froid – Truman Capote [1965]

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De sang-froid.gif15 novembre 1959 : les quatre membres de la famille Clutter, des fermiers du Kansas, sont assassinés, dans leur maison. Quelques dollars et un poste de radio sont volés : un mobile qui paraît bien futile pour un tel massacre. Truman Capote, fasciné par ce fait-divers, se rend sur les lieux, mène une enquête très minutieuse, et remonte le fil de l'histoire : il rencontre et questionne les amis de la famille, les témoins, les enquêteurs... ainsi que les deux tueurs, Perry Smith et Richard Hickock, quand ils sont arrêtés, et pendant leur incarcération. En 1965, Smith et Hicock sont exécutés, et Truman Capote publie De sang-froid, sa relation de leur crime. Découvrir la suite...

21/01/2010

Celui qu'on ne voit pas – Mari Jungstedt [2003]

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Celui qu on ne voit pas.gifAprès s'être disputée avec son compagnon lors d'une fête donnée dans leur maison de campagne, Helena Hillerström sort promener son chien le long de la plage. Mais bientôt, cernée par un épais brouillard, elle sent qu'on la suit... Quelques heures plus tard son cadavre, sauvagement mutilé, est retrouvé avec à ses côtés celui de son chien décapité.
Frida Lindh, une jeune mère de famille, quitte le bar où elle a passé la soirée avec ses amies. Malgré la nuit et sa légère ébriété, elle prend son vélo pour rentrer chez elle. Les rues sont désertes pourtant, elle n'est pas seule, une ombre la suit : celui qu'on ne voit pas...
Le commissaire Anders Knutas et son équipe mènent l'enquête, forcément complexe, sous la pression des médias, notamment celle du journaliste Johan Berg, qui s'avère bien informé...

Des chapitres courts, un rythme soutenu, un ton vif, des personnages attachants (le commissaire Anders Knutas un peu au-dessus de la mêlée) et un environnement dépaysant (l'île de Gotland, en Suède) avec une ambiance nordique des plus plaisante : un bon premier polar d'une série à suivre, une agréable lecture-détente.

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Mari Jungstedt, Celui qu'on ne voit pas (Den Du Inte Ser), traduit du suédois par Maximilien Stadler, éd. Plon, coll. Policier, 2007 (2003), 358 pages, 21 €.