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24/03/2010

Le Montespan – Jean Teulé et Philippe Bertrand [2010]

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BD Le Montespan.gif« Ratatinée, guenipe, vieille ripopée ! Bouge tes fesses et va me chercher ma femme, ou je t'explose le fondement ! »

C'est l'histoire du cocu le plus fameux de l'Ancien Régime, Louis Henri de Montespan, qui épousa le 18 janvier 1663 la somptueuse Françoise de Rochechouart qui devint quatre ans plus tard LA Montespan, favorite de Louis XIV. C'est l'histoire d'un amoureux transi, d'un cocu magnifique qui refuse de voir sa femme partager la couche d'un autre, serait-ce celle du Roi Soleil. Avec panache il va, sa vie durant, œuvrer pour le retour de sa femme, quitte à harceler le souverain et braver l'autorité royale. Ainsi, il repeint son carrosse en noir, l'orne de monumentales cornes, organise les funérailles de son amour perdu... et crée le scandale à la Cour !

En 2008, Jean Teulé faisait un best-seller de cette histoire rocambolesque ; aujourd'hui, il en signe avec Philippe Bertrand l'adaptation en bande dessinée. Mais si on trouve dans cette BD l'essentiel du récit et quelques belles répliques, on n'y retrouve pas pour autant la verve du roman et la démesure des personnages qui ont perdu de leur fulgurance et de leur caractère. Le Montespan, personnage insolent, truculent et plein de panache, devient ici plus doux (plus mou) et mélancolique, affadi ; et La Montespan, ribaude à la cuisse légère et à la repartie piquante et spirituelle, parait simplement vénale et quelque peu niaise. Quant au dessin, composé de traits simples et de couleurs en lavis, il contribue à édulcorer tant les personnages que les décors au lieu de les incarner.

Bref, une adaptation un peu fade d'une histoire pourtant savoureuse et rocambolesque.

(A noter qu'un projet d'adaptation cinématographique par Antoine de Caunes est en cours, avec Daniel Auteuil dans le rôle du cocu magnifique ! A suivre...)

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Le Montespan
Scénario et dessin de Philippe Bertrand
D'après le roman de Jean Teulé
Ed. Delcourt, coll. Mirages, dépôt légal 02/2010, 110 planches, 14,95 €.

livres, critiques citations et bibliothèques en ligne sur Babelio.com

21/01/2009

Le Roi-Soleil se lève aussi – Philippe Beaussant (2000)

Genre : 24 heures dans la peau de Louis XIV

Le Roi Soleil se lève aussi.gif« Qui êtes-vous quand votre père vous demande : "Comment vous nommez-vous ?" et que vous répondez à l'âge de quatre ans : "Je m'appelle Louis Quatorze" ? Et qu'en outre le père réplique : "Pas encore, mon fils, pas encore." »

Le propos de ce livre est donc de déceler l'homme sous la couronne. Vaste entreprise si l'on songe qu'en ce Grand Siècle (le XVIIe) l'individu est indissociable de sa fonction et de son rang social ! Alors, pour comprendre la vie du plus grand des rois, Philippe Beaussant nous invite à le suivre heure par heure sur une journée. On voit sa nourrice pénétrer, toujours la première, avant le Lever, dans sa chambre d'apparat : « Elle allait le baiser dans son lit » (dixit Saint Simon). Pendant la journée, on se régale des mille détails du cérémonial protocolaire, le Roi s'offrant en permanence, à table, à cheval, sur sa chaise percée, à l'admiration de ses sujets. La représentation théâtrale est son quotidien et se joue sans relâche, et le défilé des figurants, où chacun connaît son rôle à la perfection, est continu.

Tout, dans cette analyse de l'air du temps royal, dans l'étude du caractère du monarque, passionne, instruit et distrait. Car non seulement Philippe Beaussant apporte un soin évident à l'exactitude des faits rapportés, mais il le fait avec humour et élégance. Tout est expliqué, remis en contexte, disséqué, exploré, chaque micro-événement de la journée du roi étant prétexte à d'autres rappels sur le roi et son règne. Et le moindre détail nous dévoile la réalité d'un monde dont on ignore finalement beaucoup, la plume alerte de Philippe Beaussant remettant en place pas mal d'idées reçues :

« Ainsi va l'Histoire. C'est une bâtisse édifiée à l'aide de blocs d'images toutes faites que nous nous transmettons, souvent (mais pas toujours) sans penser à mal, mais sans davantage nous demander si elles sont vraies ou si ce sont, elles aussi, des postiches. Et quand bien même nous le saurions, l'image que nous savons inexacte reste parfois plus forte que la vérité que nous n'ignorons pas. "L'Etat, c'est moi", il ne l'a pas dit. "Après moi le déluge", Louis XV non plus. "La Garde meurt mais ne se rend pas", même pas Cambronne. Mais c'est plus fort que si c'était vrai. L'Histoire est toujours à la ressemblance de ce que nous voulons qu'elle soit. »

A la fois micro-biographie ramenée à l'échelle d'une seule journée, précis d'histoire et roman, ce livre se lit avec délectation : la plume est légère et fine, le discours limpide et le sujet passionnant !

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e%2040.gif Philippe Beaussant, Le Roi-Soleil se lève aussi, éd. Gallimard, 2000, 212 pages, 13,42 €.

11/09/2008

Le Montespan – Jean Teulé (2008)

Genre : cocasse roman presque historique

23a3dc3544a5ca65089a3b737eab61d1.gif« Louis-Henri, être cocu, c'est la chance de votre vie. »

Ce Louis-Henri-là, c'est Louis-Henri de Pardaillan, marquis de Montespan, époux de LA Montespan, célébrissime favorite de ce coureur de jupons de Louis XIV. Pour Louis-Henri, quelle chance ! Car au temps du Roi-Soleil, avoir sa femme dans le lit du monarque est un privilège ! Sauf que Louis-Henri ne l'entend pas ainsi. Car Louis-Henri est passionnément amoureux de sa Françoise voyez-vous, et il ne consent pas à la partager, serait-ce avec le Roi ! Il défie donc l'autorité royale, refuse les honneurs et prébendes, est indifférent aux menaces et procès, aux emprisonnements, à la ruine et aux tentatives d'assassinat : pour récupérer sa femme, il brave l'homme le plus puissant de la planète. Il fait repeindre son carrosse en noir et l'orne d'énormes ramures de cerf, il s'introduit de nuit dans la chambre de la reine afin de lui faire ce que le Roi se permet de faire à son épouse, il organise les funérailles de son amour défunt... Bref, il magnifie son état de cocu !

Truffé d'anecdotes aussi rocambolesques que croustillantes, navigant entre véracité historique, expressions d'époques et plume très contemporaine au style cru et sec (quoique le trait soit parfois un peu forcé), ce roman, ni vraiment historique, ni réellement romanesque, est drôle et atypique. Car la révolte du marquis cornu contre le fait du prince est désopilante ! Cet homme dont l'infortune n'a eu d'égale que son opiniâtreté à tenter de préserver son honneur, cet homme plein de panache, prêt à tout plutôt qu'à renoncer, est un personnage à la fois pathétique et grandiose, un héro excessif et superbe, ridicule et touchant. Un personnage extravagant, un naïf au cœur pur, en décalage avec la société dans laquelle il vit où l'on trompe sans états d'âme et trahit sans vergogne, à l'image de leur maître à tous, Louis XIV, le roi des dépravés.

Bref, une bien jolie farce !

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e%2030.gif Jean Teulé, Le Montespan, éd. Julliard, 2008, 352 pages, 20 €.

Du même auteur : Darling & Le Magasin des Suicides.