26/01/2009
La chaussure sur le toit – Vincent Delecroix (2007)
Au centre des dix courts chapitres de ce livre (suffisamment indépendants les uns des autres pour faire penser à des nouvelles) se trouve une chaussure perdue sur un toit de Paris. L'auteur a construit autour de cette chaussure un faisceau d'histoires tentant d'élucider sa présence en équilibre précaire sur une gouttière. Découvrir la suite...
12:45 | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : littérature, livre, roman, nouvelles
21/01/2009
Le Roi-Soleil se lève aussi – Philippe Beaussant (2000)
Genre : 24 heures dans la peau de Louis XIV
« Qui êtes-vous quand votre père vous demande : "Comment vous nommez-vous ?" et que vous répondez à l'âge de quatre ans : "Je m'appelle Louis Quatorze" ? Et qu'en outre le père réplique : "Pas encore, mon fils, pas encore." »
Le propos de ce livre est donc de déceler l'homme sous la couronne. Vaste entreprise si l'on songe qu'en ce Grand Siècle (le XVIIe) l'individu est indissociable de sa fonction et de son rang social ! Alors, pour comprendre la vie du plus grand des rois, Philippe Beaussant nous invite à le suivre heure par heure sur une journée. On voit sa nourrice pénétrer, toujours la première, avant le Lever, dans sa chambre d'apparat : « Elle allait le baiser dans son lit » (dixit Saint Simon). Pendant la journée, on se régale des mille détails du cérémonial protocolaire, le Roi s'offrant en permanence, à table, à cheval, sur sa chaise percée, à l'admiration de ses sujets. La représentation théâtrale est son quotidien et se joue sans relâche, et le défilé des figurants, où chacun connaît son rôle à la perfection, est continu.
Tout, dans cette analyse de l'air du temps royal, dans l'étude du caractère du monarque, passionne, instruit et distrait. Car non seulement Philippe Beaussant apporte un soin évident à l'exactitude des faits rapportés, mais il le fait avec humour et élégance. Tout est expliqué, remis en contexte, disséqué, exploré, chaque micro-événement de la journée du roi étant prétexte à d'autres rappels sur le roi et son règne. Et le moindre détail nous dévoile la réalité d'un monde dont on ignore finalement beaucoup, la plume alerte de Philippe Beaussant remettant en place pas mal d'idées reçues :
« Ainsi va l'Histoire. C'est une bâtisse édifiée à l'aide de blocs d'images toutes faites que nous nous transmettons, souvent (mais pas toujours) sans penser à mal, mais sans davantage nous demander si elles sont vraies ou si ce sont, elles aussi, des postiches. Et quand bien même nous le saurions, l'image que nous savons inexacte reste parfois plus forte que la vérité que nous n'ignorons pas. "L'Etat, c'est moi", il ne l'a pas dit. "Après moi le déluge", Louis XV non plus. "La Garde meurt mais ne se rend pas", même pas Cambronne. Mais c'est plus fort que si c'était vrai. L'Histoire est toujours à la ressemblance de ce que nous voulons qu'elle soit. »
A la fois micro-biographie ramenée à l'échelle d'une seule journée, précis d'histoire et roman, ce livre se lit avec délectation : la plume est légère et fine, le discours limpide et le sujet passionnant !
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Philippe Beaussant, Le Roi-Soleil se lève aussi, éd. Gallimard, 2000, 212 pages, 13,42 €.
08:38 | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : philippe beaussant, littérature française, france, roi soleil, louis xiv, 17e siècle
16/01/2009
Lâchons les chiens – Brady Udall (1997)
En onze nouvelles, onze instantanés de vie, Brady Udall nous plonge dans "l'Amérique profonde", celle des petits patelins paumés d'Utah et d'Arizona où il ne se passe jamais rien. Pourtant, c'est bien là que Brady Uddal situe tous ses récits, et il sait tromper l'ennui et la normalité malsaine des bleds où ces nouvelles prennent place par un recours naturel au comique et une générosité humble mais réelle. Découvrir la suite...
17:29 | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : lâchons les chiens, brady udall, littérature américaine, etats-unis, nouvelles
13/01/2009
Crime Song, La ballade de Billy Porter - Jake Arnott (2001)
Londres, années 60 : trois policiers sont abattus de sang-froid. Autour de ces meurtres naviguent Billy la petite frappe pris dans l'engrenage de la violence, Frank le flic ambitieux qui vogue en eaux troubles et Tony le dépravé, journaliste à scandales à la dérive. De l'effervescence psychédélique des swinging sixties à la brutalité de la période Thatcher des années 80, on suit l'évolution en chute libre de ces trois personnages sur près de 20 ans. L'auteur nous plonge avec habileté dans un maelstrom nauséabond fait de brumes londoniennes, rues sombres et sinueuses, odeur d'alcool, bistrots mal famés, trafics divers, flics corrompus, petits malfrats et pute troublante.
Un polar de facture classique mais efficace avec, au-delà de l'intrigue policière, en filigrane, l'évocation du malaise d'une société en métamorphose : libération des mœurs, mouvements pacifistes, grèves des mineurs, émeutes, répression policière, corruption... En cette période trouble, il y a quelque chose de pourri au royaume d'Angleterre...
Crime Song est le deuxième volet de la trilogie policière de l'écrivain anglais Jake Arnott après Crime Unlimited et avant True Crime, mais peut se lire indépendamment des deux autres volets.
BlueGrey
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Jake Arnott, Crime Song, La ballade de Billy Porter, traduit de l'anglais par Colette Carrière, éd. Passage du Marais, 2003, 308 pages, 21 €.
11:50 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : livre, littérature, roman, polar, angleterre
10/01/2009
Que la nuit demeure – Michèle Lesbre (1999)
Eté 1987 : le couple Carlat vient séjourner dans une maison isolée dans la montagne, maison qu'ils louent à l'étrange Antoine Pellot. Cet homme frustre, qui de fait devient leur inquiétant voisin, semble tourmenté par un passé obscur. Un jour, un "accident" se produit...
1997 : au moment d'archiver le dossier de l'affaire, André Martin, le flic qui en fut chargé, se souvient... Il se souvient surtout d'Anne Carlat, trop jeune pour son mari, trop belle pour passer ses vacances dans un coin pareil, trop triste pour son âge et surtout, trop semblable à Cécile, la fille suicidée d'André...
Ainsi confronté à Anne, sosie de sa fille suicidée, André cherche sa présence avant tout et prolonge les interrogatoires : il veut tout savoir d'elle. Chaque détail, même le plus insignifiant, même déconnecté de l'affaire, le nourrit. Il s'en délecte, s'en repaît, s'en saoule, se complaît dans l'amertume du souvenir de sa fille. Elle, joue le jeu : épouse trompée, elle trouve en lui le confident bienveillant dont elle avait besoin et raconte son quotidien. La déposition d'Anne se transforme en analyse, la simple enquête de routine d'André vire à l'obsession.
Michèle Lesbre a un ton particulier qui met parfaitement en valeur les ambiances et les personnages. Ainsi, alors que l'histoire se situe dans une région de lumière (le Sud), on a sans cesse l'impression qu'il fait gris et poisseux. Michèle Lesbre est économe en mots et use d'une écriture retenue : elle évite les mièvreries stylistiques et tout sensationnalisme. Dans son univers de déambulations mentales, le moindre mot ou geste de ses personnages est à disséquer pour saisir les dérèglements de chacun, ces petites folies qui font les grands drames. A moindre mot, Michèle Lesbre rend la grisaille des existences dans leur banalité et fait ressentir la profonde détresse d'André -père meurtri- et d'Anne -femme bafouée- mais aussi d'Antoine Pellot, second rôle énigmatique très bien campé. Ce roman, pas bavard donc, mais précis, est d'une grande maîtrise dans sa construction. Dommage que sa partie conclusive soit plus brouillonne, un peu décousue et confuse, pataude même. La chute, violente, que l'on pressent et vers laquelle on accompagne André, ne m'a pas convaincue.
BlueGrey
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Michèle Lesbre, Que la nuit demeure, éd. Actes Sud, coll. Babel noir, 1999, 182 pages, 7,50 €.
14:18 | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : littérature, livre, roman, polar