25/11/2010
Berceuse pour un pendu – Hubert Klimko [2010]
« Je suis là où s'achève le monde tangible, accessible, visible d'un bateau ou d'une voiture, un monde qui fait partie d'une histoire racontée mais pas écrite jusqu'au bout. C'est le mois d'août. Un mois d'août comme les autres. Semblable apparemment au mois précédent. Effluves de l'océan, marée basse, marée haute, vagues, mouettes, vent, conteneurs rouillés à l'horizon, plage de sable volcanique, panneau signalant les heures où le tas de pierres et le carré d'herbe s'unissent et se désunissent. Tout paraît comme avant, rien ne semble manquer. La nature progresse à son rythme immémorial. L'est et l'ouest. Le jour et la nuit. Je respire, je vis, je suis, j'aime, je vois. Mais dans cette image d'août, il manque une silhouette en maillot bleu. [...] Szymon est parti. Il n'est plus dans la ville. On ne peut plus le voir dans la rue. Ces rencontres me manquent plus que tout... »
Il y a tout d'abord le narrateur, jeune immigré polonais à Reykjavik (Islande), qui fait les métiers les plus divers pour gagner sa vie : il s'improvise artiste peintre de croûtes, se lance dans le mime de rue, publie des Poèmes sortis de l'armoire... Et puis il y a ses deux inséparables amis, tous deux un peu fêlés : l'invraisemblable Boro, mi-fou mi-artiste, excentrique peintre croate qui a la phobie du vert et qui, à ses heures perdues, joue de l'harmonica sur une plage déserte à son orque apprivoisée ; et Szymon, polonais lui aussi, violoniste et compositeur doué mais méconnu, à la fois génial et fou. En savoir plus...
20:30 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : hubert klimko, islande, amitié, suicide
29/03/2010
La petite voix du cœur – Billie Letts [1995]
Novalee Nation, 17 ans, enceinte de 7 mois, roule vers le soleil de la Californie avec son petit ami Willy Jack, en quête d'une vie meilleure. Mais Willy Jack est un minable sans scrupules qui l'abandonne en chemin sur le parking d'un supermarché Wal-Mart, à Sequoyah, petite ville perdue de l'Oklahoma. Sans un sou et sans personne pour l'aider, Novalee s'installe dans le supermarché et va y vivre cachée les deux derniers mois de sa grossesse, jusqu'à accoucher dans celui-ci ! Cette naissance rocambolesque crée l'événement dans la petite ville de province où elle a échoué, et quelques-uns des habitants, des marginaux hauts en couleur mais généreux, vont "adopter" Novalee et son bébé et petit à petit constituer leur "famille de cœur".
Dégoulinant d'angélisme et de bons sentiments, ce roman très "fleur-bleue" n'est vraiment pas convaincant. L'héroïne est d'une niaiserie confondante ; les personnages secondaires sont tous des gens simples mais bons et d'un optimisme béat malgré les catastrophes de leurs vies ; l'histoire en elle-même est convenue, tire-larmes par moment, mais positive au final ; et les passages plus graves (l'agression de la famille de Lexie par exemple) sont expédiés en quelques pages et surmontés par les personnages avec une facilité ahurissante. L'auteur ne nous épargne donc aucun poncif, de la scène "viol en prison" à l'épisode "pédophilie", du personnage de l'ex-alcoolique qui a trouvé Dieu à celui du méchant-puni-à-la-fin-et-qui-se-repend, en passant par le gentil bibliothécaire qui déniaise notre héroïne grâce au pouvoir des livres... Héroïne qui, bien sûr, malgré tous les malheurs s'abattant continuellement sur elle, ne se départie jamais de sa belle détermination, et dont la persévérance sera récompensée : elle finira par trouver une situation stable, des amis sûrs et même... l'amûûûr !
Bref, un roman gnangnan, à l'image de son titre, dans lequel les bons sentiments et la solidarité triomphent de tous les malheurs du monde... Caricatural !
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Billie Letts, La petite voix du cœur (Where the Heart Is), traduit de l'américain par Thierry Arson, éd. Pocket, 2000 (1995), 390 pages.
Un livre proposé par Doriane.
Les avis de Hathaway, Stephie, Fashion, Yueyin, Isil, Levraoueg, Armande, Keisha, Chimère, Pascale, Goelen, Yoshi & Leiloona.
12:43 Publié dans => La chaîne des livres | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : littérature américaine, abandon, amitié
08/12/2009
La trahison de Thomas Spencer – Philippe Besson [2009]
Paul et Thomas sont nés le même jour, le 6 août 1945, et ont grandi côte à côte à Natchez, dans le Sud des États-Unis. Depuis toujours ils s'aiment comme deux frères et sont inséparables, amis "à la vie à la mort". Thomas, le narrateur, a aujourd'hui trente ans, et il raconte leur histoire : l'enfance insouciante faite de baignades dans le fleuve Mississipi, les parties de pêche, les émois de l'adolescence, les petits riens et les grands événements qui vont jalonner leurs vies, forger leurs caractères, construire leurs personnalités et souder leur amitié qu'ils pensent inaltérable. Jusqu'à leur rencontre avec Claire...
L'intrigue est celle, classique, du triangle amoureux. D'où des péripéties un peu prévisibles et convenues : Découvrir la suite...
15:07 | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : la trahison de thomas spencer, littérature française, philippe besson, etats-unis, mississipi, amitié, trahison, frères
23/03/2009
La solitude des nombres premiers – Paolo Giordano (2008)
Ce sont deux enfants tristes et solitaires qui peinent à grandir, deux êtres à part, deux vilains petits canards, deux ados au bord du précipice, jamais très loin du pire. Alice boite depuis un accident de ski dont elle rend son père responsable. Mattia est un génie des mathématiques, mais a un comportement d'autiste depuis que sa sœur jumelle handicapée a disparu par sa faute. Tous deux sont les ennemis de leur propre corps qu'ils maltraitent, elle en s'affamant, lui en se scarifiant. Tous deux creusent un gouffre autour d'eux pour que rien ni personne ne puisse les atteindre : ils vivent dans une solitude à la fois voulue et subie, jusqu'à leur rencontre... mais sauront-ils se reconnaître ?
« Les autres furent les premiers à remarquer ce qu'Alice et Mattia ne comprirent qu'au bout de nombreuses années. Ils pénétrèrent dans la pièce main dans la main. Ils ne souriaient pas, leurs regards suivaient des trajectoires différentes, mais on aurait dit que leur corps coulaient l'un dans l'autre à travers leurs bras et leurs doigts joints. […] Il y avait entre eux un espace commun dont les confins n'étaient pas bien tracés, où rien ne semblait manquer et où l'air paraissait inerte, tranquille. »
Paolo Giordano n'est pas un styliste : sa langue est froide et blanche. Pourtant, il réussit à faire exister des personnages attachants, à faire ressentir leur extrême solitude et leur souffrance constituante, et à faire par moment monter l'émotion. La solitude des nombres premiers est une jolie histoire un peu triste, un roman mélancolique, un curieux mélange de violence et de délicatesse qui se lit vite, vite, sans reprendre son souffle.
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Paolo Giordano, La solitude des nombres premiers (La solitudine dei numeri primi), traduit de l'italien par Nathalie Bauer, éd. du Seuil, 2009 (2008), 328 pages, 21 €.
Les avis de Choupynette, Crapouillaud et Yueyin.
Merci à Chez les filles et aux Editions du Seuil de m'avoir envoyé ce livre.
18:26 | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : littérature, roman, amitié, solitude, adolescence
15/03/2009
Encore une danse – Katherine Pancol (1988)
Clara, Joséphine, Lucille, Agnès, Philippe et Rapha : enfants, ils ont habité le même immeuble de banlieue, sont allés à la même école, se sont fait des serments d'amitié éternelle, comme on en fait à l'enfance en y croyant fort : amis "pour la vie".
Puis, ils ont grandi, et leurs vies ont pris des cours différents : Découvrir la suite...
10:01 Publié dans => La chaîne des livres | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : littérature, livre, roman, amitié