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25/06/2010

Crépuscule irlandais – Edna O'Brien [2006]

Crépuscule irlandais.gifDans ce roman l'auteur explore les sentiments des femmes ; elle s'intéresse en particulier à l'amour maternel en disséquant les rapports tumultueux entre Eleanora et sa mère Dilly, entre amour incommensurable et déchirures multiples. « […] souviens-toi, l'amour c'est que des sornettes, le seul amour véritable c'est entre mère et enfant. » Ces mots, ce sont ceux de Dilly, ceux qu'elle a écrits à sa fille chérie, devenue petit à petit si distante, presque inaccessible.

A l'ouverture du roman, Dilly est à l'hôpital : âgée et malade, elle est en attente d'un diagnostic et d'une ultime visite de sa fille adorée qui tarde à venir à son chevet. Mais si le roman débute ainsi sur la fin de vie de Dilly, bien vite il nous entraîne dans ses souvenirs et nous narre sa vie, et celle de sa fille. Découvrir la suite...

17/06/2010

En cuisine – Monica Ali [2009]

En cuisine.gifChef de cuisine de l'Hôtel Impérial, un palace anglais plus vraiment à la hauteur de sa splendeur d'antan, Gabriel Lightfoot doit composer chaque jour avec une équipe cosmopolite et chahuteuse, une sous-chef chaleureuse mais envahissante, une amie chanteuse qui se pose des questions sur leur relation et la maladie d'un père avec lequel il est en froid. Alors quand le cadavre d'un des plongeurs est retrouvé dans le sous-sol du restaurant et que Lena, mystérieuse et attirante fille de l'Est en perdition entre dans sa vie, le fragile équilibre psychologique de Gabriel vole en éclats. Tout en prenant soudain conscience des dérives qui se jouent sous son nez (travailleurs clandestins, trafics en tous genres, prostitution, chantages et violence quotidienne), Gabriel se perd peu à peu.

A priori le principal objectif de ce livre est de décrire et de dénoncer les conditions de travail dans les cuisines d'un palace londonien, entre horaires infernaux, agressivité latente et exploitation de travailleurs immigrés (souvent clandestins). Mais les personnages de Monica Ali sont tellement caricaturaux qu'ils en deviennent tout simplement invraisemblables ! A ce titre, le chef pâtissier français est totalement irritant : un summum d'idiotie balourde. Et la description des autres employés de cuisine (le Moldave, présenté comme parlant avec "un accent américain stupide", ou Oona la jamaïcaine, possédant une dent en or et un rire tonitruant, et sachant à peine parler anglais malgré ces 20 ans d'ancienneté) n'est pas mal non plus, dans le style réducteur.

De plus Gabe, malgré son statut de personnage principal, est en tous points incroyablement déplaisant et antipathique. Gabe est en pleine crise de la quarantaine. Gabe fait des cauchemars récurrents. Gabe est obsédé par le rond chauve apparu au sommet de son crâne. Gabe est méprisant et condescendant envers ses subalternes. Gabe voudrait ouvrir son propre restaurant. Gabe voudrait aussi pouvoir ignorer la maladie de son père. Gabe aime Charlie, et voudrait l'épouser, mais Gabe a des rapports sexuels obsessionnels et coupables avec Lena, une esclave sexuelle qui a échappé à son souteneur et à qui il a offert son "aide"... Gabe est faible, irrésolu, mou, incapable de s'engager et totalement égocentré. Et quand finalement Gabe pète un câble, que son identité se désagrège et se perd dans des états dissociatifs, il est trop tard pour raviver l'intérêt du lecteur qui a sombré depuis longtemps.

Enfin, en plus du style outrancier et sans finesse, la narration quant à elle est maladroite et démonstrative : elle se perd entre clichés et répétitions qui ne font qu'alourdir ce récit déjà totalement congestionné. Ce qui nous fait donc un roman de plus de 600 pages dont les 500 du milieu n'apportent rien, outre les interminables et incompréhensibles atermoiements de Gabe.

Le pitch était pourtant prometteur et les premiers chapitres aussi, sous leur apparence de roman policier flirtant avec le thriller. Mais bien vite le récit de Gabriel s'enlise autant que l'intérêt du lecteur.

Le dernier mot revient toutefois à Monica Ali, quand elle fait dire à ses personnages sortant du cinéma : « Ça ne te paraît pas contradictoire de parler de thriller intelligent ? lança Charlie.
- Pourquoi, tu n'as pas été tenue en haleine ? Du suspense, il y en avait, reconnais-le.
- Oui, mais ce n’est pas pour autant que c'est bien... Trop d'action, pas d'histoire. Rien ne s'enchaîne, tout est forcé. »
Honnêtement, je ne saurais dire mieux !

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e%2010.gifMonica Ali, En cuisine (In the kitchen), traduit de l'anglais par Isabelle Maillet, éd. Belfond, 2010 (2009), 624 pages, 22 €.

Merci à Libfly et au Furet du Nord pour l'envoi de ce livre.

11/06/2010

Pourfendeur de nuages – Russell Banks [1998]

Pourfendeur de nuages.gifOwen Brown est maintenant un vieil homme... Au fil de ses souvenirs, parfois sereins mais bien souvent tumultueux et violents, il retrace peu à peu, sous la forme d'une monumentale lettre entre confession et témoignage, ce que furent la vie, le caractère et l'engagement de son père, John Brown, figure emblématique du mouvement abolitionniste américain. Loin de la vision purement historique et héroïque de l'homme célèbre et engagé, le récit filial livre, petit à petit, une autre vérité et dépeint un autre John Brown : un père de famille nombreuse à la personnalité écrasante, autoritaire, ambitieux, puritain confit en religion ; un idéaliste qui dérive vers le fanatisme, vers l'action armée et le terrorisme pour devenir le capitaine d'une sanglante guérilla dans laquelle il enrôle ses fils et ses proches, et dont il devient le martyr quand il est exécuté en 1859 après une longue croisade contre l'esclavage. Découvrir la suite...

08/06/2010

Désert américain – Percival Everett [2004]

Désert américain.gifThéodore Larue, héros de ce roman farfelu, professeur d'université dépressif, s'en va se suicider. En chemin, il est interrompu par un camion qui percute sa voiture : il valdingue alors à travers le pare-brise et est décapité net ! Les services funéraires recousent la tête au corps vite fait, mal fait, et dans l'église, tandis que femme et enfants pleurent et que les collègues universitaires s'embourbent dans des éloges hypocrites, voilà que Ted se redresse et s'assied dans son cercueil ! Résurrection ! Et panique dans le public... Découvrir la suite...

05/06/2010

Axiomatique – Greg Egan (1995)

Axiomatique.gifUn recueil de dix-huit nouvelles de science-fiction prospective mâtinée de philosophie : présenté ainsi, Axiomatique pourrait en rebuter certains... Mais surtout - surtout ! - ne vous laissez pas impressionner ni par le titre énigmatique, ni par la couverture trompeuse, ni par le premier récit (sans aucun doute le plus ardu) de ce recueil, car vous passeriez alors à côté d’un livre éblouissant ! Et éblouissant à plus d'un titre. Découvrir la suite...