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22/05/2007

La mère - Pearl Buck (1934)

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medium_LaMere.gifLa mère évoque la vie quotidienne d'une paysanne chinoise avant la Révolution, vie faite de travail, de résignation et d'abnégation. Un jour, son mari part pour la ville et ne revient plus. La vieille, sa belle-mère, meurt. Les enfants grandissent et partent aussi. Mais face à l'adversité la mère poursuit dignement une existence désolée qui n'est qu'un lent supplice, une répétition invariable du malheur.

Avec un sens aigu du détail, Pearl Buck nous retrace cette existence morne où s'affirme à travers la souffrance et le désespoir la noblesse des pauvres et des humiliés.

 

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Pearl Buck, La mère, éd. LGF, coll. Le Livre de Poche, 1971 (1934), 222 pages.

06/05/2007

Messieurs les enfants – Daniel Pennac (1997)

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medium_MessieursLesEnfants.gif« Sujet : Vous vous réveillez un matin, et vous constatez que, dans la nuit, vous avez été transformé en adulte. Complètement affolé, vous vous précipitez dans la chambre de vos parents. Ils ont été transformés en enfants. Racontez la suite. »

Un professeur de français mal dans sa peau donne à trois de ses élèves indisciplinés un sujet de rédaction qui va bouleverser leur vie, celle de leur famille... et la sienne. Le sujet est astucieux : un matin les enfants sont devenus adultes et les parents transformés en enfants. Pennac en tire un roman agréable et parfois farfelu, à la lisière du rêve et de la réalité, entre fantaisie et réalisme. Il s'en prend aux préjugés et aux idées toutes faites, en particulier sur le choc des générations, et termine son roman comme il l'a commencé, sur cette même réflexion péremptoire : « L'imagination, ce n'est pas le mensonge. »

C'est plaisant !

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Daniel Pennac, Messieurs les enfants, éd. Gallimard, coll. Folio, 1999 (1997), 258 pages, 5,60 €.

Du même auteur : Chagrin d'école

16/03/2007

Triste vie - Chi Li (1987)

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medium_TristeVie.gifCe petit récit nous raconte une journée ordinaire de la vie simple et banale de Yin, de son lever à cinq heures dans la pièce unique, inconfortable et exiguë qu'il partage avec sa femme et son fils de quatre ans, à son retour tard le soir pour retrouver une vie conjugale morne, empoisonnée par les récriminations perpétuelles de son épouse. Entre-temps il aura fait la queue aux toilettes communes, se sera confronté, son fils dans ses bras, à la cohue des transports en commun, aura déjeuné de nouilles froides, aura déposé son fils au jardin d'enfants, sera arrivé avec une minute et demie de retard à l'usine, apprendra avec dépit qu'il ne touchera pas la prime qu'il escomptait, envisagera une liaison avec sa trop jeune et jolie stagiaire, trouvera un ver dans sa portion de choux à la cantine, aura cherché en vain un cadeau d'anniversaire pour son père, aura songé avec mélancolie aux espoirs de sa jeunesse... Face à la monotonie de sa vie uniquement rythmée par les difficultés financières et les reproches de sa femme, que reste-t-il donc à Yin pour ensoleiller ses journées ? Le rêve, peut-être... mais surtout son amour démesuré pour son fils, certainement sa seule joie de vivre.

Ce qui est étonnant dans ce récit c'est l'étrange familiarité que l'on ressent envers le personnage principal et ses questionnements. Chi Li, avec une grande justesse de ton, sait à merveille nous faire sentir et partager, par petites touches précises et pertinentes, l'environnement des protagonistes et leur état d'esprit. On sent dans le style de Chi Li une grande tendresse envers ses personnages, une tendresse nuancée néanmoins d'une légère touche d'ironie désabusée. Toutefois, à mon goût, ce récit trouve sa limite dans ce qui en fait aussi sa force : sa brièveté. Il est bien trop court pour que l'on soit totalement et réellement pris par l'histoire.

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Chi Li, Triste vie (Fannao rensheng), traduit du chinois par Shao Baoqing, éd. Actes Sud, coll. Babel, 2005, 100 pages, 6,50 €.

10/03/2007

Un été indien - Truman Capote [1946]

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medium_UnEteIndien.gifDans l'Amérique des années trente, Truman Capote nous raconte l'histoire d'un jeune garçon, de son grand-père et de la transmission d'un secret. Quand l'enfant apprend que ses parents et lui vont déménager, quitter la ferme familiale qu'ils partagent avec les grands-parents pour s'installer en ville, il a le sentiment d'abandonner ses grands-parents.

Cette sobre nouvelle, entre tristesse et mélancolie, parle d'exode rural, de mort, de filiation, de transmission, de solitude et des blessures de l'enfance.

«Vivre, laisser vivre et prendre plaisir à la vie, tout cela faisait partie du "secret" de grand-père ; recevoir l'amour et le partager.»

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Truman Capote, Un été indien (I remember my Grandpa), traduit de l'anglais par Patrice Repusseau, éd. Rivages, coll. Rivages Poche / Bibliothèque étrangère, 1989, 53 pages, 5,08 €.

Du même auteur : De sang-froid

11/06/2006

Le monde selon Garp - John Irving (1978)

medium_Garp.gifLe monde selon Garp est l'histoire d'un grand écrivain, pétri de talents, mais aussi bourré d'incertitudes, de complexes et de peurs. Garp insère dans le récit tragico-burlesque de sa vie des extraits de son oeuvre, mêlant ainsi la réalité à la fiction au sein même de la fiction. Ce procédé révèle que le monde est pour Garp un univers où c'est l'imagination qui règne. Le monde selon Garp montre un univers où les références sont inversées sans tabous : la mère a une virilité d'homme, Robert devient Roberta, les hommes mordent les chiens... Cependant, il reste quelque chose de sacré, un havre de paix : la famille.

Le monde selon Garp est donc le roman d'un romancier, mais un romancier fréquemment atteint de leucoselophobie chronique qui l'empêche d'écrire. Alors, de quoi donc peut parler un roman dont le personnage principal est un écrivain qui n'arrive pas à écrire ?

De la "concupiscence" d'abord. Dans Le monde selon Garp les personnages (surtout les hommes) sont malades de concupiscence et la concupiscence mène à peu près tous les personnages à une triste fin. Qu'ils en soient coupables ou victimes, ils en perdent des yeux, des bras, des langues, quand ce n'est pas le pénis. Discours hautement répressif de l'auteur sur la concupiscence ? Non. Plutôt discours totalement décalé, légèrement déjanté, à la fois burlesque et jubilatoire !

Ce roman traite aussi du "Crapaud du Ressac", métaphore de cette angoisse sourde qui rode toujours dans nos vies, qui se fait oublier parfois, dans un moment heureux, pour mieux ressurgir et nous nouer les tripes... Cette peur de la mort ou plus précisément cette peur de voir mourir ceux que l'on aime. Tout, jusqu'au détail le plus infime, dans ce roman, est une expression de la peur. Alors, comment s’étonner que Garp définissent le romancier comme un médecin qui ne voit que des incurables ? Dans Le monde selon Garp, nous sommes tous des Incurables.

Si Le monde selon Garp m'a autant marqué, c'est sans doute parce que, à grand renfort de péripéties facétieuses et d'incidents rocambolesques, Irving nous y montre une réalité toute simple, pétrie d'espoir, de rêve et de désillusion, tout ce qui fait grandir les hommes dans le monde d'aujourd'hui. Ce réalisme s'accompagne souvent de sexe, de violence, d'amour et de haine, de tendresse et de poésie aussi, le tout enrobé d’un humour irrésistible, teinté de dérision et d'un petit grain de folie. Les personnages sont singuliers, subtils et complexes, les sentiments qu'ils expriment, simples et exacts, l'histoire est drôle, touchante et déchirante en même temps. Bref, une fois le livre finit, Le monde selon Garp vous trotte longtemps dans la tête... Signe d'un grand roman !

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e%2040.gif John Irving, Le monde selon Garp, éd. du Seuil, coll. Points, 1998, 680 pages, 8,50 €.

Du même auteur : L'Epopée du buveur d'eau, Une veuve de papier & Dernière nuit à Twisted River.