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15/03/2009

Encore une danse – Katherine Pancol (1988)

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Encore une danse.gifClara, Joséphine, Lucille, Agnès, Philippe et Rapha : enfants, ils ont habité le même immeuble de banlieue, sont allés à la même école, se sont fait des serments d'amitié éternelle, comme on en fait à l'enfance en y croyant fort : amis "pour la vie".

Puis, ils ont grandi, et leurs vies ont pris des cours différents : Découvrir la suite...

12/03/2009

Palermo solo – Philippe Fusaro (2007)

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Palermo solo.gif« Le baron est né à l'aube du XXe siècle.
Le baron n'a rien vu, ni rien su de ce qu'était le XXe siècle dans sa seconde moitié.
Le baron est originaire de C.
Le baron a dû quitter sa ville natale parce que la Mafia l'a condamné à ne plus y retourner, sauf le 2 novembre, jour de la Fête des Morts.
Le baron est un homme d'honneur, il paie sa dette de sang, il paie d'avoir battu à mort un garçon issu d'une famille d'un autre clan.
Le baron vit depuis plus de cinquante ans dans une suite du Grand Hôtel et des Palmes à Palerme, via Roma, à deux pas du port, à deux pas de la mer.
Le baron est une rumeur qui circule dans la ville blessée de Palerme. »

Philippe Fusaro nous raconte l'étrange histoire du "Signor Barone", condamné par la Mafia à l'enfermement volontaire à perpétuité dans un palace de Palerme. Découvrir la suite...

09/03/2009

Le pavillon des cancéreux – Alexandre Soljénitsyne (1968)

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Le pavillon des cancéreux.gifDe prime à bord, l'ouvrage paraît austère : 430 pages qui traitent de tumeurs, sarcomes et autres mélanoblastomes, cela n'a rien d'engageant... Or, ce pavé se lit avec une étonnante facilité ! L'écriture recourt à tous les tons (l'ironie, la raillerie, l'humour, l'harangue, la méditation intérieure...) et les langages se mêlent avec autant de virtuosité que de puissance.

Dans l'URSS des années 1950, au pavillon des cancéreux, la maladie, insensible aux différentiations sociales ou politiques, fait se côtoyer des individus que tout oppose. Filles de salles, médecins, patients, par les regards croisés des personnages aux passés divers et aux idéologies distinctes, Soljénitsyne expose un échantillonnage de la société russe à un moment charnière de son histoire : les prémices de la déstalinisation, juste après la mort du "petit père des peuples". Ainsi, le camarade Roussanov, communiste convaincu, fonctionnaire obtus maniant la dénonciation, est l'exemple type de l'exploitation sans vergogne du système. Avec ses aspirations bourgeoises, il incarne l'échec de l'idéologie communiste. Quant à Kostoglotov (personnage en grande partie autobiographique) après avoir vécu les purges staliniennes, la guerre, le goulag et la relégation, il incarne toutes les victimes d'un système perverti.

Soljénitsyne multiplie les personnages, les points de vue, les détails des plus prosaïques aux plus métaphysiques, et démontre la multiplicité des destinées humaines mais leur unicité devant la mort. Face à un mal réputé incurable, chacun se dévoile, oscille entre peur, résignation, révolte, espérance... Et s'il est bien question de maladie, il y est aussi et surtout question d'humanité. Car à travers le microcosme d'une chambre d'hôpital, c'est de l'humanité entière dont Soljénitsyne nous parle, de ses rêves, de ses espoirs, de ses doutes, autour de la question obsédante de savoir « ce qui fait vivre les hommes ».

« Cela faisait six mois que je souffrais comme un martyr, j'en étais arrivé le dernier mois à ne plus pouvoir rester ni couché, ni assis, ni debout sans avoir mal, je ne dormais plus que quelques minutes par vingt-quatre heures, eh bien, tout de même, j'avais eu le temps de réfléchir ! Cet automne-là, j'ai appris que l'homme peut franchir le trait qui le sépare de la mort alors que son corps est encore vivant. Il y a encore en vous, quelque part, du sang qui coule mais, psychologiquement, vous êtes déjà passé par la préparation qui précède la mort. Et vous avez déjà vécu la mort elle-même. »

« Nous avons beau nous moquer des miracles tant que nous sommes en bonne santé, en pleine force et en pleine prospérité, en fait, dès que la vie se grippe, dès que quelque chose l'écrase et qu'il ne reste plus que le miracle pour nous sauver – eh bien, ce miracle unique, exceptionnel, nous y croyons ! »

« - Très-très bon cliché ! Très-très bon ! Il n'y a pas lieu d'opérer !
Et la malade reprenait courage : son état n'était pas seulement bon, mais très-très bon !
Or si le cliché était très bon, c'est qu'il dispensait d'en refaire un autre, et montrait de façon indiscutable les dimensions et les limites de la tumeur. C'est aussi qu'il était désormais trop tard pour opérer. »

Alors oui, les thèmes abordés sont graves et sombres, mais il se dégage de ses pages une bonhomie souriante des plus réjouissante !

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Alexandre Soljénitsyne, Le pavillon des cancéreux, traduit du russe par A. et M. Aucouturier, L et G. Nivat et J.-P. Sémon, éd. Fayard, 2007 (1968), 435 pages, 22 €.

L'avis de Cuné.

20/02/2009

L'amant – Marguerite Duras (1984)

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Lamant.gifL'Amant, c'est LE fabuleux roman autobiographique de Marguerite Duras. C'est l'un des récits d'initiation amoureuse parmi les plus troublants qui soit. C'est aussi un des livres marquants dans ma vie de lectrice, pas tant pour l'histoire que pour le style Duras.

L'histoire justement, quelle est-elle ? Comme chacun sait, L'Amant relate la relation entre la narratrice, jeune fille blanche de 15 ans, et un riche Chinois du double de son âge. Dans l'Indochine coloniale de l'entre deux guerres, leur histoire est empreinte de transgression car tout les oppose : la situation sociale et ethnique, la différence d'âge... Cette aventure amoureuse, sublimée par un environnement extraordinaire, ne pourra survivre : la jeune fille repartira en France et cet amour restera en suspens...

Mais L'Amant n'est pas qu'une histoire d'amour inaboutie. En effet, derrière la trame de cet amour au goût d'inachevé et teinté de mélancolie, Marguerite Duras offre un récit à plusieurs niveaux de lecture : elle évoque en filigrane la violence et la douleur de son histoire familiale (la brutalité du frère aîné, l'amour mais aussi l'insuffisance de la mère, l'adoration pour le petit frère et la douleur de sa perte) et, déjà présente, l'envie d'écrire.

Pourtant cette histoire, Marguerite Duras ne la mettra par écrit qu'à l'âge de 70 ans, 55 ans après... C'est le temps qu'il lui faudra pour accéder à elle-même et révéler enfin les sentiments que lui inspira le jeune Chinois, et révéler aussi les liens difficiles qui l'unissaient à sa mère et à ses frères.

Malgré tout, malgré l'utilisation du "je" qui laisse entendre la voix de l'auteur, on ne peut assimiler pour autant ce roman à une pure autobiographie. En effet dans son livre Marguerite Duras ne semble pas avoir la volonté de réalité, ainsi son imagination se mêle à sa mémoire. La narration est "éclatée" : elle papillonne en suivant le cours décousu des pensées et souvenirs de la narratrice, elle oscille entre passé et présent, elle utilise l'ellipse et la suggestion autant que la redondance, certains moments étant tus ou à peine évoqués quand d'autres anecdotes sont racontées plusieurs fois, un souvenir se reliant à l'autre parfois par une simple association d'idées.

Si ce style décousu peut déconcerter, moi il m'a enchantée, tout comme m'ont émerveillées la langue pure et la formidable efficacité de l'écriture, très poétique, et basée sur l'économie du mot. Un peu moins de mots, un peu plus de silence, Marguerite Duras excelle dans l'art de l'épure, l'évocation faite à mi-voix qui laisse place à l'imaginaire pour combler les silences de son récit. Enfin, pour en revenir au "sujet", Marguerite Duras conjugue aussi avec beaucoup de finesse la pudeur et l'impudeur dans son évocation de la découverte du plaisir physique.

Bref, bien plus qu'un roman, ce livre est un envoûtement...

« Tous, dit la mère, ils tournent autour d'elle, tous les hommes du poste, mariés ou non, ils tournent autour de ça, ils veulent de cette petite, de cette chose-là, pas tellement définie encore, regardez, encore une enfant. Déshonorée disent les gens ? et moi je dis : comment ferait l'innocence pour se déshonorer ? »

« Cet amour insensé que je lui porte reste pour moi un insondable mystère. Je ne sais pas pourquoi je l'aimais à ce point là de vouloir mourir de sa mort. J'étais séparée de lui depuis dix ans quand c'est arrivé et je ne pensais que rarement à lui. Je l'aimais, semblait-il, pour toujours et rien de nouveau ne pouvait arriver à cet amour. J'avais oublié la mort. »

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petit livre.gifMarguerite Duras, L'Amant, éd. de Minuit, 2005 (1984), 141 pages, 10 €.

15/02/2009

L'homme qui marchait sur la Lune – Howard McCord (1997)

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L'homme qui marchait sur la Lune s'appelle William Gasper, il a une cinquantaine d'année, et aime marcher donc, des jours entiers, et courir aussi, nu. Depuis cinq ans il arpente inlassablement la Lune, montagne de nulle part au cœur du Nevada. Il marche, escalade, attend, scrute l'horizon, contemple le ciel étoilé, marche encore. Il gravit la montagne, et la redescend.

Mais qui est donc l'homme qui marchait sur la Lune ? Un ascète, un promeneur mystique, un fugitif, un fabulateur, un illuminé, un fou dangereux ?

L'homme qui marchait sur la Lune est un assassin. Ancien tireur d'élite de l'armée américaine, vétéran de Corée, toujours assassin : « Je suis un assassin, de caractère comme de profession ». D'un ton détaché, il s'explique, ou plutôt il se raconte (ou invente, comme savoir ?). Il ne se justifie pas, ni n'attend aucun assentiment, simplement, il dit : « J'en suis aujourd'hui à cent quarante, et ne suis pas lassé, toujours pas lassé. »

Et sur sa Lune aride et désolée, il devine une autre présence. Qui le suit ? Une ombre, un autre tueur, ses propres délires ?

En un long monologue, le narrateur entraîne le lecteur dans son ascension au sommet de la Lune. On crapahute à ses trousses, sans savoir où il va, ni d'où il vient. Durant sa longue marche, il soliloque, indéfiniment, mêlant mysticisme, mythologie médiévale,et réalisme, mélancolie et détachement et nous entraîne peu à peu dans les égarements de sa conscience hallucinée, sur les chemins sinueux de la folie. Car si, au début, on pense cheminer avec un doux-dingue, un gentil illuminé, on se retrouve finalement en compagnie d'un psychopathe paranoïaque.

L'homme qui marchait sur la Lune est un roman à part, un étrange mélange des genres, entre éloge lyrique de la nature et thriller. C'est un livre sombre, un chouïa barré, déroutant et parfois même assez dérangent. C'est un récit sous tension, d'une grande maîtrise, au style lapidaire et incisif et à la langue à la fois précise et évocatrice. Quelques notes de dérision finissent de désarçonner le lecteur, déjà surpris par l'originalité du mélange des genres et la narration portée par un personnage totalement ambigu : intelligent, éclairé, à l'écoute de la nature et en même temps d'une froideur intérieure extrême.

« Qu'elles concernent l'art, l'amour ou la mise à mort, les valeurs sont une affaire personnelle. Une question de goût et de conventions, rien d'autre. Autant qu'il m'était possible de le faire, je mes suis toujours efforcé d'agir en ces domaines avec calme et raison. Je sais ce que j'aime et je sais ce que je veux. Je suis même prêt à me sacrifier pour les autres. Si je le veux. Je le veux rarement, c'est une des raisons pour lesquelles je vis depuis toutes ces années sur un territoire comme celui que m'offre la Lune : vaste et vide. »

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Howard McCord, L'homme qui marchait sur la Lune (The Man Who Walked to the Moon), traduit de l'américain par Jacques Mailhos, éd. Gallmeister, coll. Nature Writing, 2008 (1997), 133 pages, 18, 90 €.

Les avis de Cuné, Cathulu et Papillon.