26/01/2009
La chaussure sur le toit – Vincent Delecroix (2007)
Au centre des dix courts chapitres de ce livre (suffisamment indépendants les uns des autres pour faire penser à des nouvelles) se trouve une chaussure perdue sur un toit de Paris. L'auteur a construit autour de cette chaussure un faisceau d'histoires tentant d'élucider sa présence en équilibre précaire sur une gouttière. Découvrir la suite...
12:45 | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : littérature, livre, roman, nouvelles
13/01/2009
Crime Song, La ballade de Billy Porter - Jake Arnott (2001)
Londres, années 60 : trois policiers sont abattus de sang-froid. Autour de ces meurtres naviguent Billy la petite frappe pris dans l'engrenage de la violence, Frank le flic ambitieux qui vogue en eaux troubles et Tony le dépravé, journaliste à scandales à la dérive. De l'effervescence psychédélique des swinging sixties à la brutalité de la période Thatcher des années 80, on suit l'évolution en chute libre de ces trois personnages sur près de 20 ans. L'auteur nous plonge avec habileté dans un maelstrom nauséabond fait de brumes londoniennes, rues sombres et sinueuses, odeur d'alcool, bistrots mal famés, trafics divers, flics corrompus, petits malfrats et pute troublante.
Un polar de facture classique mais efficace avec, au-delà de l'intrigue policière, en filigrane, l'évocation du malaise d'une société en métamorphose : libération des mœurs, mouvements pacifistes, grèves des mineurs, émeutes, répression policière, corruption... En cette période trouble, il y a quelque chose de pourri au royaume d'Angleterre...
Crime Song est le deuxième volet de la trilogie policière de l'écrivain anglais Jake Arnott après Crime Unlimited et avant True Crime, mais peut se lire indépendamment des deux autres volets.
BlueGrey
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Jake Arnott, Crime Song, La ballade de Billy Porter, traduit de l'anglais par Colette Carrière, éd. Passage du Marais, 2003, 308 pages, 21 €.
11:50 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : livre, littérature, roman, polar, angleterre
10/01/2009
Que la nuit demeure – Michèle Lesbre (1999)
Eté 1987 : le couple Carlat vient séjourner dans une maison isolée dans la montagne, maison qu'ils louent à l'étrange Antoine Pellot. Cet homme frustre, qui de fait devient leur inquiétant voisin, semble tourmenté par un passé obscur. Un jour, un "accident" se produit...
1997 : au moment d'archiver le dossier de l'affaire, André Martin, le flic qui en fut chargé, se souvient... Il se souvient surtout d'Anne Carlat, trop jeune pour son mari, trop belle pour passer ses vacances dans un coin pareil, trop triste pour son âge et surtout, trop semblable à Cécile, la fille suicidée d'André...
Ainsi confronté à Anne, sosie de sa fille suicidée, André cherche sa présence avant tout et prolonge les interrogatoires : il veut tout savoir d'elle. Chaque détail, même le plus insignifiant, même déconnecté de l'affaire, le nourrit. Il s'en délecte, s'en repaît, s'en saoule, se complaît dans l'amertume du souvenir de sa fille. Elle, joue le jeu : épouse trompée, elle trouve en lui le confident bienveillant dont elle avait besoin et raconte son quotidien. La déposition d'Anne se transforme en analyse, la simple enquête de routine d'André vire à l'obsession.
Michèle Lesbre a un ton particulier qui met parfaitement en valeur les ambiances et les personnages. Ainsi, alors que l'histoire se situe dans une région de lumière (le Sud), on a sans cesse l'impression qu'il fait gris et poisseux. Michèle Lesbre est économe en mots et use d'une écriture retenue : elle évite les mièvreries stylistiques et tout sensationnalisme. Dans son univers de déambulations mentales, le moindre mot ou geste de ses personnages est à disséquer pour saisir les dérèglements de chacun, ces petites folies qui font les grands drames. A moindre mot, Michèle Lesbre rend la grisaille des existences dans leur banalité et fait ressentir la profonde détresse d'André -père meurtri- et d'Anne -femme bafouée- mais aussi d'Antoine Pellot, second rôle énigmatique très bien campé. Ce roman, pas bavard donc, mais précis, est d'une grande maîtrise dans sa construction. Dommage que sa partie conclusive soit plus brouillonne, un peu décousue et confuse, pataude même. La chute, violente, que l'on pressent et vers laquelle on accompagne André, ne m'a pas convaincue.
BlueGrey
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Michèle Lesbre, Que la nuit demeure, éd. Actes Sud, coll. Babel noir, 1999, 182 pages, 7,50 €.
14:18 | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : littérature, livre, roman, polar
07/01/2009
Une sale rumeur – Anne Fine (1998)
Liddy, Stella, Bridie et Heather sont quatre sœurs extrêmement liées, bien qu'aux caractères très différents. Elles forment un véritable clan, soudé et fort. Elles habitent la même ville, se voient souvent et se téléphonent encore plus. Elles partagent joies et peines, anxiétés et réussites. Elles n'ont aucun secret les unes pour les autres. A ce qu'il paraît.
Jusqu'au jour où Stella, qui a eu vent d'une vague rumeur -invérifiée et surement infondée- de pédophilie au sujet du fiancé de Liddy, en parle à Bridie. Celle-ci, assistante sociale, est catégorique : il faut alerter Liddy au plus vite, même au risque de détruire son tout nouveau bonheur. Mais Stella n'en est pas convaincue, Heather non plus. Leurs discussions s'enveniment, raniment les anciens conflits. Finalement, Bridie obtient gain de cause et révèle la rumeur à sa sœur, "pour son bien" évidement, mais la réaction de Liddy, d'une grande violence, n'est pas celle escomptée : elle accuse sa sœur de mentir, d'inventer pour ternir son bonheur et du jour au lendemain, coupe tout contact. Et Bridie se retrouve esseulée, mise à l'écart par ses sœurs.
Contrairement à ce que peut laisser présager son titre en français, le sujet de ce roman n'est pas de dénoncer la violence et les méfaits du "bruit qui court" et qui peut sur son passage détruire l'existence de sa victime. Pour Anne Fine, la rumeur n'est qu'un prétexte. En imposant un choix aux sœurs -parler ou se taire- elle est le révélateur de dissonances familiales sous l'hypocrite façade de "famille idéale". Anne Fine se sert donc de ce prétexte pour mener une sorte d'étude-critique des rapports familiaux : rapports de force qui peuvent exister entre les membres d'une fratrie, jalousie, rancœurs et méchanceté qui peuvent aussi parfois être à l'œuvre, hypocrisies, renoncements et non-dits auxquels il faut se livrer pour conserver l'illusion de former une famille...
Hélas ! Le trait est bien trop forcé pour être crédible. Les personnages sont sans nuances, (stéréotypes de femme au foyer ou de femme d'affaires) et leurs actions et réactions outrancières. Quant aux dialogues, ils sont répétitifs et convenus. Bref, tout (situations, actions et personnages) est lourd et exagéré dans ce roman qui manque de finesse, de tendresse et de drôlerie alors que le sujet pouvait s'y prêter. L'auteur semble avoir uniquement basé son récit sur la cruauté des situations et des personnages qui oscillent entre insupportable apitoiement et colère démesurée.
Par exemple, dans toute la partie centrale du roman, entre le moment de la révélation à Liddy et le moment du revirement de Bridie, on fait du surplace : Bridie se lamente indéfiniment sur sa mise à l'index et met une éternité à en comprendre la raison sous-jacente alors que le lecteur la comprise depuis, pfff, bien longtemps déjà. Et Bridie tombe alors d'un excès à l'autre : alors que jusque-là elle avait basé sa vie entière sur ses relations avec ses sœurs au détriment même de son mari et de ses fils, la voilà qui renie sa fratrie et met en place, sans aucun scrupule, une vengeance bien ignominieuse.
Alors quoi ? La "morale" de ce roman serait que toute famille qui semble idyllique ne serait en fait que pourriture intrinsèque ? Il n'y a donc pas de place à l'entre-deux, à la nuance, à la finesse, chez Anne Fine ? Il semblerait que non. Dommage.
BlueGrey
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Anne Fine, Une sale rumeur (Telling Liddy), traduit de l'anglais par Dominique Kluger, éd. de l'Olivier, 1998, 267 pages, 16,77 €.
Jules a abandonné à la page 172 !
09:48 | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : littérature, livre, roman, famille, soeurs
01/10/2008
Le Fiancé de la lune – Eric Genetet (2008)
Toujours entre deux hôtels, deux filles, deux missions, deux avions, Arno Reyes, la quarantaine, vit libre et sans attaches. Jusqu'au jour où il tombe fou amoureux de Giannina, jeune chanteuse de jazz. Rencontre, coup de foudre, passion, vie commune, bébé, routine et usure...
Avec «quand l'amour s'emballe» en exergue sur la couverture, j'étais assez méfiante en prenant ce livre. Mais le titre, Le Fiancé de la lune, poétique et intriguant, m'a fait l'ouvrir malgré mes réticences. Et puis, une belle histoire d'amour, de temps en temps, ça fait du bien... Hélas ! L'histoire est d'une banalité affligeante et le style télégraphique, d'une pauvreté navrante. Certes, on est tous un peu niais quand on est amoureux, mais cela ne peut en aucun cas justifier des dialogues d'une telle inconsistance :
« - J'aime Paris. Avait dit Arno.
- J'aime la vie à Paris, la nuit, quand le vent souffle sur les toits. Avait dit Giannina.
- J'aime Paris. Avait répété Arno.
- J'aime aussi... Le goût de l'Aspégic dans tes baisers.
- Je deviendrai le souffle sur ta peau, sur ton ventre, sur tes seins, sur tes pieds.
- Tu vois mes pieds dans la glace ?
- J'aime tes pieds dans la glace Giannina.
- J'aime les pieds de Paris dans la glace.
- J'aime le goût de l'Aspégic. Avait répondu Arno.
- J'aime aussi... Le goût de la pluie.
- Je suis la pluie sur ta peau.
- Tu es la pluie sur ma peau.
- Je suis la nuit sur Paris. »
?!!??? Vraiment, les mots me manquent... De plus je suis totalement réfractaire au style SMS parfois employé dans la première partie du roman et utilisé afin d'ancrer le récit dans l'époque actuelle.
Le personnage principal, Arno donc, n'est en outre pas sympathique : toujours fuyant, jamais satisfait, vite rassasié. Son "amour fou" retombe aussi vite qu'un soufflet. Décevant. Le personnage de Giannina (mais qu'est-ce qu'elle lui trouve ?) m'a paru plus intéressant, mais pas assez développé pour s'y attacher réellement (ce n'est pas elle le sujet de l'histoire, mais ce cher Arno, très égocentré).
La seule raison qui m'a retenue de refermer ce livre avant la fin est que dès le début on sent une ombre planer sur cette histoire... La concrétisation de cette ombre rend la seconde partie du roman plus intéressante, quoique franchement prévisible.
BlueGrey
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Eric Genetet, Le Fiancé de la lune, éd Héloïse d’Ormesson, 2008, 123 pages, 15 €.
Les avis de Clarabel et Argantel.
Merci à Chez les filles et aux Editions Héloïse d'Ormesson de m'avoir envoyé ce livre.
12:30 | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : littérature, livre, roman, amour, paris