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07/01/2009

Une sale rumeur – Anne Fine (1998)

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Une sale rumeur.gifLiddy, Stella, Bridie et Heather sont quatre sœurs extrêmement liées, bien qu'aux caractères très différents. Elles forment un véritable clan, soudé et fort. Elles habitent la même ville, se voient souvent et  se téléphonent encore plus. Elles partagent joies et peines, anxiétés et réussites. Elles n'ont aucun secret les unes pour les autres. A ce qu'il paraît.

Jusqu'au jour où Stella, qui a eu vent d'une vague rumeur -invérifiée et surement infondée- de pédophilie au sujet du fiancé de Liddy, en parle à Bridie. Celle-ci, assistante sociale, est catégorique : il faut alerter Liddy au plus vite, même au risque de détruire son tout nouveau bonheur. Mais Stella n'en est pas convaincue, Heather non plus. Leurs discussions s'enveniment, raniment les anciens conflits. Finalement, Bridie obtient gain de cause et révèle la rumeur à sa sœur, "pour son bien" évidement, mais la réaction de Liddy, d'une grande violence, n'est pas celle escomptée : elle accuse sa sœur de mentir, d'inventer pour ternir son bonheur et du jour au lendemain, coupe tout contact. Et Bridie se retrouve esseulée, mise à l'écart par ses sœurs.

 

Contrairement à ce que peut laisser présager son titre en français, le sujet de ce roman n'est pas de dénoncer la violence et les méfaits du "bruit qui court" et qui peut sur son passage détruire l'existence de sa victime. Pour Anne Fine, la rumeur n'est qu'un prétexte. En imposant un choix aux sœurs -parler ou se taire- elle est le révélateur de dissonances familiales sous l'hypocrite façade de "famille idéale". Anne Fine se sert donc de ce prétexte pour mener une sorte d'étude-critique des rapports familiaux : rapports de force qui peuvent exister entre les membres d'une fratrie, jalousie, rancœurs et méchanceté qui peuvent aussi parfois être à l'œuvre, hypocrisies, renoncements et non-dits auxquels il faut se livrer pour conserver l'illusion de former une famille...

Hélas ! Le trait est bien trop forcé pour être crédible. Les personnages sont sans nuances, (stéréotypes de femme au foyer ou de femme d'affaires) et leurs actions et réactions outrancières. Quant aux dialogues, ils sont répétitifs et convenus. Bref, tout (situations, actions et personnages) est lourd et exagéré dans ce roman qui manque de finesse, de tendresse et de drôlerie alors que le sujet pouvait s'y prêter. L'auteur semble avoir uniquement basé son récit sur la cruauté des situations et des personnages qui oscillent entre insupportable apitoiement et colère démesurée.

Par exemple, dans toute la partie centrale du roman, entre le moment de la révélation à Liddy et le moment du revirement de Bridie, on fait du surplace : Bridie se lamente indéfiniment sur sa mise à l'index et met une éternité à en comprendre la raison sous-jacente alors que le lecteur la comprise depuis, pfff, bien longtemps déjà. Et Bridie tombe alors d'un excès à l'autre : alors que jusque-là elle avait basé sa vie entière sur ses relations avec ses sœurs au détriment même de son mari et de ses fils, la voilà qui renie sa fratrie et met en place, sans aucun scrupule, une vengeance bien ignominieuse.

Alors quoi ? La "morale" de ce roman serait que toute famille qui semble idyllique ne serait en fait que pourriture intrinsèque ? Il n'y a donc pas de place à l'entre-deux, à la nuance, à la finesse, chez Anne Fine ? Il semblerait que non. Dommage.

 

BlueGrey

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Anne Fine, Une sale rumeur (Telling Liddy), traduit de l'anglais par Dominique Kluger, éd. de l'Olivier, 1998, 267 pages, 16,77 €.

Jules a abandonné à la page 172 !