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12/03/2012

[théâtre] Bullet Park - d'après John Cheever / Rodolphe Dana - Collectif Les Possédés

Bullet Park, Collectif Les PossédésRodolphe Dana met en scène Bullet Park, d'après le roman de John Cheever publié en 1969, œuvre qui plonge dans les névroses de l'Amérique banlieusarde des années 60.

Via le quotidien de deux familles voisines, les Nailles et les Hammer ("clous" et "marteau"), il dépeint l'American way of life et en révèle les contradictions. Car derrière les façades pimpantes de l'utopie pavillonnaire, tout se désagrège. Engoncés dans le carcan des conventions, les habitants de Bullet Park étouffent sous des règles sociales, culturelles et morales qui engendrent frustrations et désarroi existentiel. Découvrir la suite...

23/02/2009

Brown's requiem – James Ellroy (1981)

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Brown s requiem.gifFritz Brown est un ancien "flic merdique, la honte du service" qui s'est reconverti dans la récupération de voitures impayées. A côté de cette activité, gentiment lucrative, il s'offre pour des raisons fiscales une façade de détective privé. Cette astuce comptable va l'entraîner dans une enquête de trois cent cinquante pages serrées, (où toutefois l'action incessante s'épuise parfois dans une longue poursuite) quand un caddy dingo l'engage pour surveiller sa jolie soeur qui vit en compagnie d'un homme qui pourrait être son père.

Malgré un récit de construction chronologique, Ellroy excelle dans la mise en place d'une narration aussi déstructurée et hallucinée que les errances mentales et affectives de son héros, ce qui égare autant que subjugue le lecteur qui ne sait plus que croire et comment assembler les pièces du puzzle et qui est tenu de bout en bout par l'intrigue ! En savoir plus...

15/02/2009

L'homme qui marchait sur la Lune – Howard McCord (1997)

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L'homme qui marchait sur la Lune s'appelle William Gasper, il a une cinquantaine d'année, et aime marcher donc, des jours entiers, et courir aussi, nu. Depuis cinq ans il arpente inlassablement la Lune, montagne de nulle part au cœur du Nevada. Il marche, escalade, attend, scrute l'horizon, contemple le ciel étoilé, marche encore. Il gravit la montagne, et la redescend.

Mais qui est donc l'homme qui marchait sur la Lune ? Un ascète, un promeneur mystique, un fugitif, un fabulateur, un illuminé, un fou dangereux ?

L'homme qui marchait sur la Lune est un assassin. Ancien tireur d'élite de l'armée américaine, vétéran de Corée, toujours assassin : « Je suis un assassin, de caractère comme de profession ». D'un ton détaché, il s'explique, ou plutôt il se raconte (ou invente, comme savoir ?). Il ne se justifie pas, ni n'attend aucun assentiment, simplement, il dit : « J'en suis aujourd'hui à cent quarante, et ne suis pas lassé, toujours pas lassé. »

Et sur sa Lune aride et désolée, il devine une autre présence. Qui le suit ? Une ombre, un autre tueur, ses propres délires ?

En un long monologue, le narrateur entraîne le lecteur dans son ascension au sommet de la Lune. On crapahute à ses trousses, sans savoir où il va, ni d'où il vient. Durant sa longue marche, il soliloque, indéfiniment, mêlant mysticisme, mythologie médiévale,et réalisme, mélancolie et détachement et nous entraîne peu à peu dans les égarements de sa conscience hallucinée, sur les chemins sinueux de la folie. Car si, au début, on pense cheminer avec un doux-dingue, un gentil illuminé, on se retrouve finalement en compagnie d'un psychopathe paranoïaque.

L'homme qui marchait sur la Lune est un roman à part, un étrange mélange des genres, entre éloge lyrique de la nature et thriller. C'est un livre sombre, un chouïa barré, déroutant et parfois même assez dérangent. C'est un récit sous tension, d'une grande maîtrise, au style lapidaire et incisif et à la langue à la fois précise et évocatrice. Quelques notes de dérision finissent de désarçonner le lecteur, déjà surpris par l'originalité du mélange des genres et la narration portée par un personnage totalement ambigu : intelligent, éclairé, à l'écoute de la nature et en même temps d'une froideur intérieure extrême.

« Qu'elles concernent l'art, l'amour ou la mise à mort, les valeurs sont une affaire personnelle. Une question de goût et de conventions, rien d'autre. Autant qu'il m'était possible de le faire, je mes suis toujours efforcé d'agir en ces domaines avec calme et raison. Je sais ce que j'aime et je sais ce que je veux. Je suis même prêt à me sacrifier pour les autres. Si je le veux. Je le veux rarement, c'est une des raisons pour lesquelles je vis depuis toutes ces années sur un territoire comme celui que m'offre la Lune : vaste et vide. »

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Howard McCord, L'homme qui marchait sur la Lune (The Man Who Walked to the Moon), traduit de l'américain par Jacques Mailhos, éd. Gallmeister, coll. Nature Writing, 2008 (1997), 133 pages, 18, 90 €.

Les avis de Cuné, Cathulu et Papillon.

23/04/2008

Les révoltés (série en 3 albums) – Jean Dufaux & Marc Malès (1998, 1999 & 2000)

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Les révoltés : le titre est accrocheur ! Qui sont-ils ces révoltés ? Et à l'encontre de quoi va leur révolte ?

Le premier des révoltés est James B. Sterling, héritier de la Sterling Oil Corporation, qui, le 23 juillet 1951, précipite sa Cadillac au coffre bourré d'explosifs contre un derrick. Au moment où son véhicule explose, James hurle le nom de sa sœur, Blanche. Blanche : seconde des révoltés. Blanche, jeune femme trop libérée que sa famille a muselée, enfermée en hôpital psychiatrique. Blanche qui tient toujours serré contre elle son ours en peluche et n'espère même plus que Waldo, son amant, vienne la chercher. Waldo, troisième des révoltés, est le narrateur et le fil conducteur du récit. A la suite du meurtre de ses parents dont il a été témoin enfant, Waldo est parti grossir les rangs des miséreux attirés par les lumières des grandes villes naissantes dans l'Amérique des années 30. Chance ? Hasard ? Fatalité ? Waldo a rencontré Blanche qui l'a introduit au sein de cette Jet-Set qui le fascine. Et, enfouit quelque part entre James, Blanche et Waldo, il existe un secret si monstrueux qu'il ronge tous ceux qui le connaissent.

Cette série reconstitue une époque fascinante, l'Amérique de la fin des années 30 au début des années 50, dans laquelle viennent se perdre les rois du pétrole, le tout Hollywood et la pègre. Un joli mélange de tronches, de vies gâchées ou défaites : actrices plantureuses, acteur déchu, parents indignes, auteur ambitieux et arriviste, gros-bras, producteur véreux, star du porno... Du beau monde quoi, qui se ment, se trompe, se dénonce, se sacrifie, se déchire.

Au milieu de cette faune baroque, James, Blanche et Waldo refusent la fatalité d'un avenir prédestiné et tentent d'occuper la place que chacun s'est choisi. Le titre de la série pouvait laisser croire qu'en guise de révolte, on irait plus loin. Il s'agit là plutôt de révolte intérieure : on les sent bouillonner nos personnages, se débattre frénétiquement contre leur destin, mais il existe peu d'échappatoires possibles : suicide, folie, corruption... L'autodestruction semble la seule issue.

Les révoltés n'est pas la meilleure histoire de Dufaux. C'est seulement une histoire, une parmi tant d'autres pour ce scénariste hyper-prolifique fasciné par le roman noir américain. Quant au dessin : le trait est épais, les couleurs sont "fanées", et on a parfois du mal à distinguer les personnages féminins, au dessin trop proche. La vraie force du récit vient des personnages, que je qualifierais de "torturés" plutôt que de "révoltés". Aucun n'est "tout blanc" dans cette histoire, et aucun n'en sort indemne, car le rêve américain à son prix...

  

BlueGrey

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Les révoltés (série en 3 albums)
Scénario de Jean Dufaux et dessin de Marc Malès
Editions Glénat, coll. Caractère, dépôt légal 01/1998, 01/1999 et 01/2000, 48 planches par album, 13 € l'album.

20/09/2007

Le Dahlia Noir – James Ellroy (1987)

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999a35c854bf385ba7fd92deaecb99a1.gifLe Dahlia noir avait un nom : Elizabeth Short. C'était une apprentie comédienne de 22 ans, retrouvée morte et atrocement mutilée dans un terrain vague de Los Angeles, le 15 janvier 1947. Quarante ans plus tard, le romancier James Ellroy s'inspire de ce fait divers et signe Le Dahlia noir, roman excessif, d'une rare noirceur, récit d'une double obsession : celle de deux flics qui se font littéralement ronger par ce meurtre sordide et leur enquête, et celle de l'auteur marqué à jamais par le meurtre non élucidé de sa mère, quand il avait 10 ans. Car résoudre l'énigme criminelle la plus célèbre d'Amérique n'est pas ce qui intéresse Ellroy, son but est d'exorciser son passé, son récit est cathartique (la postface du livre, rédigée par Ellroy en 2006, est très éclairante sur ce point). Découvrir la suite...