28/05/2007
Et on tuera tous les affreux - Boris Vian (1948)
Une nuit Rocky, coqueluche des demoiselles qui voudrait se garder vierge jusqu'à ses vingt ans, est drogué et enlevé. Quand il se réveille il se trouve entièrement nu dans une chambre d'hôpital et pour retrouver sa liberté il doit faire l'amour avec une très belle jeune femme. Une fois libéré il va enquêter sur ce qui lui est arrivé, va découvrir un homme assassiné dans une cabine téléphonique et une jeune femme tuée, des photos d'opérations chirurgicales abominables et illégales, et, de courses poursuites en coups de poing, va mettre à jour le projet eugéniste d'un savant fou. Dans sa clinique sur son île de la perfection le diabolique Dr Schutz sélectionne des reproducteurs humains et bricole des embryons afin de créer une «race supérieure» pour une société monocorde exclusivement constituée de "beaux". Et c'est paradoxalement Rocky le beau gosse qui va devoir contrecarrer les projets du diabolique Dr Schutz qui vont finalement échouer dans un feu d'artifice piloté par l'armée.
Et on tuera tous les affreux est un pastiche burlesque des romans noirs américains dans lequel Boris Vian décline avec aisance les motifs favoris du genre en mêlant sexe, sang, épouvante, anticipation scientifique, suspense policier, espionnage, péripéties douteuses, retournements de situation improbables et franche rigolade. Boris Vian livre une oeuvre positivement confuse, vaguement policière et parfaitement farfelue, tour à tour angoissante et hilarante, à la fois simulation d'intrigue policière et réflexion dénonçant l'uniformisation menaçante des modes de vie, avec, en guise de conclusion : «Il y a des beaux, des affreux, des neutres, et il faut faire avec.»
BlueGrey
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Boris Vian, Et on tuera tous les affreux, éd. LGF, coll. Le Livre de Poche, 1999 (1948), 221 pages, 4,50 €.
18:30 | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : littérature, roman, eugenisme, anticipation, beauté