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27/07/2004

[théâtre] Cuisine et Dépendances - Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri / Théâtre de Lulu sur la Colline

Martine et Jacques organisent un dîner en l'honneur d'un ami d’enfance devenu très célèbre et qu'ils n'ont pas revu depuis dix ans, mais ils ont la tête ailleurs. Le contrôle de la soirée va complètement leur échapper, car si l'invité est au salon, la vraie soirée se déroule en "coulisse" dans la cuisine ! Là nous croisons Jacques et Martine donc, le jeune couple ami d’enfance du présentateur star, qui n’ont pas le temps de se poser les questions capitales ; Georges, l’ours bougon, squatteur de la maison et aussi ami d’enfance, s’en pose des questions, lui, à tout bout de champ, à tout moment, dans n’importe quel sens, à l’endroit et à l’envers, et ça n’avance à rien ; Charlotte, épouse de cette célébrité et toujours ami d’enfance, ne sait plus quelles questions elle doit poser et se poser ; et Fred, frère de Martine, pas ami, mais proche de l’enfance, qui ne voit pas l’intérêt de s’en poser, des questions. Dans le salon se trouvent deux personnages que l’on ne verra pas dans la pièce : Marilyn, la petite amie de Fred, la bombe sexuelle à la cervelle de moineau, qui ne soupçonne même pas que de telles questions puisse exister, et l’illustre mari de Charlotte, "star" de la soirée et dont la présence sera un révélateur comportemental de chacun, engendrant en cuisine les réactions et les avis les plus divers.

Il y a une question que chacun va se poser. Qui est-il, cet invité célèbre ? Une future relation, un ancien ami, un possible amant, un ex-mari, ou un imbécile de passage ? Les personnages défilent hypocritement devant cet homme... Pourquoi ? Peut-être pour gagner «son estime […] qui serait devenue indispensable en l’espace d’une soirée» (dixit Georges, acte 3).

On ajoute à cela une louche de vieux sentiments, une cuillérée de regrets, un soupçon de ressentiments et une pincée de poker et on obtient un repas très salé, une véritable soupe sentimentale et une vision saignante du couple. Le couple Jacques-Martine, qui a suivi les conventions sociales du mariage, se révèle rapidement en crise. Leur quête actuelle de leur vérité va s’opposer aux dix années passées où les problèmes de communication les ont conduit à rester à tout prix convenable, tombant dans une routine qui ce soir va céder, marquant un tournant crucial de leurs vies. Le couple Georges-Charlotte est tout aussi raté, probablement parce qu’ils n’ont pas osé l’engagement...

La cuisine devient l’arène des règlements de compte et des espoirs futurs : on y voit tous les personnages se dévoiler les uns après les autres, vulnérables et fragiles, plus lâches que vraiment méchants, empêtrés dans leur vie, tiraillés entre leurs peurs et leurs désirs, émouvants. Cuisine et Dépendances est une satire sociale, une comédie douce-amère, tendre et subtile, à l’écriture caustique et au ton léger.

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Cuisine et Dépendances
Comédie d'Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri
Interprété par le Théâtre de Lulu sur la Colline

Spectacle vu le 27/07/2004 au Festival d’Avignon Off

19/07/2004

[théâtre] Knock - Jules Romain / Théâtre du Kronope

« Les gens bien portants sont des malades qui s'ignorent. » Docteur Knock

Un décor très ingénieux, fait de malles et de caisses entassées, de portes et de trappes dérobées, des intermèdes musicaux originaux, des costumes délirants, des personnages fantasques et masqué, un Knock survitaminé... Nous sommes dans le monde loufoque et burlesque de la commedia dell'arte : un pur régal, un vrai bonheur !

Et juste pour le plaisir, un petit extrait :

LE TAMBOUR – Quand j'ai dîné, il y a des fois que je sens une espèce de démangeaison ici. Ça me chatouille, ou plutôt ça me gratouille.
KNOCK – Attention. Ne confondons pas. Est-ce que ça vous chatouille, ou est-ce que ça vous gratouille ?
LE TAMBOUR – Ça me gratouille. Mais ça me chatouille bien un peu aussi...
KNOCK – Est-ce que ça ne vous gratouille pas davantage quand vous avez mangé de la tête de veau à la vinaigrette ?
LE TAMBOUR – Je n'en mange jamais. Mais il me semble que si j'en mangeais, effectivement, ça me gratouillerait plus.

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Knock
D'après Jules Romain
Mise en scène et adaptation Guy Simon
Interprété par le Théâtre du Kronope

Spectacle vu le 19/07/2004 au Festival d’Avignon Off

17/07/2004

[théâtre] Daewoo - François Bon / Charles Tordjman

Quatre femmes, quatre amies, quatre anciennes de l'usine. L'usine a fermé, la cinquième n'a pas supporté le poids du chômage et l'angoisse de l'avenir. Elle a préféré partir. Définitivement.

Les quatre amies se serrent les coudes. Elles parlent indéfiniment de l'usine, des plans de licenciement, de la lutte qui a suivi, du refus de perdre leur travail, des tentatives de reclassement, de l'angoisse des jours qui passent, toujours plus vides, de l'instabilité dans leur vie depuis l'évènement. Elles cherchent de quoi tenir, des raisons de continuer, entre colère et résignation.

Le propos est dur, amer, et les spectateurs ont peu de répits et peu raisons de rires. Une pièce qui serre le ventre, à voir comme un hommage à la noblesse de ces femmes que l'on a avilies.

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Daewoo
De François Bon
Mise en scène de Charles Tordjman
Avec Christine Brücher, Julie Pilod, Samira Sédira, Agnès Sourdillon

+ d'info sur la pièce Daewoo

Spectacle vu le 17/07/2004 au Festival d’Avignon In

15/07/2004

[théâtre] Peer Gynt - Henrik Ibsen / Patrick Pineau

Le chemin de Peer Gynt est rude : quatre heures et demie avec un personnage que son auteur ne lâche pas une seconde, de l'âge des chiens fous à celui de la vieillesse, passant de mensonges en aventures, jusqu'au retour du poète-voyageur dans sa Norvège natale, une fois fortune faite. On suit l'évolution du personnage principal et la manière dont il assimile les leçons données par la vie, jusqu'à la conclusion, au seuil de la mort : dans son obstination à être "soi-même", Peer Gynt est passé à côté de sa vie, et il ne comprend qu'à son retour que sa vérité à lui était depuis toujours auprès de Solveig.

Eric Elmosnino est un Peer Gynt canaille, sauvage et trépidant. Il passe avec brio du prince au clochard, peut dans l'instant mourir d'amour ou bondir à la poursuite de la fille du roi des trolls.

La première partie de la pièce, remplie de personnages fantastiques et imaginaires, de rencontres imprévues et de rebondissements, fortunes et infortunes du héros bouffon, hésite entre rêve et réalité. Quant à la seconde partie... Monologues excessivement longs... Long !

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Peer Gynt
D'Henrik Ibsen
Mise en scène Patrick Pineau
Avec Bouzid Allam, Gilles Arbona, Baya Belal, Nicolas Bonnefoy, Frédéric Borie, Hervé Briaux, Jean-Michel Cannone, Laurence Cordier, Eric Elmosnino, Aline Le Berre, Laurent Manzoni, Christelle Martin, Mathias Mégard, Cendrine Orcier, Fabien Orcier, Annie Perret, Julie Pouillon, Marie Trystram

Spectacle vu le 15/07/2004 au Festival d’Avignon In

[théâtre] Le colonel des Zouaves - Olivier Cadiot / Ludovic Lagarde

Sur scène Laurent Poitrenaux, en survêtement sombre, se tient les pieds rivés au sol. Grâce à un système d'amplification et de déformation des sons, l'acteur peut multiplier les protagonistes : il interprète à lui seul une dizaine de personnages excentriques et les voix qui vont avec, de même que les ambiances sonores et les bruitages qui les accompagnent. Il accomplit aussi une véritable performance gestuelle, mimant en accéléré les petites choses qui se passent en marge de ce qu'il raconte.

Quant au récit, il est centré sur les obsessions d'un domestique zélé. Il est fait d'un monologue très rythmé mélangeant leçons d'art ménager, dialogues, récit de service à table, fantasmes et autres délires... Lent éloignement du chemin de la réalité.

Olivier Cadiot : « Exilé dans son entresol, un domestique zélé tente d'améliorer son service. La conscience professionnelle tourne très vite à l'obsession dévorante. Il s'oblige à s'inventer des méthodes de plus en plus complexes et inutiles comme Robinson dans son île, cherchant à contrôler à l'infini tous les stades de son travail. Devenu encyclopédiste sans le savoir, cet autodidacte s'imagine qu'une accumulation de progrès minuscules suffira à lui faire réussir un vrai "Art Ménager". Diviser à la folie pour mieux régner. Leçon de service total.

Pour bien servir les gens, il faut connaître leurs goûts, il faut les écouter. Il finira par enregistrer leurs conversations, les transcrire, transformer sa cave en table d'écoute, et devenir espion de fait. Dur travail de reconstituer mot à mot la partition exacte de ce qu'il a entendu. Le monologue central mélange en une seule phrase propos de table, commentaires, fragments de discours et morceaux de dialogues. Il va convoquer des personnages virtuels, comme preuves à l'appui dans un procès privé. Reconstitutions de tableaux vivants en anamorphose. Pour échapper à ce cauchemar, notre héros file à fond dans la nature. Course à pied pour rassembler ses esprits. Cross pour avaler le passé. »

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Le colonel des Zouaves
D'Olivier Cadiot
Mise en scène et scénographie de Ludovic Lagarde
Musique de Gilles Grand
Avec Laurent Poitrenaux

Spectacle vu le 15/07/2004 au Festival d’Avignon In