17/07/2004
[théâtre] Daewoo - François Bon / Charles Tordjman
Quatre femmes, quatre amies, quatre anciennes de l'usine. L'usine a fermé, la cinquième n'a pas supporté le poids du chômage et l'angoisse de l'avenir. Elle a préféré partir. Définitivement.
Les quatre amies se serrent les coudes. Elles parlent indéfiniment de l'usine, des plans de licenciement, de la lutte qui a suivi, du refus de perdre leur travail, des tentatives de reclassement, de l'angoisse des jours qui passent, toujours plus vides, de l'instabilité dans leur vie depuis l'évènement. Elles cherchent de quoi tenir, des raisons de continuer, entre colère et résignation.
Le propos est dur, amer, et les spectateurs ont peu de répits et peu raisons de rires. Une pièce qui serre le ventre, à voir comme un hommage à la noblesse de ces femmes que l'on a avilies.
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Daewoo
De François Bon
Mise en scène de Charles Tordjman
Avec Christine Brücher, Julie Pilod, Samira Sédira, Agnès Sourdillon
+ d'info sur la pièce Daewoo
Spectacle vu le 17/07/2004 au Festival d’Avignon In
18:00 Publié dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : avignon, festival d'avignon in, théâtre, daewoo, ouvriers, usine, chômage
Commentaires
Oui, un beau gâchis Daewoo en Lorraine, je suis pas prêt de leur acheter quoi que ce soit.
Écrit par : Chatigret | 28/07/2005
Un petit récapitulatif des évènements :
Daewoo, multinationale coréenne, avait implanté trois sites à la fin des années quatre-vingt au cœur des zones sinistrées de la sidérurgie lorraine, attiré par le beau pactole de 46 million d’euros d’aides publiques offertes. On avait fait de cette implantation de Daewoo en Lorraine un symbole : les objets du monde d’aujourd’hui, le tube cathodique omniprésent, étaient une nouvelle chance après l’abandon de la sidérurgie. On connaît la suite : les téléviseurs vendus à perte par le groupe Daewoo à une de ses propres filiales pour mieux continuer d’engranger les subventions sans payer l’URSSAF, un patron escroc recherché par Interpol, auquel Jacques Chirac accorde la nationalité française pour "service exceptionnel rendu à la nation", et Alain Juppé la croix de commandeur de la Légion d’honneur !
En 2002 et 2003 le dirigeant de la multinationale, Kim Woo-choong, disparaît dans la nature après avoir mis les sites en liquidation tandis que les productions sont délocalisées en Chine ou en Corée. Daewoo jette sur le pavé 1200 salariés, des femmes pour l’essentiel. Et le 21 janvier 2003, l’usine Daewoo de Mont-Saint-Martin, près de Longwy, est dévastée par un incendie. Un gaspillage monstrueux, sauf pour le groupe, qui fera l’économie du plan social.
Aujourd’hui, les chaînes de fabrication déménagées de Fameck et Villers-la-Montagne fonctionnent à plein rendement, mais en Turquie ou en Pologne.
Le 14 juin 2005 Kim Woo-choong, ancien patron de Daewoo, qui doit répondre à l'accusation de détournement de fonds, se livrait à la police Sud-Coréenne après des années de cavale. «Je m'incline très bas et je présente mes excuses pour avoir causé des problèmes aux gens», a-t-il déclaré, dans un communiqué.
Lamentable !
Écrit par : BlueGrey | 29/07/2005
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