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09/10/2007

La maison assassinée – Pierre Magnan (1984)

5241f3784ad62eec1a01a08d1ab59ef3.gif 5241f3784ad62eec1a01a08d1ab59ef3.gif 5241f3784ad62eec1a01a08d1ab59ef3.gif Genre : drame paysan

0cc402d2744177dd900bc718ee5f9dcc.gifLe 29 septembre 1896 en Haute-Provence, par une nuit d'orage, toute la famille Monge est massacrée, égorgée. Séraphin, bébé de trois semaines, est le seul survivant... Les années passent. Après la Première Guerre mondiale, Séraphin revient au pays. Surgi du passé, Séraphin dérange les villageois, leur fait peur, les fascine aussi. Car il est bien étrange ce jeune homme beau tel un archange, puissant, placide et silencieux, toujours les poings serrés, qui entreprend de démolir, pierre à pierre, la maison du drame, comme pour l'effacer ou peut-être pour découvrir dans ses entrailles les réponses à ses questions. Car, hanté par l'image de sa mère morte, Séraphin n'aspire qu'à découvrir la vérité sur la mort des siens, et se venger. Or cela, tout l'indiffère : l'opinion publique, l'amitié que lui offre une "gueule cassée", l'amour des femmes... rien ne semble l'atteindre. De rencontres en révélations, il se lance en silence sur la trace des coupables. Mais à grande surprise, un inconnu le devance sur le chemin de sa vengeance.

Pierre Magnan a écrit là un remarquable roman dont l'intrigue policière touche à la tragédie. Mais avant tout ce livre est un roman d'atmosphère, qui mêle le mystère au réalisme paysan. Pierre Magnan parvient à saisir de manière réaliste l'ambiance étouffante faite de non-dits qui règne dans le village, mais aussi ce quotidien accablant que les habitants rehaussent de on-dit et de racontars. Les notables du village (Didon Sépulcre, propriétaire du moulin à huile, Célestat Dormeur le boulanger, et Gaspard Dupin, enrichi grâce à la guerre) paraissent vite bien louches mais on ne comprendra que très tard la véritable teneur de leur implication dans l'intrigue. Les personnages féminins ne sont pas en reste, surtout le trio principal formé par Rose Sépulcre, Marie Dormeur et Charmaine Dupin (les filles respectives des trois hommes suscités). Et bien qu'au début le fait qu'elles se jettent toutes trois à la tête de Séraphin puisse paraître passablement artificiel, il faut leur reconnaître du caractère et de l'éclat, rehaussé d'un brin de perversité et d'une liberté de ton et d'action inattendue mais salutaire vu l'époque du récit. Quant à Séraphin, pris par son obsession macabre qui le poursuit sans répit et sa vengeance qui le dépasse, il paraît presque extérieur aux évènements alors qu'il en est le centre de gravité et le déclencheur.

Le décor rude et sauvage, les personnages forts et bien campés, le style précis, l'intrigue sinueuse : le tout forme un roman noir et poisseux, parfois quelque peu dérangeant, et assurément prenant.

c05ec65aaf56ff2d729d380c369e6604.gifEn 1987 Georges Lautner a adapté ce roman en un film assez fidèle avec Patrick Bruel dans le rôle principal. Le film joue la carte du lent mélodrame rural et rend à merveille l'univers campagnard lourd de menaces, de haines et de secrets enfouis. On retrouve donc bien l'atmosphère du roman, mais la mise en scène ne décolle pas de l'illustration genre téléfilm. De plus, j'ai eu du mal a trouver Patrick Bruel crédible en Séraphin Monge : il manque cruellement de carrure pour un tel personnage et le rend bien fade alors qu'il devrait être énigmatique et fascinant.

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Pierre Magnan, La maison assassinée, éd. Denoël, coll. folio policier, 2003 (1984), 345 pages, 7,20 €.

Merci à Flo pour m'avoir fait découvrir ce livre et cet auteur !

Commentaires

Ce film est magnifique. Je l'avais beaucoup aimé.
Bonne lecture et bonne soirée donc... ;o))

Écrit par : ALaure | 09/10/2007

Bon film :)
N'ayant pas lu le livre je ne sais pas jusqu'à quel point il y est fidèle mais j'avais beaucoup aimé le film.
Et très jolie nouvelle bannière, beaucoup plus gaie. En plus j'adore les coquelicots :) Je suis sous le charme : bravo !!

Écrit par : Flo | 09/10/2007

Ce film m'a traumatisé quand j'étais petit. Je l'ai bien revu il y a quelques années, mais j'ai toujours les images du massacre qui me hantent.

Écrit par : Gaël | 10/10/2007

Je n'ai pas lu le livre. Quand au film, je l'avais bcp aimé à sa sortie !
Flo a raison ta nouvelle bannière est très chouette :)

@Gaël et BlueGrey, le film qui m'a traumatisé pendant longtemps c'est Minigth Express. Pendant longtemps, j'ai pensé que je n'irais jamais en Turquie.

Écrit par : anjelica | 10/10/2007

Ah les films qui traumatisent...je ne sais pas si j'ai été traumatisée pour ma part, mais certains m'ont vraiment marqué. celui-là je l'ai vu petite, un été, ma tante étant une fana de patriiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiick!

Écrit par : choupynette | 10/10/2007

@ tous : j'ai fini ma lecture à temps pour pouvoir pleinement profiter du film... La scène où Didon Sépulcre est broyé sous la meule de son moulin est brrrr ! J'en ai encore des frissons.

@ Flo & anjelica : heureuse que ma nouvelle bannière vous plaise ! Je fais encore des essais, donc peut-être changera-t-elle encore...

Écrit par : BlueGrey | 10/10/2007

Un film que j'aime bien !

Écrit par : Tietie007 | 10/10/2007

On avait lu presque tous les "pesudo-polars" de Pierre Magnan il y a quelques années.
On aimait bien ses intrigues profondément ancrées (très profondément ancrées !) dans l'histoire de ces campagnes du midi. Toujours à la découverte d'aspects méconnus de nos terroirs.

Écrit par : BMR | 10/10/2007

Je suis tellement heureuse qu'il t'ai plû... on ne parle plus beaucoup de Magnan et c'est vrai que sa production a parfois été inégale mais il a écrit quelques bijoux (dont la maison assassinée) avec des personnages, des saveurs, des ambiances inoubliables... Je n'avais pas apprécié la suite de l'histoire de Séraphin (le mystère de séraphin monge si ma mémoire ne me lache pas) mais j'ai une grande tendresse pour les romans où sévit le commissaire Laviolette...

Écrit par : yueyin | 10/10/2007

ah sinon le film j'ai beaucoup aimé aussi, en fait je le revoit de temps à autres... je ne le trouve pas si sombre, à vrai dire le roman non plus... c'est l'histoire d'un survivant après tout...

Écrit par : yueyin | 10/10/2007

J'ai beaucoup aimé ce film, mais je n'ai pas lu le livre...sinon quelle magnifique bannière tu as là, j'aime beaucoup !!

Écrit par : Florinette | 11/10/2007

Bonjour Madame BlueGrey,
J'aime bien ce film, il a une ambiance d'enfer... De Magnan, je n'ai lu que "La sauterelle qui se tape le train" (Ah zut, c'est quoi le vrai titre déjà ?).
Et puis j'ai boutonisé votre nouvelle bannière...
A bientôt

Écrit par : Mr Kiki | 11/10/2007

@ BMR : "profondément ancrées dans l'histoire de ces campagnes du midi"... C'est exactement ça ! Et étant une campagnarde du midi, ça me parle !

@ YueYin : en effet, c'est l'histoire d'un homme qui ne vit pas vraiment, qui tente désespérément et simplement de survivre avant même d'envisager de vivre...

@ Florinette : merci pour ma bannière ! ;-)

@ Mr Kiki : vous m'imaginez dans une librairie demandant "La sauterelle qui se tape le train" ??? Non mais, vraiment...
Et merci infiniment pour mes nouveaux boutons : j'adôre !

Écrit par : BlueGrey | 11/10/2007

Non, Madame BlueGrey. Je ne vous imagine pas demander "la sauterelle qui se tape le train" dans une librairie, d'autant plus que dans la nouvelle édition, le dessin sur la couverture a changé...
J'ai retrouvé le titre du livre en question : "Les charbonniers de la mort".

A bientôt

PS : J'ai raconté mon histoire avec ce livre dans un article il y a quelques mois.
http://kikimundo.over-blog.com/article-6424011.html

Écrit par : Mr Kiki | 11/10/2007

@BlueGrey et Mr KIKI, si Mr KIKI était préposé au titre des livres suivant leur couverture, peut-être les ventes monteraient -elles en flèche ? Par contre, on ferait nos commandes par Internet pour ne pas à avoir à prononcer le titre car je suis presque sûre que Mr Kiki jouerait un tant soi peu dans la provoc :))

Écrit par : anjelica | 12/10/2007

monsieur kiki est un farceur mais il est vrai que le changement de couverture l'a profondément chamboulé :-D (la nouvelle est moche y'a pas à dire...) ceci étant je te conseille les charbonniers de la mort qui se passe au début du siècle (le XXe) dans les basses alpes (évidemment) et qui met en scène le père, encore tout jeune, du commissaire laviolette... Superbe !

Écrit par : yueyin | 12/10/2007

J'ai redécouvert Pierre Magnan cet été, avec "Les courriers de la mort". Je comptais en toucher un mot prochainement, puisque je me suis procuré quelques uns de ses bouquins et qu'il n'est plus tellement lu aujourd'hui...mais tu m'as grillé, la vache, c'est hyper contrariant :-)

"La maison assassinée" est un excellent livre. Enfin pour autant que je m'en souvienne (j'ai dû le lire aux alentours de 1994 :))

Écrit par : Thom | 14/10/2007

@ Mr Kiki & YueYin : "Les charbonniers de la mort" est donc inscrit sur ma LAL...

@ Anjelica : rhô oui, Mr Kiki préposé aux titres de livres : je suis sûre que cela serait très instructif (reste à déterminer dans quel domaine cela serait instructif... :D) !

@ Thom : ha ha ha ! Je t'ai grillé ! Fière de moi je suis ! ;-)

Écrit par : BlueGrey | 21/10/2007

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