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14/01/2007

Léon l’Africain - Amin Maalouf (1986)

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medium_leonlafricain.gif«Moi, Hassan, fils de Mohamed le peseur, moi, Jean-Léon de Médicis, circoncis de la main d'un barbier et baptisé de la main d'un pape, on me nomme aujourd'hui l'Africain, mais d'Afrique ne suis, ni d'Europe, ni d'Arabie. On m'appelle aussi le Grenadin, le Fassi, le Zayyati, mais je ne viens d'aucun pays, d'aucune cité, d'aucune tribu. Je suis fils de la route, ma patrie est caravane, et ma vie la plus inattendue des traversées.»

Ce récit est une autobiographie imaginaire qui part d'une histoire vraie. En 1518, un ambassadeur maghrébin revenant d'un pèlerinage à la Mecque est capturé par des pirates siciliens, qui l'offrent en cadeau à Léon X, le grand pape de la Renaissance. Ce voyageur s'appelait Hassan al-Wazzan, il devint le géographe Jean-Léon de Médicis, dit Léon l'Africain.

Sa vie est fascinante, faite de passions, de dangers et d'honneurs, elle est ponctuée par les grands événements de son temps. Il est né en 1488 à Grenade, en Espagne, dans une famille de musulmans aisés. Il assiste en 1492 à la Reconquista de la ville par les Rois Catholiques. Pour fuir l'Inquisition, il se rend avec sa famille à Fès, au Maroc, où il suit des cours de théologie. A 20 ans il s'engage dans la voie de la diplomatie et du commerce et devient un grand voyageur, parcours l'Afrique, de Tombouctou au Caire, et est témoin de la prise de l'Égypte par les Ottomans. De retour d'un pèlerinage à la Mecque il est fait prisonnier et offert en cadeau au pape Léon X qui l'adopte, le baptise et en fait un émissaire papal. A Rome il assiste aux plus belles heures de la Renaissance mais aussi au sac de la ville par les soldats de Charles Quint.
Hassan va connaître tour à tour toutes les conditions, la fortune et la ruine, menant plusieurs vies successives : bourgeois, émigré pauvre, conseiller du sultan, riche négociant, poète de cour, ambassadeur, banni, esclave, protégé du pape Léon de Médicis... Et Hassan le musulman deviendra Léon le catholique, trait d'union entre Orient et Occident, entre Islam et Chrétienté, entre passé et futur.

Le fascinant destin de Léon l'Africain est reconstitué sous la forme d'une longue lettre à son fils, sous la plume colorée, poétique et truffée d'anecdotes d'Amin Maalouf, formidable conteur. Le roman est construit de 40 chapitres d'une dizaine de pages chacun, un chapitre représentant une année de la vie du héros, et chacun dédié, par son titre, à un événement ou à un personnage marquant. Le rythme est donc précipité, effréné même, et j'ai parfois regretté que les événements s'enchaînent si vite et ne soient pas plus approfondis, qu'on ne prenne pas plus de temps, qu'on ne s'attarde pas d'avantage dans les senteurs des souks, les soieries des palais ou l'aridité du désert saharien.

Ce roman, d'une rare densité, est à la fois roman biographique, historique, d'aventure : il est une très agréable source de renseignements sur l'histoire du XVIe siècle, siècle de bouleversements militaires, politiques, religieux et artistiques.

 

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Amin Maalouf, Léon l'Africain, éd. LGF, coll. Le Livre de Poche, 1987, 346 pages, 5,50 €.