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24/11/2011

Au bon roman – Laurence Cossé [2009]

U bon roman, Laurence CosséIvan travaille dans une librairie-papèterie et a décidé de n'y vendre que les livres qu'il aime. Il y rencontre Francesca, une fortunée mélancolique qui adore la littérature. Entre les deux, l'entente intellectuelle est immédiate et parfaite : ils décident d'ouvrir une librairie spécialisée, "Au bon roman", qui ne vendra, comme son nom l'indique, que des "bons" romans, romans sélectionnés par un comité de huit auteurs contemporains soigneusement sélectionnés et dont les noms sont tenus secrets. Mais un jour, les membres du comité subissent des menaces et agressions...

On comprend vite que la fantaisie policière dissimule une réflexion tant économique qu'éthique sur la littérature et la commercialisation des biens culturels. En effet, en ouvrant une librairie qui ne vendrait que de "bons" romans (« l'important n'est pas que nous ayons tous les bons romans, mais que nous n'ayons que des bons romans »), Ivan et Francesca bouscule le lecteur, l'interroge : Qu'est-ce qu'un bon roman ? Tout est là, dans cette appréciation subjective. Les goûts se discutent-ils ? Préférer, est-ce exclure ? A quoi sert la littérature ?

En ayant pour ambition de sortir la littérature de la sphère commerciale, la librairie "Au bon roman" fait œuvre de résistance face à une littérature contemporaine gangrénée par la course à la rentabilité : « Nous n'avons que faire des livres insignifiants, des livres creux, des livres faits pour plaire. Nous ne voulons pas de ces livres bâclés, écrits à la va-vite, allez, finissez-moi ça pour juillet, en septembre je vous le lance comme il faut et on en vend cent mille, c'est plié. »

Le succès de la librairie est immédiat, mais son parti pris subjectif ne laisse pas indifférent et bientôt la riposte s'organise : ses détracteurs lui reprochent d'être réactionnaire, la taxe d'élitisme, et opposent à son concept la défense de la diversité et du libre choix...

Au bon roman tient à la fois du policier, de l'histoire d'amour et de la fable. Et si l'intrigue policière s'avère un peu faiblarde et l'intrigue amoureuse assez superficielle, reste un intéressant questionnement sur la place de la littérature, ainsi qu'un un bel hommage au livre et une mine d'informations et de références pour tous les amoureux du roman. A lire avec stylo et carnet à portée de main !

« De toutes les fonctions de la littérature, vous me confirmez qu'une des plus heureuses et de faire se reconnaître et se parler des gens faits pour s'entendre. »

« Nous voulons des livres nécessaires […]. Nous n'avons que faire des livres insignifiants, des livres creux, des livres faits pour plaire. […] Nous voulons des livres écrits pour nous qui doutons de tout, qui pleurons pour un rien, qui sursautons au moindre bruit derrière nous. […] Nous voulons des livres splendides qui nous plongent dans la splendeur du réel et qui nous y tiennent ; des livres qui nous prouvent que l'amour est à l'œuvre dans le monde à côté du mal, tout contre, parfois indistinctement, et le sera toujours comme toujours la souffrance déchirera les cœurs. Nous voulons des romans bons. »

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e%2030.gif Laurence Cossé, Au bon roman, éd. Gallimard, coll. Blanche, 2009, 496 pages, 22 €.

Commentaires

Les avis sont assez partagés sur ce roman, j'ai noté déjà, mais je ne sais pas quand viendra le grand jour! :)

Écrit par : Jules | 24/11/2011

@ Jules : ce n'est pas un "grand" roman, mais un livre bien sympathique toutefois. Et tout "gros" lecteur s'y reconnaît un peu je pense...

Écrit par : BlueGrey | 25/11/2011

En être faible et influençable que je suis, j'ai acheté ce roman à sa sortie quand il était encensé par la blogo.
Et puis, après avoir succombé à l'achat (quasi compulsif), je me suis dit que cette unanimité était certainement suspecte. Effectivement, au fil du temps, quelques réserves se sont fait entendre ici et là...
Résultat, il trône dans ma PAL depuis près de deux ans, tellement je crains la douche froide.
Ton billet plus nuancé me dit que je pourrais malgré tout y trouver un certain plaisir. Ça me rassure :-)

Écrit par : In Cold Blog | 25/11/2011

J'ai aimé cette lecture, même si la fin (d'après mes souvenirs) n'est pas à la hauteur du reste. Finalement après un an, je ne me souviens que de la réflexion sur la littérature et de cette fin gâchée.

Écrit par : Leiloona | 27/11/2011

Je suis moi aussi contente d'un billet tout en nuance et je pense fidèle au contenu de ce roman qui est dans ma PAL.

Écrit par : Manu | 28/11/2011

@ In Cold Blog : Comme toi, j'ai tendance à me méfier des livres par trop encensés, j'ai toujours peur d'en être déçue. Ce qui explique que je n'avais toujours pas lu ce roman-là. Mais finalement, sans être un coup de cœur, j'ai pris du plaisir à cette lecture. Et je pense que tout amoureux des livres peut y trouver son compte. N'hésite donc plus à l'ouvrir ! ;)

@ Leiloona : quelques semaines après ma lecture, c'est aussi le souvenir qu'il m'en reste : une fin bâclée mais une jolie réflexion sur la littérature et ses enjeux.

@ Manu : j'essaie toujours d'être le plus possible "honnête" dans mes avis, tant sur mon ressenti personnel que sur le roman lui-même... Je crois y être parvenue concernant ce livre-là.

Écrit par : BlueGrey | 30/11/2011

J'hésite à lire ce livre...

Écrit par : Marie | 03/12/2011

@ Marie : franchement, sans être le livre de l'année, c'est un roman agréable à lire et qui soulève des questions intéressantes.

Écrit par : BlueGrey | 08/12/2011

Il faut absolument lire dans ce roman la "lettre (ouverte) de Francesca",qui est un superbe hymne à la littérature !

Écrit par : jean | 25/03/2012

@ jean : tout à fait ! Ce passage est un vrai manifeste !

Écrit par : BlueGrey | 26/03/2012

Les commentaires sont fermés.