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09/09/2010

Nagasaki – Eric Faye [2010]

Nagasaki.gifCinquantenaire célibataire à la vie sans aspérités ni éclats, Shimara-San constate de minuscules changements dans son logis : des objets très légèrement déplacés en son absence, des aliments qui disparaissent de son réfrigérateur... à peine de quoi attirer son attention, mais suffisamment pour qu'insidieusement un doute s'installe dans son esprit. Shimara-San redouble alors de vigilance et installe une webcam dans sa cuisine pour pouvoir la surveiller de son bureau, à la station météo locale. Il découvre alors qu'en son absence une femme habite, littéralement, chez lui, et ce depuis presque un an ! La police interviendra, bien sûr, puis il y aura, inévitablement, un procès...

D'un fait divers paru dans un quotidien de Nagasaki, Eric Faye à fait un court roman qui, plutôt qu'à l'étrangeté fantastique de l'évènement (dont le mystère est levé dès les premières pages, dommage) s'intéresse aux personnages, à leurs failles. En effet cet homme et cette femme qui occupe le même logis, l'un en propriétaire, l'autre en clandestine, mais qui s'ignorent, s'avèrent étrangement semblables, bien plus proches l'un de l'autre que l'homme ne voudrait l'admettre : sous l'apparence d'une vie simple et discrète, même solitude, même détresse qui se tait.

L'auteur à donc pris le parti d'évincer la dimension fantastique du récit pour se consacrer à la psychologie des personnages. Malheureusement celle-ci reste très superficielle. En effet, exprimer le sentiment d'intrusion, presque de viol, ressenti par l'homme, tient de l'évidence. Quant au parallèle établi entre l'homme et l'intruse, il aurait pu être intéressant s'il avait été réellement développé et pas simplement décrété. Il est dommage d'ainsi sous-exploiter une intrigue potentiellement riche ! De plus le style improbable, un mélange d'épure japonaise, d'oralité et de lourdeur syntaxique, s'avère trop décousu pour être plaisant. Enfin le retournement final est totalement stérile ; il n'apporte absolument rien au récit, et au lecteur, juste un peu plus d'exaspération.

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e%2020.gif Eric Faye, Nagasaki, éd. Stock, coll. La Bleue, 2010, 112 pages, 13 €.